Rédigé par Pierre MANSAT et publié depuis
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L’Assemblée Nationale vient d’adopter en première lecture, le texte de loi sur le
« Grand Paris ».
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, ce projet de loi médiocre et inadapté
est à l’opposé de l’état d’esprit et du contenu indiqué par le chef de l’Etat lors de son
discours du 29 avril dernier : il ignore les travaux des dix équipes d'architectes qui
ont travaillé pendant un an sur la métropole de l'après Kyoto, il ne propose aucune
approche globale du développement territorial, il ne s’attaque pas aux disparités et
inégalités territoriales qui entravent le développement économique de la métropole, il
ne répond pas aux urgences quotidiennes des Franciliens en matière de transports.
Le véritable dessein du gouvernement, à travers cette loi, est manifestement de
« reprendre la main » sur la métropole francilienne, sans aucun engagement
financier de l’Etat et en assumant la régression que constitue la remise en cause des
acquis historiques de la décentralisation.
Plusieurs élus, de droite comme de gauche, des associations, comme celle des
usagers des transports franciliens, les acteurs du monde économique, y compris le
MEDEF, les architectes eux-mêmes, ainsi que des économistes, ont d’ailleurs alerté
le gouvernement sur le décalage évident entre ce texte et l’objet qu’il aurait dû viser,
celui du développement ambitieux, solidaire et durable de la première métropole
française.
Pour ma part et en totale convergence avec Jean-Paul Huchon, j’ai toujours souhaité
un partenariat moderne, efficace et loyal avec l'Etat, afin de relever les défis de notre
région, en particulier celui des transports pour lequel les retards se sont accumulés
depuis 35 ans.
C’est la même attitude constructive qui a guidé les députés de l’opposition lors du
débat parlementaire. Ainsi, de nombreux amendements ont été proposés, la plupart
issus du rapport de la Commission Carrez sur le financement des transports
franciliens. Tous visaient à rendre plus performante la gestion des transports en Îlede-
France et à dépasser une conception de l’intervention publique héritée d’un autre
temps : celle du passage en force de l’Etat, quand il nie le rôle et les compétences
des maires. J’observe que très peu d’amendements ont été retenus. Les députés ont
cependant réussi à imposer une meilleure consultation des Franciliens sur ce projet
de transport. Au-delà, le gouvernement est demeuré sourd aux demandes des élus
locaux franciliens, comme aux arguments des acteurs économiques et des usagers
des transports. Le double langage et le jeu de dupes sont ainsi avérés. Nous en
prenons acte.
Désormais, c’est devant les citoyens que se tiendra ce débat.
En effet, en accélérant le calendrier législatif sur ce dossier, en choisissant de
l’inscrire dans une procédure d’urgence, le gouvernement l’a placé de fait au coeur
de la campagne pour les élections régionales.
Ainsi, les Franciliens vont se saisir du fond : l’enjeu métropolitain (quelle métropole
pour l’Île-de-France et comment la construire ?) sera au coeur des projets politiques
des prochaines élections et les Franciliens pourront évaluer la pertinence et la
crédibilité de ce « Grand Paris » qui se limite, en fait, à des mesures d’exception
d’inspiration technocratique.
L’attitude de l’Etat dans la conduite de ce dossier place les électeurs devant un choix
qu’ils auront à trancher démocratiquement : soutiendront-ils un « Grand Huit »
coûteux et programmé au mieux pour 2025 ou souhaiteront-ils le financement rapide
de la rénovation des RER et de la ligne 13, de la rocade de petite couronne, ainsi
que du prolongement de la ligne 14… ? Adhèreront-ils à un développement disparate
de quelques pôles ou défendront-ils un développement équilibré et cohérent de tout
le territoire métropolitain ?
A ces questions, le suffrage universel devra répondre souverainement au printemps
prochain : j’invite les citoyens à exprimer un message clair que le gouvernement ne
pourra ignorer, après avoir malheureusement méprisé celui des élus locaux.
Pour notre part, avec plus de 100 collectivités de droite comme de gauche, nous
poursuivons la construction de la métropole au sein de Paris Métropole, dans un
dialogue ouvert avec tous les forces vives de notre territoire et en lien étroit avec les
dix équipes d’architectes.