29 Mai 2012
LA TRIBUNE
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Jean Pierre Gonguet
La nouvelle ministre du Logement a récupéré dans ses attributions le très stratégique projet d'aménagement de l'Ile de France contre lequel elle avait voté lorsqu'elle était élue au Conseil régional...Mission impossible? Les ambitions politiques que nourrit l'élue verte à Paris pourraient toutefois l'amener à composer avec ses alliés socialistes
Confier le Grand Paris a une élue qui l'a toujours critiqué, c'est risqué. Risqué car Cécile Duflot, en charge du Logement et de l'Egalité des territoires, s'est désolidarisée de sa majorité politique au Conseil Régional d'Ile de France pour voter contre le protocole du 26 janvier 2011 sur le Grand Paris . Or ce texte, elle est aujourd'hui tenue de le respecter en tant que ministre. Elle était clairement en désaccord avec Jean Paul Huchon et le PS sur le sujet estimant que le projet n'était pas assez "régional", trop étatique. Le "régionarisera t-elle, maintenant qu'elle est ministre? Pas sûr.
Risqué car, après deux ans de foucades et d'autoritarisme de Christian Blanc, le dossier du Grand Paris avait été patiemment déminé par le ministre de la Ville de François Fillon, Maurice Leroy : unanimité politique en Ile de France à l'exception des Verts, après une guerre de tranchées insensée, ce fût un joli coup politique! Faut il revenir dessus, sous prétexte que ce fût acquis d'un gouvernement de droite? Pas sûr non plus.
Un projet à 32 milliards d'euros
Risqué parce que le Grand Paris a été réduit au seul dossier des transports. Au grand dam des architectes qui ont travaillé et rêvé pour rien! Mais la grande boulce coûte 32 milliards et le Conseil régional assume la majorité du financement. Un Etat qui n'a plus les moyens de financer une infrastructure peut il imposer son point de vue à des collectivités qui paient et sont d'accord entre elles? Encore moins sûr!
Risqué car François Hollande prépare un nouvel acte de la décentralisation dont la priorité est le renforcement des compétences des régions. Or, les transports et le développement économique sont de la totale compétence desdites régions. Situation absurde : lorsque Nicolas Sarkozy avait lancé le Grand Paris, il avait créé un secrétariat d'état spécifique à une région. Une mise sous tutelle d'un territoire. Une première dans l'histoire de la République. La manière dont Cécile Duflot s'est battue pour avoir le Grand Paris qui n'était pas naturellement de sa compétence mais de celle des Transports, montre une nouvelle fois l'impossibilité congénitale de l'Etat français de laisser parisiens et franciliens régler eux mêmes leur affaires !
Risqué enfin car des mécaniques de transformation de la gouvernance de l'Ile de France sont en gestation. Ce sera lent, ce sera compliqué, ce sera conflictuel, mais si l'Etat n'embête pas trop les élus franciliens, de nouveaux modes de gouvernance vont apparaître. Une forme d'intelligence collective est peut être en train d'apparaitre en Ile de France : péréquation fiscale, autorité métropolitaine du logement, autorité régionale pour la gestion des eaux et des déchets, fonds de mutualisation des droits de mutation... tout le monde phosphore.
Le plateau de Saclay, pièce maitresse du projet
Mais peut être ont ils tort, après tout, tous ces élus de se méfier de la ministre. Elle peut aider, pas forcément contrecarrer. François Hollande a déjà dit que l'évolution de l'agglomération parisienne serait l'oeuvre des intéressés eux mêmes et qu'il entérinerait le choix définitif. Cécile Duflot a peut être une lettre de mission dans ce snes. Mais elle a surtout une stratégie personnelle. Et le Grand Paris en est un élément essentiel. Elle arrive dans un climat de défiance assez général et ne pourra qu'agir à la marge, mais elle peut faire de la communication intelligente et se placer pour 2014.
Avec le plateau de Saclay, pièce maitresse du projet Grand Paris, elle a, par exemple, un dossier pour se différencier. Il a été très mal géré par François Fillon, et Cécile Duflot libérée de son rôle d'opposante systématique, pourrait montrer sa méthode que beaucoup d'élus attendent depuis qu'elle est au Conseil Régional. Joli challenge : comment une écologiste pilote t elle un dossier industriel et intellectuel de cette ampleur? Mais elle devra privilégier le consensus. L'Ile de France vote à 53% socialiste. Paris à près de 56%. Se mettre à dos les élus socialistes est évidemment un contresens politique. Mais composer avec des élus comme Claude Bartolone ou Manuel Valls pour préparer les successions de Bertrand Delanoë et Jean Paul Huchon a du sens. Un ou deux leaders parisiens devront bien émerger, d'ici 2014...
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L’Humanité
Grand Paris : Duflot suscite l'inquiétude
La nouvelle ministre de l'égalité des
territoires et du Logement n'a pas
attendu la publication au Journal
officiel du décret lui attribuant le
dossier du Grand Paris, vendredi,
pour évoquer une « réévaluation du
projet ». « Je vais lancer, dans les
heures qui viennent (...), une
concertation approfondie avec tous
les acteurs, pour évaluer avec eux
quel est son avenir, l'évaluation qui
est en faite et quelle est la nouvelle
donne », a aussi annoncé, jeudi,
Cécile Duflot. Ces propos ont suscité
l'inquiétude du président du
Val-de-Marne, Christian Favier
(PCF), qui a mis en garde contre
toute « remise en cause » du Grand
Paris Express, dont trois lignes de
métro et dix-sept nouvelles gares
doivent desservir son département à
partir de 2018. Ce projet
d'infrastructures, après avoir fait
l'objet d'une bataille entre les
collectivités territoriales dirigées par
la gauche et le précédent
gouvernement, avait débouché, sur «
un accord unanime entre l'état, la
région et les huit départements
franciliens », souligne Christian
Favier. En pleine campagne
législative, l'occasion était trop belle
pour la droite d'attaquer le
gouvernement. Ce dernier, en
choisissant d'attribuer ce dossier à
Cécile Duflot, « a confié ce projet
majeur à l'une de ses opposantes les
plus virulentes qui, avec son groupe
des Verts au conseil régional
d'Île-de-France, a toujours voté
contre », a déclaré Valérie Pécresse
(UMP). Aussitôt relayée par le
sénateur Yves Pozzo di Borgo
(Nouveau Centre), reprochant que le
Grand Paris ne soit pas rattaché à un
ministère dédié. En ne limitant pas la
construction du Grand Paris aux
transports, « les questions de
solidarité sociale et financière, de
logement, de développement
économique, d'aménagement durable
ne seront plus oubliées », veut croire
Claude Bartolone, président (PS) de
la Seine-Saint-Denis, venu au
secours de la nouvelle ministre.
Christian Favier, président (PCF) du
Val-de-Marne, veille au respect du
projet de transports.
P.Du.
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Le Parisien
« Pour moi, le Grand Paris, c'est la région»
Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France
Le débat sur l'avenir du Grand Paris est lancé. Alors que la ministre de
l'Egalité territoriale et du Logement, l'écologiste Cécile Duflot, est depuis
vendredi officiellement en charge du « développement de la région
capitale », le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon,
répond à nos questions sur ce dossier et ses espoirs pour l'I1e-de-France.
Quel espoir formulez-vous pour la région avec ce nouveau gouvernement?
JEAN-PAUL HUCHON. J'attends
avant tout qu'il accorde des libertés
d'initiative aux collectivités locales,
dans les secteurs du logement, des
transports, de l'aménagement et du
développement économique. Pour
cela, la nouvelle étape de la
décentralisation promise par François
Hollande est indispensable.
Est-ce la fin de la Société du Grand Paris (SGP) ?
Le Grand Paris de Sarkozy a été fait
sur une vision strictement régalienne,
sans considération des institutions
qui sont en charge des transports.
J'attends que la SGP et le Stif *
travaillent de concert. Il faut assurer
une cohérence. Et pour cela, la
question de la gouvemance est
essentielle. Aujourd'hui, nous avons
deux structures indépendantes: le
Stif, géré par les collectivités, et la
SGP, émanation de l'Etat, chargée du
projet de la grande boucle de métro
interbanlieues. On peut décider que
le Stif aura autorité sur la SGP et son
supermétro, ou l'on peut opter pour
une fusion du Stif et de la SGP. La
loi du Grand Paris doit être révisée.
Une partie, au moins, des ressources
de la SGP doit être dévolue au Stif
afin d'être utilisée pour
l'amélioration de l'existant, des
trains du RER circulant actuellement
au quotidien. C'est une demande des
usagers.
Et. que faites-vous de la volonté de créer un Grand Paris au-delà des transports?
Seul le Grand Paris des transports
existe pour l'instant. Le reste n'existe
aujourd'hui qu'à l'état virtuel. Pour
moi, la métropole, le Grand Paris,
c'est la région, tout est lié. C'est un
territoire sur lequel tout s'articule, en
matière de transports comme en
matière de logement ou d'emploi. On
ne peut pas privilégier une partie de
ce territoire par rapport à une autre.
Ce serait une erreur, politiquement
notamment. Si le vote FN est plus
important en grande couronne, c'est
en partie à cause du sentiment
d'isolement. Il faut lutter contre cet
isolement géographique et
économique.
Quels moyens préconisez-vous pour cela?
Il n'est pas utile de créer une
collectivité nouvelle. En revanche, on
pourrait créer une autorité regroupant
la région, la Ville de Paris, les
départements, les intercommunalités
et communes qui le souhaitent pour
répondre à la question essentielle du
logement sur nos territoires. Cette
autorité organisatrice tenant compte
des spécificités de la région,
c'est-à-dire où Paris et le conseil
régional auraient un poids
conséquent.
Quelle demande concrète adressez-vous au gouvernement?
Qu'il m'accorde des moyens
financiers pour l'I1e-de-France. Que
l'on sorte de ce système scandaleux
qui consiste à donner de plus en plus
de compétences à la région sans lui
accorder les ressources qui
correspondent. La solution serait
d'accorder aux régions un impôt
économique dynamique, c'est-à-dire
réactif par rapport à la conjoncture.
* Sayndicat des transports
d'I1e-de-France.
Propos recueillis par Frédéric Choulet
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AFP
CRETEIL, 25 mai 2012 (AFP) - Le président du conseil général du Val-de-Marne Christian Favier
(Front de Gauche) a mis en garde vendredi contre toute "remise en cause" du projet du Grand Paris,
s'inquiétant notamment du choix de l'écologiste Cécile Duflot pour porter ce dossier au sein du
gouvernement.
"Avoir confié ce dossier essentiel pour l'avenir de la Région capitale à une ministre présidente d'un
groupe qui ne l'a pas soutenu à la Région n'est pas forcément le meilleur signe donné sur le sujet", a
estimé Christian Favier dans un communiqué.
Géré avant l'élection présidentielle par le ministre de la Ville Maurice Leroy, le dossier a été confié dans
le nouveau gouvernement à Cécile Duflot, la ministre de l'Egalité des territoires. Elle a annoncé jeudi
qu'elle allait lancer une concertation "dans les jours qui viennent" avec "tous les acteurs" du projet,
assurant agir "sans a priori".
Le projet comprend notamment Grand Paris Express, une double boucle de métro automatique
nécessitant la construction de 205 km de nouvelles voies qui doit être bouclée vers 2025. Le premier
forage de reconnaissance du sol a été réalisée fin mars à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
"J'entends et je lis, à l'occasion de la mise en place du nouveau gouvernement, des propos inquiétants
sur le devenir de projet de transport du Grand Paris Express", a indiqué M. Favier.
"Toute remise en cause de ce projet qui a fait l'objet d'un accord unanime entre l'Etat, la Région Ile-de-
France et les huit départements franciliens, serait incompréhensible pour nos concitoyens et funeste
pour nos territoires", a poursuivi l'élu.
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AFP
IdF-transports-collectivités-gouvernement -partis
Des élus PS saluent l'attribution du Grand Paris à Duflot après plusieurs critiques (LEAD GENERAL)
PARIS, 25 mai 2012 (AFP) - Des élus PS dont Claude Bartolone, ont salué vendredi l'attribution
du dossier de Grand Paris à la ministre écologiste Cécile Duflot après que celle-ci a été la cible de critiques
dans la journée.
Pour Claude Bartolone, député PS de Seine-Saint-Denis, "c'est un symbole fort et porteur
d'espoir pour la Seine-Saint-Denis. Cela ouvre clairement une nouvelle ère dans la construction du Grand
Paris".
"Le Grand Paris doit désormais devenir un projet global où les questions de solidarités sociales
et financières, de logement, de développement économique, d'aménagement durable ne seront plus
oubliées", a ajouté M. Bartolone, également président du conseil général.
Autre soutien apporté à la ministre, celui de Luc Carvounas, sénateur-maire PS d'Alfortville
(Val-de-Marne). Dans un communiqué, il "salue les récents engagements pris par Cécile Duflot en faveur
d'une avancée rapide sur le Grand Paris et du lancement d'une concertation avec l'ensemble des acteurs
concernés.
1/ rappelle cependant que "la vigilance des élus territoriaux sera aussi importante que leurs
attentes".
Vendredi, la chef de l'opposition au conseil régional d'ile-de-France, Valérie Pécresse (UMP), a
jugé le projet du Grand Paris était "menacé" par l'attribution du dossier à Cécile Duflot, "l'une de ses
opposantes les plus virulentes".
"En choisissant d'attribuer ce dossier à Cécile Duflot, le gouvernement fait le choix
incompréhensible de confier ce projet majeur à l'une de ses opposantes les plus virulentes qui, avec son
groupe des Verts au conseil régional d'Ile-de-France, a toujours voté contre", a écrit Mme Pécresse dans un
communiqué intitulé "menace sur le Grand Paris".
"En affirmant vouloir le +rediscuter, notamment pour permettre une articulation plus importante
entre les collectivités locales et l'Etat+, Cécile Duflot annonce-t-elle en réalité le démantèlement programmé
du Grand Paris?", a-t-elle demandé.
Mme Duflot a annoncé jeudi qu'elle lancerait une concertation "dans les jours qui viennent" sur le
Grand Paris avec "tous les acteurs" du projet, en affirmant agir "sans a priori".
Le sénateur centriste (NC) de Paris Yves Pozzo di Borgo a aussi critiqué l'attribution de cette
responsabilité "à une élue écologiste qui annonçait il ya peu que le Grand Paris ne se ferait pas".
Pour sa part, le président du conseil général du Val-de-Marne Christian Favier (Front de
Gauche) a mis en garde contre la "remise en cause" du projet du Grand Paris, s'inquiétant également du
choix de Mme Duflot pour défendre le dossier au sein du gouvernement.
En février 2010, Mme Duflot avait estimé que le concept du Grand Paris prôné par Nicolas
Sarkozy était "une vision de l'aménagement du territoire datant des années 1970". Mais elle avait aussi
affirmé lors de la campagne des régionales de 2010 que les "décisions" sur l'organisation du Grand Paris
"devront être validées par référendum", et avait assuré qu'elle se battrait pour que "les Franciliens décident
de leur avenir".
Le projet comprend notamment Grand Paris Express, une double boucle de métro automatique
nécessitant la construction de 205 km de nouvelles voies qui doit être achevée vers 2025. Le premier forage
de reconnaissance du sol a été réalisé fin mars à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
kap/sm/DS