23 Novembre 2018
Un citadin ou une citadine mobile, mais favorable à l’idée de travailler à domicile ou en coworking, un(e) habitant(e) demandeur (euse) de lieux partagés et de solidarité, un(e) amateur (trice) de jardinage et de verdure, un(e) curieux (se), enfin, ouvert(e) sur la culture… Voilà, dans les grandes lignes, le profil du futur Grand Parisien qui se dessine à travers les études sur l’évolution de la métropole dans les 15 prochaines années.
La dernière en date, réalisée par l’agence de publicité BETC en collaboration avec le Parisien, se fonde sur les envies et les craintes des habitants de 27 agglomérations dans le monde pour donner quelques pistes à la métropole du Grand Paris. Intitulée, « Nouvelles villes, nouvelles vies », l’étude fait tout d’abord le constat, implacable, que plus d’un Parisien sur deux souhaite quitter un jour ou l’autre la capitale. Comment faire en sorte qu’ils s’y sentent bien et aient envie d’y rester ?
« En faisant du beau et de l’urbanité », répond Roland Castro. L’architecte, dont le rapport « Du Grand Paris à Paris en grand », commandé par le président de la République, a été rendu public fin septembre, prône « une métropole aux trois mille villages ». « La question de la grande métropole, c’est le sentiment de proximité, d’appartenance, précise Roland Castro. Il faut fabriquer des lieux identitaires, des villages qui prennent la place des pieds de tours de La Défense et servent d’assises au vivre ensemble dans ce Paris en grand de demain ».
Répondre aux attentes des citadins
Au-delà, il s’agit de répondre aux attentes des citadins, particulièrement aux jeunes, ceux qui feront la ville de demain. Ces derniers souhaitent en finir avec les heures perdues dans les transports tout en accédant facilement à des équipements de qualité. En réduisant les temps de trajet et desservant de nouveaux pôles de banlieue, les 200 km circulaires du supermétro devraient répondre en grande partie à cette attente à l’horizon 2030.
Mais la décongestion des transports passe aussi par la limitation de certains déplacements. D’où la multiplication de lieux de coworking et la pratique du télétravail de plus en plus souhaitée par les habitants de banlieue.
Le Grand Parisien a aussi un impératif : se réapproprier la nature. Rien d’étonnant donc à ce que l’agriculture urbaine se développe. Le succès du dispositif Parisculteurs de la mairie de Paris en est une belle illustration. Son objectif : végétaliser, d’ici 2020, 100 ha dans la capitale dont au moins un tiers d’espaces agricoles. Plus de 100 propositions ont été reçues pour les 33 sites, toitures, terrasses mais aussi sous-sols mis à disposition dans le cadre du deuxième appel à projets de cet été.
«Un retour du vivant»
Autre tendance, l’attrait pour les circuits courts. Fruits, légumes, viandes… Les produits franciliens se retrouvent de plus en plus au menu des restaurants et des foyers parisiens, via des structures associatives comme les Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) ou commerciales (à l’image des épiceries Au Bout du champ). « C’est un retour du vivant qui doit s’appuyer sur les nombreuses fermes du territoire et les nouvelles filières agricoles urbaines », analyse Augustin Rosensthiel, architecte commissaire de l’exposition « Capitale agricole » actuellement au pavillon de l’Arsenal à Paris.
Enfin, les jeunes urbains plébiscitent l’humain, le partage et la solidarité. Selon eux, il faut créer de nouvelles communautés, tout en gardant la liberté d’être soi-même. D’où un nouvel engouement pour l’engagement associatif.
Une ville du futur plus belle, verte et solidaire ?… Que demander de mieux ?
Transformer la ville pour transformer la société. C’est la conclusion de l’étude « Nouvelles villes, nouvelles vies » de BETC. L’agence de publicité a interrogé plus de 10 000 personnes dans 27 pays pour comprendre l’évolution du rapport à la ville.
Lieux de tensions, les mégapoles sont aussi de formidables vecteurs du changement, à condition de prendre les bons virages. Ainsi, si Paris est vu comme un tremplin pour les jeunes diplômés, il peine à les garder. « Vivre en ville, analyse Marianne Hurstel, vice-présidente de BETC chargée de la stratégie, c’est opérer un compromis entre contraintes et opportunités : les nuisances, les exclusions géographiques et économiques, mais aussi des dynamiques à fort potentiel. »
Pour Paris, il est indispensable de conserver l’énergie des millennials, nés après 1980. « Plus de la moitié d’entre eux s’accordent à dire qu’ils ont le pouvoir de changer le monde, analyse l’étude. Et 42 % pensent que leur génération va réinventer notre vivre-ensemble. C’est cet élan, cette capacité à être vecteur de changement, qui opérera une mutation radicale de l’espace urbain. » Un cercle vertueux.
50 % des habitants de la métropole parisienne envisagent de la quitter à plus ou moins longue échéance.
37 % des jeunes Parisiens de 18-25 ans seraient prêts à vivre dans un appartement plus petit à condition de disposer d’équipements collectifs de qualité.
52 % des actifs parisiens seraient prêts à réduire leurs ambitions salariales pour avoir la possibilité de travailler depuis chez eux et échapper à la congestion des transports.
33 % de Parisiens font du bénévolat pour une cause qui leur tient à coeur. (Source Cities BETC)