7 Décembre 2018
Paris le 6 décembre 2018
Je ressens la nécessité de vous dire pourquoi j'ai souhaité vous réunir : de toute évidence dans un but thérapeutique parce qu’il n’est pas évident du tout de quitter la sphère publique même si je souhaite ne pas m'en éloigner c'est quand même un changement radical alors j'avais envie de ce moment assez unique où on peut réunir celles et ceux qui ont joué un rôle important dans une vie.
On peut le faire à l’occasion d’une remise de médaille, bon on ça a déjà été fait, et puis ça se fait pour son enterrement mais de toute évidence en peut pas vraiment profiter.
Pour ce discours la pression a été forte : il faut que tu nous fasses marrer, il faut tu nous dises ce que tu penses du Grand Paris, quelqu’un m’a dit « donnes ton sentiment sur les gilets jaunes » !!
Je ne vais pas faire ça, il y a une vie avant le Grand Paris, même si pour beaucoup d’entre nous, nous sommes rencontré autour de ce sujet. Il y a une vie avant ça, même si je suis devenu monomaniaque ces dernières années.
Et là je commencerais par une anecdote : il y a quelques semaines je me suis rendu à Montluçon avec l'ami Martin Vanier, Montluçon sous-préfecture de l’Allier, ville en crise, ou j’ai passé ma jeunesse. Je n’y avait pas remis les pieds depuis le décès de ma maman en 2010. Nous avions rendez-vous avec des élus communistes au siège de la fédération de l'Allier du parti communiste et là j’ai épaté tout le monde : ce bâtiment a été inauguré en 1962 par Maurice Thorez, et bien j’y étais ! Avec ma mère et un voisin, René et je me souviens qu’en repartant un type nous a crié « à Moscou les cocos ». J’avais 7 ans.
Tout commence là, un engagement de toute une vie autour du communisme. L’effort pour donner du sens à ma vie.
Le Grand Paris est venu beaucoup plus tard, et ça je vais le raconter dans un bouquin écrit avec l’aide de Christian et Carmen.
Pour continuer ce discours qui doit être court et percutant j’aurais pu choisir la méthode « Daniel Guiraud, maire des Lilas qui appelle tout le monde par son nom a la cérémonie des vœux, bon complètement inadapté, alors j'ai choisi une autre méthode celle de François Hollande, ne rigolez pas !, je vais m'essayer à l'anaphore. Et ce ne sera pas dans un ordre protocolaire.
>Je suis reconnaissant bien sûr à toute ma famille, Evelyne, Eva, Eléna, la petite Bianca, leurs compagnons, les cousins, la très proche comme la plus éloignée, qui a soutenu parfois – parfois dans des difficultés- cet engagement de toute une vie, reconnaissant de l'avoir accompagné compris et partagé , reconnaissant à tous mes amis je pense surtout à ceux venus de Montluçon et de Nîmes avec une pensée très forte pour Michel Bouget qui nous manque cruellement.
>Je suis reconnaissant, et ils sont peu nombreux aux anciens du centre de tri postal de la Gare Saint-Lazare avec lesquels j'ai partagé la solidarité ouvrière, les luttes revendicatives, les combats syndicaux pendant une quinzaine d'années. J’ai d’ailleurs commencé ma carrière de postier par une grève de 43 jours a l’automne 74 .
>Je suis infiniment reconnaissant à toutes les militantes communistes, les militants communistes avec qui nous avons tant partagé, a la Jeunesse communiste de Montluçon, à Clermont-Ferrand et puis à Paris dans le 17e , le 8eme, et le 20e .Je n’ai pas les mots pour dire cette espérance incroyable chevillée au corps et ces militants qui donne tout ce qu'ils peuvent pour cette espérance deviennent réalité tout au moins que leur vie soit consacrée à ce combat ; et dans des difficultés politiques considérables, je n'ai connu au parti communiste que son affaiblissement .
Pourtant !! Permettez-moi une courte citation « Zizek ; dans l’actualité du manifeste du parti communiste » Manifeste que vous avez certainement tous lus N’est ce pas Patrick ?
Alors que faire ? Faut-il ranger le manifeste du parti communiste parmi les documents qui jettent un regard éclairant sur le passé, et rien de plus ? Dans un paradoxe proprement dialectique, même les impasses et les échecs du communisme du XXe siècle, qui était clairement fondée sur les limites du manifeste, témoignent de l’actualité de ce texte : la solution marxiste classique a échoué, mais le problème demeure. Le communisme aujourd’hui, n’est pas le nom d’une solution mais celui d’un problème, le problème des communs dans toutes leurs dimensions : les communs de la nature comme substance de notre existence, les communs biogénétiques, nos communs culturels(« la propriété intellectuelle »), et, last but not least, les communs comme espace universel de l’humanité, un espace dont personnes devrait être exclu. Quelle que soit la solution, ce il faudra que soit traités ces problèmes.
» C’est bon ça, Pierre ? Pierre Laurent.
>Je suis reconnaissant à toutes celles et tous ceux qui m'ont sensibilisé, convaincu, expliqué, montré le chemin pour m'engager dans des combats multiples comme celui des sans-papiers , contre le mal logement avec le campement de la Place de la Réunion et la création du DAL, contre l’insalubrité, contre le saturnisme avec l'association de victimes du saturnisme , la coordination logement du XXe, la Bellevilleuse qui a empêché la destruction de Belleville , avec les résidents du foyer Bisson, des habitants de la cité des Fougères pour la reconstruction sur place . Combats annonciateurs de la victoire de la gauche à Paris.
> Je suis reconnaissant à celles et ceux qui depuis des dizaines d'années combattent pour la libération de Mumia Abou Jamal et pour les prisonnières politiques américaines complètement oubliées des médias ; à Josette Audin, Pierre et Michèle qui depuis 60 ans n’ont pas baissé les bras. Je leur suis reconnaissant d’être ainsi des exemples de cette ténacité nécessaire à la dureté des combats. Même s’ils ne sont pas d’accord avec cette formule. A ceux qui m’ont incité à jouer un rôle dans la protection de l’eau bien commun de l’humanité. A ceux qui m’ont fait découvrir dans les années 90 le budget participatif de Porto Alegre, avec le réseau Démocratiser radicalement la démocratie.
> Je suis reconnaissant _ infiniment_ à Bertrand Delanoë de m'avoir accordé une telle confiance alors qu'il me connaissait peu en 2001 et de m'avoir en quelque sorte, après que nous soyons mis d’accord, donné carte blanche pour développer une politique de main tendue aux Banlieues, de fin de la domination de Paris et d'ainsi d'ouvrir la voie vers la recherche d'autres modes de gouvernement de cette métropole parisienne donc merci Bertrand.
Grace à toi ma vie a changé.
Pas seulement parce que je faisais l’ambassadeur mais aussi parce que j’étais impliqué dans des réalisations très concrètes : la couverture du périph porte des Lilas, le dialogue avec les communes limitrophes pour le tramway des Maréchaux Sud, et génial ! en 2007 le pilotage de l’extension de Velib’ a la banlieue, première concrétisation d’un service métropolitain. Et je suis reconnaissant à celles et ceux qui étaient près de toi pour leur confiance et leur capacité d’écoute, de dialogue : Bernard Gaudillère, Nicolas Revel, Anne de Bayser et bien d’autres.
>Je suis reconnaissant aussi très fortement a tous ceux qui constituaient cette majorité de gauche ou nous devions apprendre des autres pour s’atteler à une tache considérable, redresser Paris ! Et j’ai pu éprouver ce qu’est la gauche, même si aujourd’hui certains contestent cette structuration de la société française. Je suis tres heureux d’en retrouver un certain nombre ce soir.
>Je suis reconnaissant à mes camarades élus communistes, qui s’impliquaient à fond, même s’ils ne se sont pas vraiment intéressés à ce que je faisais à l’exception de ma complice Catherine Gegout. Avec une pensée toute particulière pour Martine Durlach, cette personnalité tellement lumineuse.
>Je suis reconnaissant , terriblement, à tous ceux ce que j'appelle des intellectuels, ces historiennes et historiens, architectes, sociologues, géographes, urbanistes, géographes, philosophes ces politistes, universitaires qui m'ont accompagné d'une façon incroyablement généreuse dès 1999 et qui ont poursuivi tout au long de ces 17 années ce chemin de la construction métropolitaine . Ponctué en 207/2008 par un événement incroyablement stimulant et formateur ; la consultation internationale de l'agglomération parisienne de post- Kyoto : pour la première fois était posée la question de l'avenir d'une grande ville dans les conditions du changement climatique et là pendant 10 ans j'ai côtoyé de façon quasi hebdomadaire les équipes d'architectes-urbanistes et leurs équipes : Christian de Portzamparc, Elizabeth de Portzamparc, Roland Castro, François Leclerc, David Mangin ,Sylvia Casi, Yves Lion,Michel Cantal-Dupart , Antoine Grumbach, TVK, Monique Eleb, Jean Pierre Le Dantec..… Je n’ai pas vu tout le monde pardonnez moi si j’oublie des noms, on les rajoutera au procè-verbal et la formidable équipe de l’Atelier international du Grand Paris.
>Je suis reconnaissant à ces structures, institutions qui m’ont accueilli chaleureusement : Acadie, l’Ecole d’Urbanisme de Paris, l’Institut des Hautes Études de l’Aménagement des Territoires Européens [ IHEDATE], le Réseau International de l’aménagement [ INTA], la Ville en Commun, la fondation Gabriel Péri, les Acteurs du Grand Paris.
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>Je suis reconnaissant à des ministres, attendez avant de râlez pas ! Christian Blanc qui est parmi nous et qui a joué un rôle absolument majeur dans l'avancée du Grand Paris même si on pouvait et on peut n’être pas forcément d'accord avec toutes ses analyses et ses solutions mais il a permis de débloquer radicalement une situation qui aura peut-être mis beaucoup plus de temps à évoluer et puis aussi Maurice Leroy, Momo, qui est retenu à l’Assemblée nationale. Momo qui a permis la loi créant la société du Grand Paris chargé de réaliser le métro du Grand Paris, attendu depuis des dizaines d’années.
>Je suis reconnaissant à tous les élus, les maires, les conseillers généraux, les conseillers régionaux qui ont contribué à la mise en place d'une scène politique tout à fête innovante : la conférence métropolitaine en 2006 devenue Paris Métropole en 2009, et maintenant Forum métropolitain. Avec des équipes militantes formidables, avec Marie Deketelare-Hanna, la première directrice, une défricheuse de la presque première heure. Des élus venus d’horizons politiques différents mais saisissant la main tendue immédiatement. Ils sont presque tous là et se reconnaitront, et ceux nous ont quitté :Claude Dilain, Jack Ralite, Pierre Gosnat, Claude Pernes.
>Je suis très reconnaissant à Anne Hidalgo _ malheureusement retenu par une importante réunion à la Préfecture de Police, avec qui nous avions travaillé en confiance et complémentarité alors qu’elle était adjointe à l’urbanisme, au sein comité de pilotage de la consultation internationale. Anne qui, après 2014 m'a permis de continuer près d'elle le travail engagé depuis 2000. Dans cette période délicate de mise en place de la Métropole du Grand Paris et de sa gouvernance partagée conduite par Patrick Ollier. Et qui avance !!
>Je suis reconnaissant à toutes celles et tous ceux qui ne sont pas sous les feux de l'actualité qui n'ont pas droit aux médias ; les directeurs de cabinet, les collaborateurs de cabinet et puis les fonctionnaires de la Ville de Paris qui ont des capacités d'analyse, d'innovation extrêmement importantes, dont certains se sont emparés tout de suite du sujet que ça soit la direction d’urbanisme, à l'Arsenal, à l’Apur. Administration parisienne qui a énormément évoluée sur ce sujet que ce soit au secrétariat général, comme dans les directions.
A ce moment du discours je fais une entorse à l’anaphore, spéciale dédicace à mon ami Aurélien Rousseau qui des années durant – avant 2001- m’avait m'accompagné dans les hypothèses les plus farfelues sur ces sujets. Et il faut dire que dans les années 2001/2002/2003 selon une expression qui s’est un peu perdue, nous n’avions que notre bite et notre couteau pour défricher le terrain.
Et que sans lui je ne sais pas si j’aurais réussi à avancer.
Le génial Aurélien Rousseau Aurélien parti à l’ENA, revenu pour d’importantes responsabilités à la Ville, reparti pour d’autres horizons qui lui ont fait tutoyer les sommets de l’État, et, après avoir fabriqué des pièces de monnaie, aujourd’hui Directeur de l’Agence régionale de Santé d’Ile de France.
>Je suis reconnaissant à Pascale Thomas secrétaire général de l’Apur , Hugo Bevort, directeur des stratégies au Commissariat à l’égalité des territoires qui ont mis leurs énormes capacité de travail et leur sens politique au service de la cause. A toutes celles et ceux du cabinet et de la direction administrative que nous avions créé, devenue aujourd’hui la très efficace Mission de la Métropole du Grand Paris, sous la houlette de notre génie administratif, Didier Bertrand. Je ne peux les citer tous, mais ceux qui sont partis ont tous réalisé de très beaux parcours, et je n’oublie pas les assistantes et les huissiers qui se mettaient en quatre.
Et depuis 2014 Carole Thibault qui pilote la concertation et la communication sur le Grand Paris.
Et tous ceux qui font vivre cette maison, les chauffeurs, HDV service, les agents de sécurité, le service du Conseil, les bibliothécaires….
>Je suis reconnaissant également aux médias, bon pas les télés ni les radios, à la presse écrite et en ligne, à celles et ceux qui dès 2000 ont percuté et comme les journalistes souffrent parfois, je me dois de les citer : d’abord Guillaume Malaurie rédac chef de ParisObs , le supplément du Nouvel Observateur . Sibylle Vincendon de Libération, qui sait si bien analyser et décrypter ces sujets complexes. Béatrice Jérôme du Monde, Sophie de Ravinel du Figaro, Olivier Mongin directeur d’Esprit, Antoine Loubiere rédac chef d’Urbanisme puis plus tard Samuel Bendeks Objectif Grand Paris, Olivier Delahaye Grand Paris Métropole, Jacques Paquier le journal du Grand Paris. [ il y a a votre disposition 500 exemplaires du dernier numéro avec un excellent interview… de moi] .
>Et je suis reconnaissant à tous ceux qui m’ont invité à parler du Grand Paris, et qui m’ont ainsi ouvert a de multiples expériences étrangères : Barcelone, Rome, Turin, Milan, Bologne, Buenos Aires, Sydney, Bangkok, Tokyo, New York, Madrid.
Voilà, Je n’ai pas échappé au piège de citer des noms, et j’ai oublié de citer de nombreuses institutions,
A toutes et tous un immense merci pour ces rencontres extraordinaires.
Et pour finir, ne craignez rien je ne chanterai pas :
Oui mais !
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare ! à la revanche,
Quand tous les pauvres s'y mettront.
Quand tous les pauvres s'y mettront.