6 Octobre 2018
Jour historique en Seine-Saint-Denis. Les élus de tout le département ont mis de côté leurs étiquettes politiques pour réclamer ensemble l’égalité pour leur département. Embrassade et prise de parole à l’entrée de la bourse du travail, certains cherchent les caméras de l’œil, on se demande qui va distribuer la parole. « On ne veut plus de plan Marshall, mais le droit commun partout et pour tous ! » lance au micro Azzedine Taibi, maire (PC) de Stains, entouré de Sylvine Thomassin, maire (PS) de Bondy et Mohamed Gnabaly, maire (SE) de L’Ile-Saint-Denis.
« Qui l’eût cru, qu’on mènerait un jour, une initiative commune avec Philippe Dallier ? » lance Clémentine Autain, députée (FI), maîtresse de cérémonie de cet appel du 5 octobre 2018. Ce rassemblement, organisé par la députée FI et le sénateur LR, fait suite à lapublication en mai dernier du rapport piloté par les députés François Cornut-Gentille (député LR de Haute-Marne) et Rodrigue Kokouendo (LREM Seine-et-Marne).
Leur évaluation s’est penchée sur l’action de l’Etat dans l’éducation, la police et la justice. Fort de 150 auditions et comparaisons à l’appui, il démontre que la Seine-Saint-Denis et son million et demi d’habitants (sans doute encore davantage puisque 200 000 à 400 000 habitants échappent au décompte de l’Insee) est sous-doté par rapport aux autres départements alors que les besoins y sont plus importants.
La Halde saisie pour discrimination sociale et territoriale en 2009
« On ne passera plus pour des pleureuses puisque ce constat vient de parlementaires extérieurs ! » se réjouit Jean-Christophe Lagarde (UDI), assis à la tribune des parlementaires, rejoints par Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental. Dans la salle, Gilles Poux, maire PC de La Courneuve, rappelle qu’il avait saisi la Halde en 2009 pour « discriminations sociale et territoriale ».
Valérie Grimaud, bâtonnière de Seine-Saint-Denis, puis Nathalie Mons, présidente du conseil national d’évaluation du système scolaire, étaient là pour parler justice et éducation. Pour la police, un nouveau rendez-vous aura lieu, sans doute avec Christian Lambert ancien flic et préfet du 93.
Dans la salle, les mains se lèvent à n’en plus finir pour se féliciter de « ne plus être seul ni résigné ». Et raconter le terrain : à Saint-Denis, la ville propose des éducateurs sportifs dans les écoles pour assurer les cours de sport, et c’est un agent territorial qui a fait office de greffier à la maison de la justice. Ces greffiers, toujours, qui manquent au tribunal de grande instance et empêchent de démultiplier les audiences. Des classes de ZEP au-delà de 24 élèves. Quelque 3 200 enfants accueillis dans les écoles faute de places dans des établissements spécialisés…
« Alors qu’en Seine-Saint-Denis vous avez des fonctionnaires qui y croient et qui se défoncent », insiste François Cornut-Gentille qui promet de continuer à être le serviteur de ce département, sans visée politique aucune, jure-t-il, juste parce qu’« il en va de l’avenir de la France ».
Déjà une question se pose : comment transformer l’essai du 5 octobre 2018 ? D’autres rencontres, avec les maires, sont à organiser. Les élus socialistes de Seine-Saint-Denis ont annoncé jeudi leur intention d’attaquer l’État pour « rupture d’égalité devant le service public » auprès du tribunal administratif. Même annonce faite ce vendredi par Azzedine Taibi. Et Stéphane Peu a prévu d’interpeller le gouvernement à l’Assemblée nationale cette semaine.