7 Décembre 2018
Le Journal du Grand Paris
Départ de Pierre Mansat : hommages à un père fondateur de la métropole
7 décembre 2018
Pierre Mansat, l’ancien adjoint aux relations avec les collectivités territoriales de Bertrand Delanoë, qui va quitter la mission métropole de la ville de Paris dans quelques jours a reçu, jeudi 6 décembre 2018, des hommages appuyés d’Emmanuel Grégoire et de Bertrand Delanoë, avant de se livrer lui-même à l’expression panoramique de sa reconnaissance.
Plusieurs hommages ont été rendus à Pierre Mansat jeudi 6 décembre 2018, devant des centaines de proches, amis, anciens compagnons de route, mais aussi d’élus et d’acteurs multiples du Grand Paris. Emmanuel Grégoire représentait la maire de Paris, retenue, comme les maires d’arrondissement, à la préfecture pour une réunion de préparation des manifestations de gilets jaunes prévues samedi 8 décembre.
Le 1er adjoint d’Anne Hidalgo a retracé le parcours de l’ancien adjoint de Bertrand Delanoë aux relations avec les collectivités territoriales. « Nous disons aujourd’hui au revoir à un père fondateur de la métropole. Nul doute que si tu ne l’avais pas désirée, préparée, soutenue avec ton énergie, la construction de cette métropole aurait été probablement plus chaotique, plus difficile et incontestablement plus longue », a-t-il fait valoir.
« Si je ne parle plus, parler à ce moment de ton parcours était pour moi une évidence, a déclaré Bertrand Delanoë. Tu as été celui avec lequel nous avons pu mettre un terme à des décennies peut-être des siècles de fracture, pas seulement d’ignorance, entre Paris et ses voisins ». « Pierre portait une vision, portait une conviction, portait du sens que je partageais », a souligné l’ancien maire de Paris.
Bertrand Delanoë a notamment rendu hommage à son engagement en faveur de Maurice Audin, militant de l’indépendance algérienne, membre du parti communiste algérien, disparu en 1957 après son arrestation, rappelant que le président Emmanuel Macron a reconnu officiellement, le 13 septembre 2018, les responsabilités de l’État français et de l’armée française dans son assassinat.
Retour en régie de l’eau
« Pierre avait une autre conviction profonde : l’eau est un bien essentiel, il faut le partager avec son voisin et en faire un axe politique au meilleur sens du terme », a également fait valoir Bertrand Delanoë, soulignant que Pierre Mansat figure parmi les élus à l’origine du retour en régie de la gestion de l’eau. Le maire honoraire de Paris a loué « le goût de l’intelligence collective, la générosité, la sensibilité » de son ancien adjoint, son sens de la diplomatie aussi, et « une volonté de tirer tout le monde vers le haut, sur le fond ».
« Ce n’est pas un hasard si en 2008, avec Nicolas Sarkozy, nous t’avons choisi pour présider l’Atelier international du Grand Paris dans un consensus total. » « Celles et ceux qui sont là sont venus, Pierre, parce qu’il t’aime, parce qu’ils ont du respect pour toi, parce qu’ils savent que ton parcours est honorable et beau », a conclu Bertrand Delanoë, enjoignant le destinataire de ces compliments « à éprouver de la fierté et du bonheur face à l’œuvre accomplie au service de l’intérêt général ».
L’anaphore de la reconnaissance
« J’ai souhaité que l’on se retrouve dans un but thérapeutique, a déclaré Pierre Mansat, car ce n’est pas très facile de quitter tout ça, de quitter ce lieu exceptionnel qu’est la mairie de Paris et de quitter la sphère publique, qui est la mienne depuis si longtemps. » « On n’a pas tellement souvent l’occasion de se retrouver à cette échelle-là, a-t-il poursuivi, c’est le cas au moment d’une remise de médaille, ou lors de son enterrement, mais l’on n’en profite pas vraiment dans ce dernier cas », a ajouté le responsable de la mission métropole de la ville de Paris.
« Je vais m’essayer à l’anaphore », a annoncé Pierre Mansat, citant François Hollande, avant de décliner l’expression panoramique de sa reconnaissance.
« Je suis reconnaissant avant tout à ma famille, a commencé l’ancien élu. Je suis reconnaissant aux amis du centre de tri postal de la gare Saint-Lazare, a-t-il poursuivi, auprès de qui j’ai découvert la solidarité ouvrière, les combats revendicatifs, les combats syndicaux. » « Je suis reconnaissant, et cela va au-delà de la reconnaissance, je ne trouve pas les adjectifs, à toutes les militantes, tous les militants communistes avec qui nous avons tant partagé, que ce soit aux Jeunesses communistes de Montluçon, auxquelles j’ai adhéré à 13 ans ½, en août 1968, à Clermont-Ferrand et à Paris, dans des difficultés politiques considérables puisque de toute ma vie, je n’ai connu que l’affaiblissement du parti communiste », a-t-il résumé, en présence de Pierre Laurent.
« Je vais vous parler de l’actualité du manifeste du parti communiste », a déclaré Pierre Mansat, qui a lu des extraits de l’ouvrage de Slavoj Zizek (*) : « La solution marxiste classique a échoué, mais le problème demeure. Le communisme aujourd’hui n’est pas le nom d’une solution mais celui d’un problème. Le problème des communs dans toutes leurs dimensions, des communs de la nature comme substance de notre existence, les communs biogénétiques, nos communs culturels, et last but not least, les communs comme espace universel de l’humanité, un espace dont personne ne devrait être exclu, quelle que soit la solution, il faut bien que soient traités ces problèmes ».
Mumia Abu-Jamal
« Je suis reconnaissant à toutes celles et tous ceux qui m’ont montré le chemin dans des combats multiples », a poursuivi Pierre Mansat, citant la lutte menée avec les sans-papiers, celle contre le mal-logement, la mobilisation contre l’insalubrité, contre le saturnisme, contre la destruction du quartier populaire de Belleville avec la Bellevilleuse ou les actions en faveur des résidents de la cité des Fougères.
« Je suis reconnaissant à ceux qui se battent, plusieurs sont présents ce soir, pour la libération de Mumia Abu-Jamal, prisonnier politique américain, condamné à la prison à vie, a indiqué Pierre Mansat. Je suis reconnaissant infiniment à Bertrand Delanoë de m’avoir accordé une telle confiance », a-t-il souligné, remerciant également Anne Hidalgo de lui avoir permis de poursuivre son engagement pour le Grand Paris au-delà de son mandat municipal. « Grâce à toi Bertrand ma vie a changé, parce que je suis passé d’une position de combat à des réalisations extrêmement concrètes qui amélioraient la vie des gens. »
Pierre Mansat a inclus dans sa reconnaissance de nombreuses personnalités ayant œuvré au sein de la mairie de Paris lors des deux mandats de Bertrand Delanoë, citant Nicolas Revel, Bernard Gaudillère, Aurélien Rousseau, Hugo Bévort, Didier Bertrand ou Anne de Bayser. Enfin, il a dit sa reconnaissance aux élus communistes de l’époque « même si tous ne s’intéressaient pas à ce que je faisais », ainsi qu’à tous ceux « historiennes, historiens, sociologues, géographes, urbanistes, politistes, universitaires, qui ont accompagné ce travail d’une façon incroyablement généreuse ».
Evoquant la consultation internationale pour l’avenir de l’agglomération parisienne post-Kyoto, « ce truc formidable qui s’est un peu perdu en chemin », Pierre Mansat a remercié Christian et Elizabeth de Portzamparc, Roland Castro François Leclercq, David Mangin, Silvia Casi, Yves Lion, Michel Cantal-Dupart, Antoine Grumbach, Trevelo et Viger-Kholer, Monique Eleb et Jean-Pierre Le Dantec, s’excusant, là encore « de ne pouvoir tous les citer ».
« Le Grand Paris avance »
Filant l’anaphore, l’ancien président de l’Atelier international du Grand Paris a dit sa reconnaissance pour l’équipe de l’AIGP, pour la coopérative Acadie, l’Ecole d’urbanisme de Paris, l’Institut des hautes études de développement et d’aménagement du territoire en Europe, de Pierre Veltz, le réseau international de l’aménagement urbain, la ville en commun, la fondation Gabriel Péri ou Acteurs du Grand Paris.
Plusieurs ministres, Christian Blanc, Maurice Leroy, ont également été salués par Pierre Mansat, de même que l’ensemble des élus « qui ont contribué à mettre en place la scène politique innovante que fut la conférence métropolitaine, (actuel Forum métropolitain du Grand Paris) », citant sa première directrice Marie Deketelaere-Hanna ou Philippe Laurent, maire de Sceaux, ancien président du Forum.
Pierre Mansat a rendu enfin un hommage « à la gouvernance partagée de la métropole qu’anime Patrick Ollier, au sein d’un Grand Paris qui avance d’une façon extrêmement sérieuse », incluant à ses remerciements le Pavillon de l’Arsenal, l’Apur, l’administration parisienne dans son ensemble, sans oublier les médias, « pas la télé ou la radio mais ceux qui, au sein de la presse écrite, se sont intéressés dès le début au projet ».
* L’actualité du manifeste du parti communiste, de Slavoj Zizek, 96 pages, octobre 2018, Editions Bayard.