6 Janvier 2012
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2012 Le maire de Paris a annoncé son programme pour la nouvelle année
L'an 2012 sera marqué par de gros efforts en matière de logement a promis hier le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, lors des vœux qu'il présentait aux personnels de la Ville. Sa « priorité », puisque 40 % du budget alloué à l'investissement y sera consacré, et il veut mettre en place de nouvelles mesures.
Une aide pour les familles monoparentales. « En 2012, nous allons accroître notre aide au logement pour les plus faibles. Les familles monoparentales se verront mieux épaulées pour faire face à leurs dépenses de logements. »
Une allocation pour les étudiants boursiers. « Nous livrerons 600 nouveaux logements étudiants en 2012 et je proposerai au Conseil de Paris de mars de créer une nouvelle allocation logement pour les étudiants boursiers qui sont dans le secteur privé. Elle pourrait atteindre 900 € par an .»
Des places pour les travailleurs migrants. « Nous pourrons inaugurer une nouvelle résidence de travailleurs migrants dans le 12e arrondissement pour les accueillir dans des conditions dignes.
2000 places d'hébergement d'urgence supplémentaires. C'est l'objectif annuel fixé par le maire de Paris en début de mandature. Mais Bertrand Delanoë souhaite aller plus loin et veut la création d'un Samu social métropolitain pour répartir l'effort sur l'ensemble du territoire de l'agglomération.
Un projet de loi. Les maires rassemblés dans Paris Métropole sont en train de travailler à un projet de loi pour créer un organisme métropolitain qui coordonne le logement social. Le texte devrait être prêt fin juin, après les élections présidentielle et législatives, et ils espèrent le faire voter par l'Assemblée Nationale.
—Magali Gruet
Une confédération métropolitaine ?
Le maire de Paris pense qu'une communauté d'agglomération ne pourrait pas gérer 7 millions d'habitants, mais il souhaite un organe qui regroupe la région, les départements, la Ville de Paris et les intercommunalités
>Le Monde.fr
LEMONDE.FR | 05.01.12 | 17h23
Dans une ville où les loyers sont en hausse constante (+50 % en dix ans), comme le prix de l'immobilier (plus de 100 % en dix ans) et où plus de 121 000 ménages sont en attente d'un logement social, M. Delanoë a tenté de trouver les mots que veulent entendre les résidents parisiens : il faut plus de logements et moins chers.
"La première de mes préoccupations est le logement", a répété l'édile socialiste, saluant au passage sa politique, "source de la renaissance de la population de Paris", tout en clouant au pilori la politique du gouvernement et la "baisse du concours de l'Etat" dans ce secteur. En 2012, "40 % des investissements de la ville iront dans le logement" a assuré le maire, appelant dès cette année à l'achèvement de la réhabilitation de la caserne de Reuilly (12e), une possibilité de création de "nombreux logements", précise-t-il.
MENACE SUR LE "PENTAGONE FRANÇAIS"
Dans ses vœux, Bertrand Delanoë a tenté de n'oublier personne dans ses vœux 2012. Ni les étudiants auxquels il promet 600 nouveaux logements et la création d'une nouvelle allocation de 900 euros par an sous condition, ni les travailleurs migrants auxquels il parle de nouveaux hébergements dans le 12e arrondissement, ni les familles monoparentales qui se "verront mieux épaulées" par la ville.
Le maire a également pensé à réserver quelques cartouches à l'adresse du gouvernement. A propos du "Pentagone français", projet d'un nouveau ministère de la défense basé à Balard (15e), l'élu socialiste avertit qu'il ne verra pas le jour si le plan ne prévoit pas la création concomitante de 500 logements dans le quartier de la Croix-Nivert.
Enfin, pour clore le chapitre logement, le maire n'a pas oublié de rappeler les échéances électorales du printemps, assurant aux milliers de locataires parisiens la possibilité d'un encadrement des loyers dès 2012, en cas d'alternance de majorité.
"CONFÉDÉRATION MÉTROPOLITAINE"
Pour mettre en œuvre ses promesses, Bertrand Delanoë s'est engagé à élaborer un texte de loi proposant la création d'une "autorité métropolitaine du logement", qui serait présenté au Parlement en juin, après les législatives. Son principe est de mutualiser les efforts des maires, de Paris et des communes avoisinantes, pour créer des logements sociaux.
Par ailleurs, avec Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région à ses côtés, Bertrand Delanoë a également annoncé l'ouverture d'une réflexion sur la création d'une "confédération métropolitaine" au sein de la région. Une entité qui regrouperait les décideurs des conseils généraux, régionaux et des communautés de communes dans le cadre d'une gouvernance "efficace et souple" et dotée de compétences dans trois domaines : l'attractivité économique, environnement et l'élaboration d'un plan climat et enfin, l'aménagement urbain de la cité.
En filigrane de ces annonces, il y a la rivalité entre le maire de Paris et Nicolas Sarkozy sur la question de la gouvernance de la métropole, le chantier ayant été renvoyé par le président de la République à après 2012.
Eric Nunès
>Les Echos.fr
Logement social : Paris veut partager l'effort avec la banlieue
Le maire de Paris fait du logement sa priorité pour l'année 2012. Mais il juge désormais nécessaire de s'associer aux collectivités voisines pour accélérer l'effort de construction.
L'Insee a fait un joli cadeau de fin d'année à Bertrand Delanoë : les dernières statistiques démographiques sont excellentes pour la capitale. En dix ans, Paris a regagné 110.000 habitants, après quinze ans d'hémorragie. Une bonne nouvelle que le maire n'a pas manqué d'exploiter hier, lors de la cérémonie des voeux. « L'évolution de la population n'est pas sans rapport avec la politique du logement menée depuis dix ans », s'est-il félicité. Pas question, toutefois, de lâcher prise sur ce dossier sensible car les Parisiens, eux, n'hésitent pas à rendre le maire pour partie responsable de leurs difficultés à se loger. « En 2012, le logement sera ma première préoccupation », a donc martelé Bertrand Delanoë, annonçant deux mesures, une aide pour les étudiants (900 euros par an) et une hausse de l'enveloppe logement octroyée aux familles monoparentales.
Baisse des aides à la pierre
Frappée de plein fouet par la crise de l'immobilier, Paris ne parvient pas, malgré ses efforts, à répondre aux demandes émanant notamment des classes moyennes, tentées de fuir la capitale et ses prix exorbitants. Une situation dont la ville rend notamment l'Etat responsable, l'accusant de freiner sa « très dynamique » politique de construction de logements sociaux (4.000 logements et 450 millions d'euros par an). Elle en veut pour preuve la récente baisse des aides à la pierre (de 120 à 100 millions d'euros en 2011) et les difficiles négociations concernant deux emprises foncières, dans le 12 e et le 15 e arrondissement, sur lesquelles elle projette de créer 800 logements sociaux, grâce notamment au départ d'un dépôt de bus RATP sur le site du futur ministère de la Défense. Concernant la caserne de Reuilly (12 e arrondissement), « j'ai bon espoir », a concédé hier Bertrand Delanoë. En revanche « il n'y aura pas de Pentagone s'il n'y a pas notamment 500 logements à la Croix-Nivert », a-t-il menacé.
Régler le sort de ces deux sites ne sortira cependant pas Paris de la vaste crise du logement dans laquelle toute la petite couronne semble engluée. La capitale, qui est en première ligne (20 % des 125.000 demandes de logements sociaux annuelles émanent de non-Parisiens) en appelle donc à un effort collectif des collectivités. Hier, Bertrand Delanoë a annoncé qu'il allait élaborer, d'ici juin, une proposition de loi visant à créer une « autorité métropolitaine compétente en matière de logement social », réunissant la région, les départements et les intercommunalités, qui serait notamment chargée de mutualiser les efforts de construction sur le territoire de la petite couronne. « On ne réglera pas la crise du logement francilien dans les 105 kilomètres carrés de Paris. Il faut que l'effort dépasse le périphérique », affirme Jean-Yves Mano, l'adjoint au maire chargé du logement. Message à peine voilé à certains édiles de la petite couronne très réticents à l'idée de bâtir, soit parce qu'ils ne veulent pas plus de logements sociaux, soit parce qu'ils redoutent de ne pas pouvoir financer les équipements publics correspondants.
Or le Grand Paris assigne à la région des objectifs très ambitieux : 70.000 nouveaux logements (sociaux et privés) par an. « Nous manquons d'instruments d'incitation comme cela existe dans le Grand Londres », plaide Jean-Yves Mano. Plutôt que de laisser l'Etat prendre la main, Paris rêve donc d'une structure d'autogestion intercommunale. Mais les collectivités se laisseront-elles déposséder de leurs compétences en matière de logement ? Rien n'est moins sûr. «Jean-Paul Huchon,le président de la région est reparti en string de l'Hotel de Ville : il va se faire enlever les compétences qu'il a à la région ! » raille l'UMP Jean-François Lamour pour qui « Delanoë tente de masquer l'échec de sa politique en se défaussant sur les autres collectivités ».
LAURENCE ALBERT, Les Echos