Une exposition réunit des projets d’extension de l’habitat individuel
EXPOSITION
Un peu partout en Ile-de-France, des quartiers sont rasés au profit d’opérations immobilières. Le mouvement est puissant. Renchérissement du coût du logement dans la capitale, développement spéculatif de l’immobilier dans le cadre du Grand Paris, vieillissement et paupérisation des propriétaires de maisons individuelles, rien ou presque ne vient le contrer. Le secteur pavillonnaire en est la première victime. Ciment de la banlieue française, ce tissu urbain, qui représente 80 % de l’espace de l’habitat en Ile-de-France, est menacé de disparition. Il est au cœur d’une exposition présentée à Paris, au Pavillon de l’Arsenal.
Soucieux de préserver ce patrimoine, qui serait aussi un ferment de cohésion sociale, deux jeunes architectes urbanistes, Benjamin Aubry et Erwan Bonduelle, et un ingénieur centralien spécialisé dans l’immobilier, Yves Lesteven, ont conçu le projet Iudo. L’idée consiste à s’allier avec les propriétaires désireux de valoriser leur bien et d’en tirer une source de revenu pour les aider à le transformer. Il s’agit de densifier ce tissu pavillonnaire de manière douce, en le faisant évoluer vers des formes d’habitat davantage en phase avec les modes de vie contemporains – mixtes, partagés, intergénérationnels…
L’idée, très gagnant-gagnant, de cette start-up, consiste à exploiter les surfaces de jardin excédentaires des propriétaires. Au sein d’une population majoritairement composée de baby-boomeurs à la retraite, nombreux sont ceux qui aimeraient voir dans leur pavillon une ressource financière. En les incitant à en reprogrammer les espaces avec le concours d’un architecte, Iudo promet de rénover leur bien par la même occasion, y compris sur le plan énergétique.
Huit candidats retenus
Lauréate du programme Faire, « accélérateur de projets urbains » soutenu par la Mairie de Paris et le Pavillon de l’Arsenal, l’initiative a séduit la mairie d’Arcueil (Val-de-Marne), qui en a fait la publicité, et les candidats se sont bousculés. Huit d’entre eux ont été retenus. Les projets de transformation de leurs pavillons sont présentés dans l’exposition. Selon les besoins de chacun, les configurations spécifiques de leur propriété, l’équipe les a aidés à faire naître un projet et les accompagne dans sa mise en œuvre.
Ici, une femme proche de la retraite, qui s’attend à une diminution de ses revenus, envisage de démolir son garage, de construire une surélévation, pour intégrer deux chambres d’étudiants et des espaces de vie commune (architecte : Emma Saintonge) ; là, une professeure de musique, bientôt retraitée également, imagine transformer sa maison en résidence pour musiciens et en construire une autre pour elle, au fond de son jardin (architecte Tanya Klyne) ; là encore, un couple âgé qui veut reconfigurer sa propriété autour d’une surélévation, qui permettra d’accueillir des locataires, et d’une cour comprenant une cuisine d’été et autres programmes collectifs (architectes : Septembre). Autant de manières de réinventer la vie collective, mais à une échelle intime.
Transformations pavillonnaires. Pavillon de l’Arsenal, 21, bd Morland, Paris 4e. Du mardi au dimanche de 11 heures à 19 heures. Entrée libre. Jusqu’au 10 février.