La SNCF veut profiter du Grand Paris pour muscler ses TGV (PAPIER D'ANGLE)
Par Jean LIOU
BORDEAUX, Il oct 2009 (AFP) - Même si le gouvernement n'a pas (encore) retenu toutes ses
propositions dans son projet de Grand Paris, la SNCF ne baisse pas les bras: elle veut
multiplier gares TGV et liaisons nouvelles autour de la capitale, afin d'''ouvrir toute
l'Ile-de-France, et pas seulement Paris, à la province et à l'Europe".
"Quelle est la région française la moins bien desservie par les TGV?", demande Mireille
Faugère, directrice générale déléguée SNCF Voyages. Bien sûr, la Corse ou l'Auvergne n'en
voient pas passer un seul. Mais pour elle, la région la moins bien lotie est l'Ile-de-France.
"80% des Franciliens ont un très, très mauvais accès à TGV. Sur les 12 millions d'habitants
de la région, il n'yen a que 3 millions qui peuvent accéder facilement à une gare". Et des
gares, il n'yen a que quatre dans la région, exagère-t-elle volontiers: une à Paris, car les
quatre gares TGV actuelles (Lyon, Montparnasse, Nord et Est) sont autant de terminus obligés
qui ne mènent que dans une direction, et trois en banlieue (Roissy, Marne-la-Vallée et Massy) .
Du coup, "si la part de marché que nous avons à Paris est excellente, elle est très mauvaise
en banlieue", les voyageurs devant souvent faire de longs parcours pour aller prendre leur
train. Les banlieusards ou les visiteurs des pôles d'affaires des environs de la capitale
(surtout à l'ouest) sont donc souvent tentés de prendre leur auto. "Or, quand on commence à
prendre sa voiture, on la garde", juge Mireille Faugère.
La SNCF profite donc du débat sur le Grand Paris pour que l'on puisse accéder facilement au
réseau TGV dans toute l'Ile-de-France, ce qui donnerait "douze gares pour 12 millions
d'habitants" reliées entre elles par des tronçons à grande vitesse.
Elle joue son rôle de lobby avec d'autant plus d'entrain, pointent ses détracteurs, qU'elle
n'aura pas à payer la plupart des infrastructures suggérées, puisque leur financement est du
ressort de Réseau ferré de France, de l'Etat et des collectivités locales.
"Le rôle de la SNCF dans le Grand Paris, c'est d'être un aménageur, en concertation avec les
élus", argumente le patron des chemins de fer français Guillaume Pepy. "Le but est de
reconstruire la ville du bon côté."
Le projet gouvernemental du Grand Paris tel qu'il a été présenté mercredi au conseil des
ministres prévoit bien deux gares nouvelles en banlieue, qui doivent être reliées à de nouveaux
territoires par le futur métro automatique proposé par le secrétaire d'Etat Christian Blanc:
une à Pleyel, au nord, et une à l'aéroport d'Orly, au sud, qui serait construite sur une ligne
d'interconnexion reliant le TGV Atlantique aux autres lignes à grande vitesse (Sud-Est, Est et
Nord) .
Mais la SNCF en veut plus. Elle veut notamment pouvoir relier la future ligne Paris-Le Havre
au reste du réseau en créant un tronçon --a priori très coûteux-- entre une future gare TGV à
créer dans le quartier d'affaires de La Défense et Pleyel. Ce qui permettrait de rejoindre
Londres en 2 heures 15 depuis La Défense ...
Toutes ces gares nouvelles, la SNCF les veut monumentales, et surtout pratiques. "Elles
doivent être des espaces de vie et de services, de vrais lieux de correspondances où les gens
accèdent très facilement à leurs moyens de transport", indique Sophie Boissard, responsable du
secteur à la SNCF.
"Sur le Grand paris, nous sommes encore en amont. 8'est pour cela que l'on travaille sur des
propositions concrètes, pour pouvoir apporter des éléments le moment venu", juge Mireille
Faugère. "Notre vision est très nouvelle. Il faut repenser'l'Ile-de-France comme une
plate-forme de correspondances. Le rêve, pour nous, c'est de faire de la région un grand +hub+
de la grande vitesse."
Et de préciser: "Un rêve, pour nous, c'est la réalité future."