Un projet dans les cartons du ministère depuis déjà un bout de temps. En 2010, Frédéric Mitterand, alors ministre de la Culture, est charmé par une idée proposée en 2008 par Jérôme Bouvier, actuel médiateur à Radio France et ami de l'ex-maire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain (PS). Après les émeutes de 2005 dans la ville, il avait mis en place plusieurs projets culturels (Clichy sans cliché et Clichy mot à mot) puis imaginé une résidence d'artistes sur le modèle de la villa Médicis, dans la tour Utrillo. Une tour haute de 17 étages et âgée de 38 ans, promise à la démolition depuis 2003.
En 2011, la tour est alors rachetée par l'État et l'ouverture de la résidence d'artistes est annoncée pour 2016. C'était sans compter les changements à la tête de la rue de Valois... Fraîchement débarquée en 2012, Aurélie Filippetti abandonne ce projet qui n'est pas sa priorité. Rigueur économique oblige. Mais en juin 2013, elle décide finalement de remettre le sujet sur la table et charge Philippe Tuot, conseiller d'État et président du conseil d'administration de la villa Médicis, de lui soumettre un rapport sur sa viabilité et faisabilité. Un dossier remis en avril 2014.
Un projet culturel pour le Grand Paris
Fleur Pellerin, désormais à la tête du ministère de la Culture et de la Communication, s'empare enfin du sujet de réhabilitation de la tour Utrillo pour tenter de le faire aboutir. Avant la réunion prévue ce jeudi matin, elle a d'ailleurs renouvelé ce souhait au micro de France Culture : «C'est une idée qui me semble extrêmement intéressante, notamment dans le cadre de la réflexion qui est menée sur le Grand Paris.» De quoi redonner une ambition culturelle au projet d'aménagement de la métropole, selon la ministre.
Fleur Pellerin suivra-t-elle alors les recommandations de Philippe Tuot, dont le rapport a été dévoilé par Le Parisien? Provisoirement intitulé «Médicis 21», le projet relie officiellement la villa Médicis et la tour de Clichy-Montfermeil sous la tutelle du ministère de la Culture et avec une participation du ministère de la Ville au conseil d'administration. Philippe Tuot préconise tout d'abord que la tour soit bel et bien démolie, afin d'être en phase avec des contraintes technologiques. La question épineuse des financements serait aussi reléguée sur le plan privé: aucun financement de l'État ou des collectivités attendus mais des apports financiers assurés par des investisseurs, certains ayant déjà été approchés.
Une vingtaine d'artistes seraient également accueillis dans ce nouveau lieu, des «jeunes créateurs avec un talent repérable (après les premières œuvres), prometteurs et menacés (par manque de moyens pour produire ou diffuser).» Enfin, le projet devrait aussi s'ancrer concrètement dans son territoire: «priorité aux habitants pour l'accès aux artistes, emplois d'été, premières et vernissages.» Un dernier point plus que nécessaire pour que ce lieu soit vraiment synonyme de renouveau culturel en banlieue.