20 Octobre 2017
A partir du 22 octobre et durant six semaines, l'Ecole urbaine de Sciences Po, l'agence Grand Public et la Mairie de Paris lancent le premier cours en ligne sur le Grand Paris. Doyen de l'Ecole urbaine et directeur pédagogique du projet, Patrick Le Galès en expose les enjeux.
Pourquoi un cours en ligne (MOOC) sur le Grand Paris et à qui s’adresse-t-il ?
Patrick Le Galès : C’est une commande de la Mairie de Paris, plus précisément de Pierre Mansat, conseiller d’Anne Hidalgo sur les questions liées au Grand Paris. L’outil fut difficile à concevoir car il a pour objectif de former les fonctionnaires de la Ville mais aussi de s’adresser au grand public. Ce MOOC a été pensé comme une base pour apprendre et débattre des axes principaux du Grand Paris. Nous ne traitons pas en revanche du débat politique actuel. Il ne s’agissait pas pour nous de prendre partie mais d’exposer les grandes problématiques métropolitaines.
Comment avez-vous procédé ?
On s’est méfié du ton “vieux prof”. Il faut avouer que 9 fois sur 10 c’est ennuyeux un MOOC. D’où notre pari de le concevoir avec des étudiantes. Ce sont elles notamment qui ont fait les entretiens et les conclusions de chaque partie. Il était fondamental également de laisser place au débat, à la controverse. Toutes les thématiques donnent lieu à la confrontation des différents points de vue. Une partie “comparaison” permet quant à elle de voir comment la question est traitée dans d’autres grandes villes, comme Londres ou Berlin. Nous avons enfin fait le choix de nous appuyer sur la vidéo pour ne pas plomber les participants avec trop de textes.
Quelles sont les recettes d’un bon MOOC ?
C’est compliqué de créer un bon MOOC et d’en faire un objet de bien commun. La Ville nous a en tous cas donné carte blanche et n’a eu aucun droit de regard sur notre travail. L’avantage d’un MOOC est que chacun est libre de regarder des bribes selon l’information qu’il cherche. Tout est très structuré. Nous devions éviter l’écueil d’un corpus trop lourd car c’est bien d’éducation populaire qu’il s’agit. Il sera certainement relayé sur YouTube afin de toucher le plus grand nombre. Et nous allons le sous-titrer pour une diffusion sur des plateformes étrangères comme Coursera.
Outre les experts, ce MOOC donne aussi la parole aux habitants…
Contrairement à ceux que Sciences Po a déjà réalisé, celui-ci n’a pas été conçu dans un format universitaire où la parole est donnée exclusivement à des experts. Chaque session traite d’un enjeu majeur du Grand Paris, mêlant regards d’habitants et de chercheurs sur des questions très concrètes : le transport, le logement, l’éducation, l’ environnement. On voit que de nombreux habitants sont assez sceptiques sur la possibilité d’abolir la frontière entre Paris et la banlieue. Leurs témoignages sont essentiels et si nous avions dû trouver un sous-titre à ce MOOC, nous aurions pu écrire quelque chose du genre “On veut y croire mais ce n’est pas gagné”.
Que manque t-il aujourd’hui au Grand Paris ?
Depuis le départ, le projet repose sur des bases fragiles. Il est temps de clarifier la gouvernance et d’avancer concrètement. Le déploiement des transports est l’axe central, le plus attendu. C’est l’accumulation des chantiers de la Métropole, du Grand Paris Express et des Jeux Olympiques qui va créer le Grand Paris. On aime ou pas mais c’est bien joué.