9 Juillet 2010
Sur le figaro.fr
Petit à petit, le projet du Grand Paris se met en place. Préparée par Christian Blanc, la loi a été adoptée par le Parlement le 3 juillet. Après la désignation d'André Santini à la tête de la société du Grand Paris, une autre structure sera mise sur les rails mercredi en Conseil des ministres, avec la présentation par Michel Mercier, qui a repris les attributions de Christian Blanc, du décret créant les statuts de l'établissement public du plateau de Saclay. Un dernier décret sera présenté à la rentrée sur les contrats de développement territoriaux. Pourtant, de nombreux obstacles demeurent. Tour d'horizon de ce chantier présidentiel.
Le financement et la réalisation
Selon l'ex-ministre en charge du dossier, Christian Blanc, le chantier de la double boucle de métro de 130 km devrait démarrer en 2012. Mise en service progressive: entre 2018 et 2023 avec une dotation initiale de 4 milliards d'euros (fruit du remboursement des prêts consentis aux constructeurs automobiles) pour un chantier évalué au moins à 25 milliards. Ce métro devrait desservir neuf «territoires de projet»: Plaine-Commune, Roissy, Orly, Saclay, La Défense, Champs-sur-Marne, Évry, Seine-Oise et Montfermeil-Clichy-sous-Bois.
Problème: la dotation semble moins certaine en raison des oppositions des équipes de Bercy, toujours à la recherche d'économies. Le financement, jugé trop hasardeux, a aussi toujours été contesté par le député du Val-de-Marne Gilles Carrez, auteur d'un rapport sur ce sujet remis en septembre 2009 à François Fillon. Aujourd'hui, alors qu'André Santini affirme vouloir prendre son temps, le rapporteur général du budget soutient que la seule solution passe par le «phasage ». «Il faut lancer la réalisation de la première boucle la plus urgente», celle située le plus à l'est, «et renvoyer à plus tard la deuxième boucle qui passe par le plateau de Saclay, sinon, ce projet sera absolument impossible à financer».
Le calendrier politique
La réticence de Bercy pourrait aussi être politique à dix-huit mois de la présidentielle. Les hauts fonctionnaires préféreraient attendre de connaître le nom du candidat élu, ou réélu, avant de se lancer dans un programme qui sera sans doute pour partie remis en cause en cas de victoire de la gauche. «Le Grand Paris, c'est une coquille vide jusqu'en 2012», va- t-on jusqu'à glisser à l'UMP, où on indique qu'il y aurait eu «un accord sur une élection de Santini en échange d'une disparition des quatre milliards du document». Membre fondateur du syndicat Paris Métropole, qui espère jouer un rôle croissant dans le Grand Paris, le maire UMP de Nogent-sur-Marne, Jacques J.-P. Martin, regrette que «le Grand Paris accouche dans la douleur du fait de la proximité de la présidentielle. Elle nourrit déjà les arrière-pensées des acteurs…»
Nicolas Sarkozy tente pourtant de lancer des signaux aux dirigeants socialistes d'Ile-de-France. Le 9 juin, un déjeuner a réuni à l'Élysée le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, et le président PS de la Région, Jean-Paul Huchon. Le chef de l'État veut tourner la page des régionales et tenter de retrouver l'atmosphère consensuelle de son discours au Palais de Chaillot, en avril 2009. Le président de la République a même proposé au maire de Paris de présider l'Atelier international du Grand Paris, lequel a refusé. Un nouveau déjeuner est prévu, cette fois à l'hôtel de ville de Paris. Mais pas avant octobre.
Les débats publics
Dès le 1er octobre, deux débats publics vont être menés conjointement par la Commission nationale du débat public (CNDP), présidée par le préfet Philippe Deslandes. Une commission particulière s'occupera de la double boucle, présidée par le préfet François Leblond. Une autre, présidée par le préfet Jean-Luc Mathieu, s'occupera des débats sur le projet concurrent de la région, Arc Express. «Plus de 7 millions de Franciliens sont potentiellement concernés par cette consultation, l'une des plus vastes jamais menées», note Marc Véron, ancien directeur de cabinet de Christian Blanc, aujourd'hui directeur de la Société du Grand Paris. Les débats seront menés par le biais d'une cinquantaine de réunions publiques, dans toutes les localités concernées par les quarante gares prévues de la double boucle. Seules cinq ou six de ces réunions se tiendront conjointement sur la double boucle et sur Arc Express.
Le tracé du métro
Pourtant, de nombreux acteurs du dossier tablent sur le fait d'arriver à un seul tracé avant le lancement des enquêtes publiques… «Ce serait un non-sens et totalement irresponsable de rester sur deux tracés, fait remarquer Gilles Carrez. Un accord général se dessine d'ailleurs, ajoute-t-il, pour que le tracé unique, à l'est de Paris, irrigue des communes très peu desservies de Seine-Saint-Denis, comme Clichy-Montfermeil, même s'il n'est pas celui qui draine potentiellement le plus de voyageurs.»
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LE FIGARO.- À 69 ans, après une carrière bien remplie, pourquoi avoir voulu la présidence de la Société du Grand Paris ?
André SANTINI. - Simplement parce que je crois pouvoir rendre service! Au syndicat des Eaux de l'Ile-de-France, que je préside, nous avons mené à bien un nouveau contrat. Suez et Veolia se sont retrouvés en finale et tout le monde a reconnu que l'impartialité était totale. Or ce syndicat est largement pluraliste et tout fonctionne parfaitement, preuve qu'avec de la volonté pour arriver au bien commun, les résultats sont positifs. Je compte appliquer ces méthodes dans le cadre de la Société du Grand Paris.
Votre élection a été contestée par les élus franciliens de gauche ?
Ne confondons pas les numéros de claquette médiatique et la réalité! Mercredi dernier, lors de la réunion du conseil de surveillance, le ton des présidents de conseils généraux de gauche présents était bien différent de ce qu'il a ensuite été dans les médias. En séance, ils se sont montrés très aimables à mon égard. La réalité, c'est que cette réunion a mis fin aux tensions de la campagne des régionales. Nous allons travailler ensemble dans la dynamique de l'ouverture et du dynamisme manifesté par le président Sarkozy pour faire avancer ce dossier auquel il tient particulièrement. En matière d'ouverture politique, il a déjà donné quelques gages! Il a fait transmettre au Conseil d'État le schéma directeur du président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, concédé les dossiers de Roland-Garros et du stade Jean-Bouin au maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, sans parler de la proposition qui a été faite à celui-ci de présider l'Atelier des architectes…
Bercy aurait jugé préférable de ne pas inscrire la dotation initiale de 4 milliards d'euros pour la double boucle de métro dans le dossier préparatoire au débat public. Inquiétant, non?
Peut-être ont-ils voulu prendre quelques précautions. Ils sont tout le temps à la recherche de crédits! C'est dans leur nature et c'est logique. Mais selon moi, il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Et en cas de problème, c'est le président de la République qui arbitrera…
Quelle mission et quel calendrier pour la Société du Grand Paris?
La première mission, c'est le transport. Je ne me prononce pas avant le débat public sur la validité ou sur la compatibilité de la double boucle et d'Arc Express, proposé par la région. Mais ce que je peux vous garantir, c'est qu'on prendra le temps qu'il faut pour le tricot. Christian Blanc, a qui je rends hommage, a eu sa technique. Elle a permis rapidement de construire un socle. J'ai ma méthode, nourrie d'une culture japonaise qui m'apprend que le temps perdu avant est du temps de gagné après. Ensuite, j'insiste sur le fait que le chantier présidentiel du Grand Paris ne se réduit pas au seul réseau de transport. Chargé de l'opération Grand Paris, sous la tutelle du ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire, Michel Mercier, et en coopération avec le préfet de région, Daniel Canepa, je compte bien faire avancer l'ensemble des chantiers. Et il ne faut pas craindre qu'ils soient ralentis par la crise. Ils sont une chance au contraire pour l'économie francilienne !
En situation de cumul, vous quittez le conseil régional… Allez-vous aussi démissionner de l'Assemblée nationale ou quitter votre mairie?
J'ai abandonné mon poste à la région pour que les choses soient claires. Mais un certain cumul est plus une force qu'une faiblesse. Je ne compte donc pas, pour l'instant, laisser mon siège de député. Contrairement à ce qui a pu être écrit, l'article 145 du Code électoral indique que quand un député est désigné à la tête d'un établissement public du fait d'un mandat local, en l'occurrence mon mandat de maire, il n'est pas tenu de démissionner. Ceux qui ont misé sur le retour de Frédéric Lefebvre - avec qui j'ai des rapports clairs car il est loyal - étaient parfaitement ignorants. Quant à la mairie, si je la quittais, je devrais aussi laisser le conseil de surveillance puisque c'est à ce titre que j'ai été nommé !
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> dans France Soir
Un démineur nommé Mercier
Chargé par Nicolas Sarkozy de désembourber le projet du « Grand Paris» après la démission brutale
du secrétaire d'Etat en titre, Christian Blanc, qui ne s'était pas fait que des amis dans
l'accouchement laborieux de ce projet, le Lyonnais Michel Mercier, ministre de l'Aménagement du territoire, a lancé ses filets du côté de la gauche. Son objectif: établir à quelles conditions un compromis majorité-opposition serait viable.
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> Dans Libération
Retour sur La société du Grand Paris
André Santini délaisse la région
Fraîchement élu, mercredi, à la présidence de la nouvelle Société du Grand Paris, André Santini, députémaire
UMP d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), a renoncé vendredi à sa charge de conseiller régional,
réglant ainsi son problème de cumul des mandats. La gauche n'avait pas participé à cette élection, Bertrand Delanoë. maire de Paris, et Jean-Paul Huchon, président de la région, ne s'étant même pas déplacés. Toutefois,
selon le Figaro, Delanoë a été approché par l'Elysée pour présider l'Atelier international du Grand Paris regroupant les dix équipes d'architectes, ce qu'il a refusé. L'Hôtel de Ville confirmait ces informations vendredi, pour ce qui concerne le maire. Mais « son analyse , précisait son entourage, est que le profil le plus adapté serait celui d'un élu qui fasse consensus. Et pourquoi pas un Parisien» ? S.V.