"Inédit", "spectaculaire", "révolutionnaire"… Les superlatifs ne manquent pas aux responsables du Pavillon de l’Arsenal pour décrire leur nouveau jouet. Lundi, à l’occasion de l’inauguration de sa nouvelle exposition permanente, ce lieu municipal dédié à l’architecture et à l’urbanisme de l’agglomération parisienne* dévoilera sa maquette numérique géante, intitulée "Paris, métropole 2020" et conçue en partenariat avec Google et JCDecaux. Le JDD a pu la voir en avant-première. Fini les vieilles maquettes en plâtre, place à la technologie de Google Earth, pour une "exclusivité mondiale".
Survoler le Bassin parisien jusqu’au Havre
Pour la première fois, en effet, ce logiciel – qui permet de visualiser la Terre grâce à un assemblage de photos aériennes et satellitaires – intègre des projets de bâtiment. Les visiteurs vont pourvoir découvrir "le Paris du futur dans toutes ses échelles". L’utilisateur pourra ainsi survoler le Bassin parisien jusqu’au Havre, zoomer (très près) et dézoomer, en 2D ou en 3D, tourner autour d’un bâtiment, le scruter sous tous ses angles. Le tout en format géant grâce à une fresque d’images de 37 m², constituée de 48 écrans HD disposés au sol et pilotée par quatre pupitres maniables comme un iPad, avec deux doigts. "La dimension interactive offre des possibilités démultipliées : on peut se déplacer, changer d’échelle. Et c’est le seul outil capable de représenter la métropole en entier", souligne Dominique Alba, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal. Coût de l’opération (sans compter le mécénat de Google et JCDecaux) : 600.000 euros.
L’idée de cette maquette numérique est née de la volonté d’Anne Hidalgo (PS) de rivaliser avec Shanghai. La mégapole chinoise (23 millions d’habitants) s’enorgueillit de son musée de l’urbanisme où l’on peut voir la plus grande maquette de ville du monde, représentant Shanghai sur plus de 600 m² (1/2.000e). "Cette maquette m’a impressionnée, je me suis dit que ça manquait à Paris", confie la première adjointe chargée de l’architecture et de l’urbanisme.
Au même moment, Google cherchait un immeuble dans la capitale pour installer son siège français. "Nous les avons aidés, ça nous a rapprochés", ajoute Anne Hidalgo. L’occasion pour Paris d’être la première ville au monde à développer le concept de maquette numérique. "C’est aussi un moyen de mieux s’adresser aux citoyens : cette innovation permettra d’associer les jeunes actifs à la mutation de la ville."
Toutes les équipes d’architectes qui construisent ou s’apprêtent à construire en Île-de-France ont été sollicitées pour alimenter la maquette. Hormis le "Pentagone à la française" de Balard (15e), qui traverse quelques turbulences, aucun projet – public ou privé, grand ou petit – ne doit manquer à l’appel. Les berges de Seine réaménagées feront leur apparition en février. Et le métro du Grand Paris ne sera pas oublié. Sur les pupitres, on peut choisir la visite guidée en 3D autour des projets les plus emblématiques (Halles, Philharmonie, fondation LVMH, tour Triangle…) ou préférer "découvrir" par soi-même les projets.
1.200 documents, plans, dessins, photos, films…
Cette maquette numérique sera donc la star d’une nouvelle exposition permanente, qui retrace l’histoire de la métropole dans un parcours chronologique passionnant. Sur 800 m², 1.200 documents, plans, dessins, photos, films, racontent la construction de Paris depuis le Moyen Âge : des différentes enceintes – Philippe Auguste, Charles V, Thiers… – aux projets futuristes, en passant par Le Nôtre, Haussmann, Eiffel, Delouvrier, on découvre la naissance de l’appartement, l’arrivée des chemins de fer, l’invention du béton, la domination de la voiture, l’apparition des grands ensembles, des RER et des villes nouvelles. Sans oublier la Pyramide du Louvre ou la Grande Arche, la BnF ou le Stade de France. Et puis, on n’est pas mécontent de retrouver aussi la vieille maquette de Paris intra-muros, restaurée pour l’occasion. En plâtre, mais avec du charme…
* Pavillon de l’Arsenal, 21, boulevard Morland (4e). Du mardi au samedi, de 10h30 à 18h30, et le dimanche de 11h à 19h. Entrée gratuite. Rens. : www.pavillon-arsenal.com