15 Octobre 2012
Rencontre avec Frédéric Gilli, Docteur en économie, chercheur associé au Centre d’Études Européennes de Sciences Po, où il enseigne. Il a notamment travaillé sur l’organisation de la métropole parisienne et sur la gouvernance du grand Paris et réfléchit à la façon de dynamiser les projets économiques et urbains au moyen de processus participatifs pertinents. Il accompagne également, aujourd'hui, en tant que directeur associé de Campana Eleb Sablic, le débat sur le Grand Paris lancé par Paris Métropole.
Dans le cadre de la préparation des "premières rencontres de Paris Métropole", vous avez réalisé une enquête auprès d'habitants sur leur vision de la métropole : qu’est-ce qui vous marque dans ces premiers résultats ?
Le premier élément qui ressort de l’enquête est la distinction que les habitants font entre Paris et sa métropole. Paris, qu’ils fréquentent plutôt exceptionnellement, est à part : c’est synonyme de vie trépidante et un peu stressée quand l’agglomération est plus confortable. En même temps, « ces différences entre d’un côté Paris et de l’autre la banlieue, se délitent », dit une interviewée : la couverture du périphérique et la crise du logement cher dans Paris déplacent les frontières psychologiques.
Le deuxième enjeu fort qui ressort de l’enquête, est le rapport entre les différents territoires de l’agglomération : les habitants pointent les inégalités entre banlieues et interrogent le sens d’une métropole qui n’offre pas les mêmes chances à tous. « Le grand Paris, c’est pour les riches, c’est pas pour nous, c’est pas pour les mecs de banlieue » dit un autre interviewé.
Quelles sont les grandes attentes qui ressortent de la part des interviewés ?
Des attentes de deux ordres s’expriment. D’une part, une impatience concernant des urgences de longue date : transport, logements, emploi, avenir des jeunes, etc. D’autre part des attentes sur la façon dont la métropole s’organise : les habitants attendent une métropole dans laquelle les différents territoires de l’agglomération auraient tous les attributs de villes à part entière. Ils demandent de vrais centres, de la mixité dans les activités, des territoires qui ne soient « pas que fonctionnels mais où on puisse habiter vraiment » esquisse une interviewée.
Concernant plus particulièrement les questions de gouvernance, prennent-ils position et ce sujet les intéresse-t-il vraiment ?
Les habitants expriment une très forte demande d’écoute : la quasi totalité des interviewés déclare qu’ils doivent avoir leur mot à dire, tout en mettant en avant le rôle des élus dans la prise de décision et, surtout la prise de risque. Si les avis divergent entre ceux qui considèrent qu’un seul élu devrait décider et ceux qui pensent que la décision devrait être collégiale (« il faudrait faire un G20 de la métropole » dit un des habitants), les habitants pointent la confusion actuelle et font part d’une exigence de plus de démocratie