Le président du groupe Parisiens, progressistes, constructifs et indépendants, conseiller municipal à la mairie de Paris, estime que la Capitale devrait, de nouveau, élargir son périmètre.
JGP : Quelle est votre vision du Grand Paris, notamment concernant des sujets qui inquiètent certains élus, comme le Scot par exemple ?
A. Vesperini : Paris s’est toujours agrandie progressivement, en corrélation avec l’extension de ses activités économiques. La question est de savoir quel périmètre serait le plus pertinent. Il faut trancher entre deux positions : soit l’institution du Grand Paris a vocation à gérer le logement et les transports, soit elle a vocation à s’étendre jusqu’à l’Île-de-France rurale, ce qui correspond à la position de Valérie Pécresse. Je suis plutôt partisan, tout comme Patrick Ollier, de la première vision selon laquelle la métropole devrait se limiter à la « zone dense », en incluant également l’aéroport de Roissy et Saclay.
En conservant les établissements publics territoriaux dans leur forme actuelle ?
Je ne pense pas. Les contours de ces EPT ont été fixés par les préfets, probablement pour que les élus locaux ne construisent pas une intercommunalité trop forte. Nous sommes selon moi confrontés à un problème plus global d’orientation de la politique régionale en Île-de-France : la Région ne peut pas à la fois gérer les urgences de la zone dense, à savoir le logement et le transport, et développer les zones rurales.
C’est ce qui me conduit à estimer qu’il faut poursuivre le mouvement historique d’extension de Paris, en élargissant un peu le périmètre et créant une fusion de communes, comme on l’a fait à l’époque avec Balard ou Belleville, tout en donnant la parole aux citoyens. En contrepartie, il conviendra de décentraliser davantage les pouvoirs. Il existe aujourd’hui une trop grande disparité entre le pouvoir central de la mairie de Paris et les mairies d’arrondissement.
Que proposez-vous concrètement ?
Il faudrait à mon sens créer un conseil du Grand Paris qui regrouperait les élus parisiens et limitrophes des trois départements de la première couronne, et garantir les compétences du quotidien pour les mairies d’arrondissement : on enlèverait ainsi aux communes les compétences d’urbanisme ou de développement économique, leur laissant l’exercice des missions de proximité.
Si l’on veut aujourd’hui créer une métropole cohérente, il faut aussi faire remonter un certain nombre de compétences à son niveau. Je ne pense pas que l’on puisse par là réaliser beaucoup d’économies mais il faut surtout gagner du temps en créant un interlocuteur unique pour les transports, comme pour le logement. La multiplication des niveaux de collectivités locales fait perdre du temps à tout le monde.
Quel regard portez-vous sur l’urbanisme de la ville de Paris ?
Je suis très sceptique concernant la politique de l’habitat de la ville de Paris aujourd’hui, car elle aboutit à la fuite des classes moyennes. Ces départs vont coûter cher à la ville car tous les appartements délaissés par ces classes moyennes tombent dans les mains d’acteurs qui font augmenter les prix de l’immobilier. Dans le même temps, les politiques de logement social créent des quartiers qui ne sont plus mixtes.
Paris a toujours eu le problème des quartiers riches et des quartiers pauvres. Si l’on veut réduire les disparités entre riches et pauvres à Paris, il faut favoriser les aides publiques au logement. Ce serait une vraie politique d’investissement pour garantir la mixité d’un quartier et d’une copropriété.
Le Scot constitue-t-il, selon vous, un bon vecteur pour obliger les maires à se dépasser pour construire une vraie politique métropolitaine ?
Je pense qu’il faut comprendre les réticences des maires qui ne savent pas ce que deviendront leur EPT, la métropole. En réalité, je ne comprends pas pourquoi on fait un Scot alors que le président de la République ne s’est pas exprimé sur la métropole. Nous, les élus parisiens, sommes censés défendre les intérêts de la Capitale avant de défendre les intérêts de la métropole. Valérie Pécresse défend les intérêts d’une politique en contradiction avec les intérêts de la ville de Paris. Il faudrait que la mairie de Paris ait davantage de poids dans ces débats.