12 Février 2018
Il faut accélérer la réalisation du Grand Paris
Tribune de Christian Blanc
5 février 2018
Les enjeux du Grand Paris sont considérables. Ce n’est pas un projet parisien mais un projet pour l’ensemble des Français. Notre histoire nous a transmis la chance de pouvoir accéder dans ce petit groupe de villes-monde aux côtés de New York, Londres Tokyo et Shanghai, lesquelles jouent un rôle de hub à l’intérieur de leur territoire national mais aussi à l’extérieur. Le Grand Paris du XXIe siècle est un instrument majeur, à rayonnement mondial dans un contexte d’accélération permanente de nos échanges qui permet aussi de pérenniser la présence de nos valeurs universelles.
Je constate qu’en moins de dix ans l’appellation Grand Paris est devenue d’usage quotidien alors que le terme de banlieue disparaît du langage. Nous effaçons ce qui est « au ban », de l’autre côté du périphérique, et l’on doit s’en réjouir. Dans la vision fondatrice, le Grand Paris est un territoire, celui de l’agglomération urbaine parisienne, avec les portes que sont Roissy CDG et Orly, la vallée de la Seine et l’ensemble des gares internationales de TGV qui desservent la ville. C’est une population supérieure à la somme des treize autres métropoles urbaines françaises créées en 2014. Elle constitue la première agglomération d’Europe avec 10,5 millions d’habitants devant le Grand Londres. Mais c’est aussi une attractivité. Le Grand Paris a le privilège de concentrer une masse critique d’activités de création, d’innovation, de financement et de diffusion, soit 30 % de l’économie française, lui permettant d’être un hub mondial de l’économie et de la culture.
Lors de la création du Grand Paris, on comptait 3,5 millions de trajets par jour dans Paris intramuros avec 60 % des capacités d’utilisation du métro, alors que de banlieue à banlieue, 17 millions de trajets devaient s’effectuer avec 15 % seulement des transports en commun. Un autre maillage des infrastructures de transport, de banlieue à banlieue était évidemment nécessaire et urgent. Ce fut le réseau de métro automatique du Grand Paris Express. Jamais les maires et les citoyens du Grand Paris n’accepteront d’y renoncer.
L’argent public était aussi rare qu’il l’est aujourd’hui après la crise financière internationale de 2008 ! C’est la raison qui m’avait amené à proposer en 2010 au Parlement, qui le vota, le financement des infrastructures publiques du Grand Paris, non sur le budget de l’État mais par l’emprunt garanti à long terme, comme pour le métro de Paris en 1900 puis en 1920 après la Première Guerre mondiale qui avait ruiné la France. Et dont le dernier remboursement eut lieu en 1973 !
Pour cela la Société du Grand Paris fut créée pour réaliser et financer par l’emprunt les infrastructures du métro automatique à grande capacité capable d’être le système nerveux de cette immense métropole urbaine. Nous avions prévu également des valorisations foncières générées par les opportunités économiques que créaient ces infrastructures et les gares. Malheureusement la valorisation foncière est un instrument financier peu utilisé par les pouvoirs publics. Rappelons pour mémoire que la création de la dernière ligne de métro à Paris, la ligne 14, avait provoqué dans le 13ème arrondissement, entre 1998 et 2007, dans tout son périmètre d’attraction, une augmentation du 70% de la valeur foncière.
Il est temps de remettre de l’ordre dans les financements parfois discutables qui se sont greffés sur le projet initial. Une nouvelle ligne et une dizaine de gares nouvelles ont été ajoutées et une participation financière importante affectée à Eole. Que dire enfin de la pertinence de CDG Express ? Cela recentrerait la stratégie de développement territorial et éviterait d’hypothéquer les lignes de force de l’action du Grand Paris telles que nous les avions définies.
L’importance et la dimension de ce projet pour la France nécessitent comme cela avait été le cas précédemment, que le Président de la République lui-même s’implique dans un tel projet. Ce n’est pas le cas depuis quelques années. Dans la dispersion des efforts, un maquis de corporatismes va tout neutraliser. Ce type de projet a nécessité l’engagement personnel de Napoléon III, de de Gaulle, de Sarkozy. Il nécessite aujourd’hui celui du Président de la République.
C’est un mano a mano du Président garant de la vision, et des maires garants de la proximité. Cela pour éviter les dérives technocratiques et garder un caractère humain à l’application des décisions stratégiques.