« Rien n’est arrêté, loin de là, le Président entend prendre le temps de la réflexion, nous ne sommes pas dans l’urgence. » Voici, rassuré, ce que retient Pierre Bédier (LR), président du conseil départemental des Yvelines, de l’entretien qu’il a eu lundi midi avec Emmanuel Macron. Décidée en fin de semaine et calée la veille, en marge de sa visite aux Mureaux, la venue du président de la République à Versailles n’était « pas une simple visite de courtoisie » mais l’opportunité d’écouter le patron de l’exécutif, sans donner de cérémonial à la démarche, puisque rien ne figurait à son agenda officiel.
Tout comme il l’avait fait cinq jours plus tôt à Créteil avec Christian Favier (PCF), président du Val-de-Marne, Emmanuel Macron s’est montré « très à l’écoute » durant un tête-à-tête d’une heure, au cours duquel le patron des Yvelines admet qu’il s’est « peu livré » et que « s’il a porté de la considération à mes arguments, cela ne signifie pas qu’il sera d’accord ».
La prise en compte de la mobilisation
Alors que les présidents des Départements de petite et de grande couronne réclament depuis des mois d’être reçus au plus haut sommet de l’État, ces deux visites symboliques sonnent comme un message d’attention qui leur plaît bien. La prise en compte « de la forte mobilisation des élus, concitoyens et agents. Je me félicite qu’enfin le dialogue soit engagé sur l’avenir de l’organisation décentralisée de la région capitale et de notre département », se réjouit Christian Favier qui salue « la qualité d’écoute et le sérieux de notre échange ».
Au cours des dernières semaines, les 7 départements franciliens (hors Paris) ont mis l’accent sur l’importance de leurs missions, rassemblant pour une soirée d’échanges à la Seine musicale, fermant leurs services une journée, allant même jusqu’à livrer au président de la République un gâteau siglé “J’aime mon Département”, le jour de la Saint-Valentin.
10 ans à se remettre d’une réforme trop brutale
« Il n’a pris aucun engagement, mais il a posé beaucoup de questions et je lui ai fait part de toutes nos revendications », assure Pierre Bédier. Il lui a donc parlé du périmètre du Grand Paris et il a trouvé son hôte « très réceptif sur la dimension régionale » que réclament les 7 présidents. Il l’a trouvé aussi soucieux « de prendre en compte la dimension économique tout autant que la dimension institutionnelle, des conséquences qu’aurait un big-bang avec les risques liés aux rapports ou transferts de compétences. Une réforme trop brutale pourrait avoir de lourdes conséquences sur les départements ou la région, les institutions et le monde économique pourraient mettre 10 ans à s’en remettre, Emmanuel Macron m’en a paru conscient.
De son entretien avec le président de la République, Pierre Bédier a également retenu que « le périmètre de la métropole n’est pas arrêté mais l’utilité des départements de la grande couronne est reconnue ».
Plus de liberté pour les collectivités
Au-delà de la fusion avec les Hauts-de-Seine, qu’il n’a pas abordée en tant que telle, celui qui est un des leaders dans cette bataille pour la survie des départements a préféré réclamer, une nouvelle fois, « la liberté pour les collectivités locales, liberté de contractualiser entre elles, liberté de traiter avec l’État ». Et d’insister sur la suppression des départements « qui désorganiserait la région parisienne ».
Hypothèse d’annonce sans cesse repoussée, la réforme territoriale du Grand Paris n’est visiblement pas pour les semaines à venir. À la lueur de son échange avec le Président de la République, Pierre Bédier pense qu’elle pourrait même être engagée « en plusieurs étapes ».