26 Mai 2019
A la veille des élections européennes, rarement la gauche n’a été en aussi mauvais état. Les logiques d’affirmation des "identités" partisanes qui ont pris le dessus se sont combinées avec l’incapacité à proposer une perspective d’espoir.
La conséquence est un poids dramatiquement réduit de la gauche dans la vie politique.
Sortir de la spirale de l’éclatement, refonder une perspective d’espoir pour le XXIème siècle : voilà l’urgence.
C’est d’autant plus nécessaire que le petit monde qui dirige l’Union européenne sous l’autorité des gouvernements est glaçant : une seule discipline économique, une seule politique de plus en plus autoritaire. Pas de choix démocratique possible contre les traités, a dit le Président de la Commission. Résultats : la tragédie grecque, l’explosion du Brexit, les milliers de morts en Méditerranée, la montée des inégalités, le chômage et la misère, la poussée des nationalismes et de l’extrême droite avec des discours simplistes basés sur le mensonge, la haine et le rejet de l’autre.
Pourquoi choisir les uns plus que les autres, se demandent nombre d’électeurs et d’électrices ? En effet, plusieurs listes à gauche combattent la dérive ultra-libérale de l’Union européenne avec des arguments convergents. La tentation de l’abstention, qu’il faut combattre, est plus forte que jamais.
Alors que les aspirations sociales, écologiques et démocratiques n’ont jamais été aussi fortes, la Gauche s’est révélée incapable d’élargir son audience et de proposer une alternative politique crédible. De plus, nous assistons à un éclatement politique total. Et pourtant, nos forces militantes agissent souvent en commun. Et plusieurs élu·es travaillent ensemble au Parlement européen ! Pour beaucoup de nos concitoyen·es, le mot même de gauche a perdu son sens après que des gouvernements s’en réclamant ont mis en œuvre des politiques néolibérales et autoritaires.
Un mouvement social qui appelle à faire du neuf et à converger
En France, la campagne électorale se déroule alors que le pays est secoué par un mouvement social qui a fait vaciller les institutions, le gouvernement et le Président de la République. Le mouvement des Gilets jaunes a fait trébucher Macron sur sa base électorale étroite de 2017. Va-t-on le laisser se relever et continuer sa révolution ultralibérale, en réalité un capitalisme très autoritaire ?
Cette convergence d’action est encore plus nécessaire avec l’irruption de mobilisations de centaines de milliers de personnes sur l’urgence climatique. Les gouvernants européens font semblant de saluer ces mobilisations alors qu’ils ne remplissent même pas les engagements de l’Accord de Paris.
De même, de plus en plus de citoyen·nes et de villes sont solidaires et se lèvent aux côtés des migrant·es et des réfugié·es pour dénoncer la carence des États et leurs politiques racistes, fermant les portes aux plus vulnérables.
Les femmes, plus de la moitié de la population, ont déclenché une révolution internationale des rapports de domination trop souvent tolérés, et considérés comme naturels.
Les salarié·es font preuve d’imagination contre le travail surexploité, ubérisé, prescrit et subordonné, l’automatisation, les fermetures d’entreprises.
De nouvelles formes d’antiracisme se développent.
Progressisme/nationalisme : le faux duel
La droite macronienne essaie d’installer en France un faux duel entre progressisme et nationalisme. En réalité ce qui se profile est une défaite morale et politique devant le danger de la droite extrême, sous toutes ses formes, qui gangrène les sociétés.
Construire une alternative pour le XXIe siècle suppose de rompre avec toutes les politiques néolibérales, quels que soient les gouvernements qui les ont portées. Et, de ce point de vue, le bilan de la gauche qui a gouverné est lourd. Mais ce n’est pas suffisant car il y a aussi échec à faire vivre un nouvel imaginaire émancipateur.
Le pays est assez riche pour réaliser d’autres politiques. C’est ce qu’ont montré les luttes de 2016 contre la loi Travail « et son monde », celles pour défendre la SNCF…, et bien d’autres moins spectaculaires. Les Gilets jaunes posent aujourd’hui des urgences dont les réponses ne peuvent attendre ; de même que les enseignant·es, les parents, la jeunesse, les retraité·es.
Les mobilisations populaires sont plurielles, et produisent du sens politique. Osons associer la politique issue des luttes avec l’expérience revisitée des forces et mouvements politiques dans leur diversité et richesse.
Construisons !
L’espérance d’émancipation vient de loin, des grandes révolutions populaires, des expériences du salariat et des luttes sociales entrecroisées. Elle vit toujours. Intégrons les données nouvelles de notre temps. Un sursaut général est indispensable.
Même si nous soutenons des listes différentes pour les élections européennes, nous proposons de construire du commun pour l’émancipation collective. C’est un chantier où toutes les bonnes volontés sont requises. La lutte des classes n’a pas disparu, ni le clivage gauche/droite. Les rapports de domination sociale, de sexe et d’origine se combinent avec l’exploitation économique. L’imaginaire écologiste doit imprégner les luttes sociales et inversement. La demande démocratique grandit partout, contre un pouvoir autoritaire et violent. La gauche n’est pas un acquis qu’il suffit d’afficher. Son sens a été dévoyé. Il faut la reconstruire dans les luttes, la refonder.
Dès à présent, beaucoup de luttes, de questions et de propositions nous rassemblent :
Le temps presse.
Débattons ensemble de toutes les questions à venir sans tabous et préparons l’alternative majoritaire.
Nos luttes méritent de trouver une issue politique.
Nous n’avons plus de temps à perdre. C’est maintenant ! Retrouvons-nous vite en juin pour entamer ce processus de reconstruction.
Premiers signataires :
René Agarrat, citoyen militant réinventer la gauche Marseille
Pouria Amirshahi, Président de Politis
Gérard Aschieri, syndicaliste
Lucien Angeletti, consultant, PCF (69)
Janie Arnéguy, conseillère municipale, Nimes
Gérard Aschieri, syndicaliste
Karim Aou, collectif national de Générations.s
Etienne Balibar, philosophe
Johne Barzman, professeur d’histoire émérite, Le Havre
Fatima Benomar, militante féministe
Jean-Paul Beauquier, syndicaliste FSU, 13
Nicolas Béniès, économiste
Jean-Yves Billoré-Tennah, Maire de Tôtes (76), Génération.s, Candidat sur la liste du Printemps Européen
Laurence Boffet, conseillère d’arrondissement Lyon 1er- Ensemble !
Alima Boumediene Théry, avocate, parlementaire honoraire
Jean-Claude Branchereau, syndicaliste
Patrick Brody, syndicaliste
Michel Cahen, directeur de recherche CNRS, Bordeaux
Martine Chantecaille, professeur de philosophie, conseillère municipale à la Roche sur Yon
Jean Combasteil, ancien député et ancien maire de Tulle
François Caussarieu, Ensemble! Pau
Pierre Cours-Salies, sociologue, Ensemble ! 93
Armand Creus, Ensemble ! Lyon
Christophe Delecourt, syndicaliste
Gilles Desseigne, syndicaliste
Jean-Pierre Dubois, professeur de droit public,
François Dubreuil, EELV, Unis pour le climat
Yann Dufour, inspecteur du travail, syndicaliste CGT, 69.
Gilbert Dumas, responsable syndical retraités (69)
Olivier Dupuis, syndicaliste
Michèle Ernis, Conseillère municipale Saint-Etienne du Rouvray- Ensemble !
Emile Fabrol, NPA
Eric Favey, militant de l’éducation populaire
Gérard Filoche, GDS
Olivier Frachon, cadre
Jean Gatel, ancien ministre
Frédéric Genevée, historien
Christakis Georgiou, chercheur en études européennes, Université de Genève
Karl Ghazi, syndicaliste
Jean-Marie Harribey, économisteSophia Hocini Boukaouma, écrivaine, candidate sur la liste Europe des Gens/ PCF responsable des partenariatsà la ZEP
Pierre Khalfa, économiste
Pablo Krasnopolski, militant syndical et antiraciste.
Jean-Yves Lalanne, maire de Billère (64), GDS
Jacques Lerichomme, syndicaliste
Thierry Lescant, syndicaliste, féministe
Brigitte Lopez, syndicaliste, 33
Jean-Claude Mamet, militant d’Ensemble !
Philippe Marlière, politiste
Georges Martel, secrétaire général Cap à Gauche 19 - sec adj C6R - Animateur Cercle Jean Poperen
Christiane Marty, chercheuse
Gus Massiah, économiste, altermondialiste
Sylvie Massini, cadre territoriale, 13
Anne Mejias de Haro, syndicaliste
Jean Philippe Milesy, militant de l'économie sociale
Franck Mouly, PCF
David Nakache, Président de Tous citoyens (Nice)
Willy Pelletier, sociologue
Gérard Perrier, syndicaliste, club Réinventer la Gauche (Marseille)
Barbara Romagnan, enseignante, Génération.s
Jacques Rigaudiat, économiste
Suzy Rojtman, militante féministe
André Rosevègue, militant anticolonialiste et antiraciste (33)
Christian Salmon, écrivain
Claude Touchefeu, conseillère municipale et communautaire de Toulouse
José Tovar, syndicaliste enseignantEric Thouzeau, conseiller régional GDS des Pays de la Loire
Stéphanie Treillet, économiste, militante féministe.
Aurélie Trouvé, altermondialiste
Marie-Christine Vergiat, députée européenne sortante, Gauche Unie Européenne
Jérôme Vérité, Syndicaliste Transports, candidat sur la liste Génération.s
Denis Vicherat, éditeur, Les Editions Utopia
Patrick Viveret, philosophe, militant associatif