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Pierre Mansat et les Alternatives

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A l'occasion de son départ de la mairie de Paris, Itv de Pierre Mansat sur GPMetropole.fr

crédit : Philippe Serieys/gpmetropole

crédit : Philippe Serieys/gpmetropole

ITV par Olivier Delahaye

INTERVIEW. Conseiller de Paris depuis 2001, en charge des relations avec les collectivités franciliennes sous la mandature de Bertrand Delanoë, puis nommé Inspecteur général de la Ville de Paris chargé d’une mission sur le Grand Paris sous celle d’Anne Hidalgo, Pierre Mansat quitte ses fonctions à la fin de l’année 2018. L’occasion de faire avec lui un bilan. Première Partie : la Métropole du Grand Paris.

La Métropole du Grand Paris (MGP) va bientôt fêter ses trois ans. Comment voyez-vous cette période ?

Elle a d’abord le mérite d’exister. Ce n’est pas une institution politique parfaite, mais elle représente un pas important fait dans le bon sens. Jusqu’au début des années 2000, nous étions, du point de vue politique, dans une situation ante-métropolitaine, nous n’avions pas pris conscience de cette réalité. Les années 2001-2015 ont permis de faire progresser cette vision, aboutissant sur une Métropole qui est le fruit de plusieurs philosophies. Ce qui est important, c’est que les gens se parlent. Des enjeux communs ont pu ainsi émerger, comme la transition écologique. Le vote de la zone à faible émission est, par exemple, une décision étonnante pour des communes qui, il y a encore dix ans, défendaient le tout routier.

Maintenant, il faut franchir de nouvelles étapes, notamment celle d’une équité des ressources. Nous sommes dans une situation un peu invraisemblable. Les droits de mutation représentent 1,4 milliard d’euros pour Paris et entre 170 et 180 millions d’euros pour la Seine–Saint-Denis. Quelque chose ne va pas. Et le rééquilibrage territorial ne relève pas uniquement de politiques locales. Il suffit de lire le rapport parlementaire sur l’évaluation de l’action de l’État en Seine–Saint-Denis : les moyens qui lui sont attribués sont inférieurs à ce qui se fait partout ailleurs.

Le risque est-il grand que la MGP disparaisse ?

Le risque existe oui, alors qu’au contraire il faudrait inventer un système de gouvernance adapté, ce qui est très compliqué. Aucune métropole dans le monde n’y parvient. Madrid, un peu, mais elle est en conflit permanent avec sa région. New York n’a pas de système non plus. Quant au Grand Londres, ses conflits se situent au niveau des boroughs. La difficulté de trouver un système provient du fait que l’on pense la métropole comme un territoire alors que ce sont plutôt des flux, des échanges, des systèmes d’interférence. Trouver la bonne échelle est ridicule, cela dépend de quoi on parle. Si on parle de logistique, on voit bien que la métropole ne se réduit pas à son agglomération.

Il faudrait une réforme institutionnelle pour transformer la MGP. Or, le président de la République, Emmanuel Macron, n’en fera pas. Même s’il en avait envie, il n’en a plus le temps. Les élections municipales se dérouleront en 2020 et le Conseil constitutionnel réclame un an minimum pour transformer un mode de scrutin. Nous sommes en décembre, il n’y a aucune chance qu’une loi passe dans les temps, surtout au vu du contexte actuel. En revanche, il est à craindre un retour en arrière vers un simple syndicat mixte métropolitain, à l’image de ce qu’ont demandé des élus à Jacqueline Gouraud, la ministre de la Cohésion des territoires. Ce serait un recul de la conscience métropolitaine. Aucun syndicat mixte ne peut mener des politiques aussi importantes que celles qui touchent à la construction de logements, à la transition écologique ou aux rééquilibrages financiers entre les territoires.

Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas fait cette réforme institutionnelle promise depuis un an et demi ?

De ce que je comprends, ils ont vraiment cherché. Le préfet Michel Cadot a vraiment essayé d’élaborer des solutions institutionnelles. Emmanuel Macron voulait en faire son affaire. C’est en tout cas ainsi qu’il avait exprimé durant la campagne électorale de la présidentielle. Outre la difficulté de trouver des solutions, son action politique s’est aussi tournée vers d’autres enjeux. S’en est-il désintéressé ? Le fait est que, sur le rapport de Roland Castro qui lui a été remis au mois de septembre, il n’a, à ce jour, toujours pas livré une seule parole publique. Aujourd’hui, le sujet du Grand Paris semble s’être dilué entre l’Élysée, Matignon et le ministère concerné, sans que l’on sache s’il existe un point de vue partagé.

La MGP s’est construite sur la crise du logement. A-t-elle échoué jusqu’ici ?

C’était fondamental dans les années 2010, c’était la clef de voute de sa construction. Nous sommes toujours dans cette crise, avec des centaines de milliers de demandeurs, avec un logement social très inégalement réparti sur les territoires et avec la nécessité de penser les parcours résidentiels La MGP s’est dotée d’un plan de l’habitat et de l’hébergement, on a vu des progrès importants en la matière, et 2019 sera une année charnière puisque c’est l’année au cours de laquelle vont débuter les transferts de finances pour le logement social ; ce qui risque de compliquer un peu les choses…

Où en est le projet métropolitain ?

J’ai longtemps porté cette nécessité, sur laquelle on n’a jamais réussi à enclencher le débat dans les années 2000. Le 12 novembre, au conseil métropolitain, a été présenté le premier textequi doit servir de débat à l’élaboration du schéma de cohérence territoriale ; le projet métropolitain étant l’appellation grand public du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) qui est le premier geste du SCOT. Ce premier texte est plutôt intéressant, même si on reste loin du compte. Si bien qu’on peut se poser la question de savoir s’il faut un projet métropolitain. Est-ce qu’il ne s’agirait pas plutôt de trouver une convergence des projets portés par les collectivités locales.

Si la MGP devait perdurer, comment voyez-vous son évolution ?

De toute façon, la construction métropolitaine est un processus très long. Si on prend le cas de Lyon, cela fait 50 ans. Il n’empêche : en région parisienne, il faudrait accélérer le processus. On produit des richesses, mais on ne crée pas d’emploi, en tout cas pas de façon équivalente. On ne dit jamais assez que le PIB de l’Île-de-France représente 670 milliards d’euros. C’est plus que la Belgique, plus que l’Argentine, plus que la Suède. C’est colossal. Et cette richesse produit des inégalités qui se creusent. Dans tous ses paramètres sociaux, la Seine–Saint-Denis s’enfonce. C’est à ce défi que doit s’atteler la MGP. Personnellement, je n’ai pas de formule, mais je vais donner un coup de main à Jean-Louis Missika (adjoint à la Maire de Paris, en charge du Grand Paris, NDLR) qui souhaite mettre en place quelque chose sur le modèle de la COP21 en rassemblant acteurs économiques, sociaux et politiques pour déterminer quelle forme institutionnelle devrait émerger. S’il n’y a pas d’évolution institutionnelle prévue du côté du gouvernement, il ne peut pourtant pas ne rien se passer. Nous n’avons pas 50 ans devant nous ; logement, pollution, développement économique, transports, ressources, tout est assez urgent. Il existe une grande souffrance dans cette métropole.

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