16 Janvier 2012
Logement, emploi, urbanisme : François Fillon lance l'acte II du Grand Paris
Neuf collectivités locales de Seine-Saint-Denis signeront ce matin avec le gouvernement le premier accord-cadre du Grand Paris. Destiné à redynamiser un territoire déjà très prometteur, ce contrat de développement territorial prévoit la création annuelle de 4.200 logements et 7 gares.
D'ordinaire, le Grand Paris est plutôt une chasse gardée présidentielle, sur laquelle François Fillon ne s'aventure guère. Le Premier ministre, très présent sur le territoire parisien en ce moment, fera cependant une exception ce matin. Il portera sur les fonts baptismaux l'un des volets les plus concrets de la réforme : les contrats de développement territoriaux (CDT), vastes projets d'aménagement (urbanisme, emploi, logement...) destinés à booster, dès 2015, 17 territoires franciliens. « Le premier accord-cadre, qui concerne le territoire de la culture et de la création de Plaine Commune, sera signé aujourd'hui », confirme le préfet Daniel Canepa, qui martèle : « Le Grand Paris n'est pas en panne ! »
Symbolique, cet accord le sera à plus d'un titre. Non seulement parce que la communauté d'agglomération de Plaine Commune (1) (400.000 habitants, 4.800 hectares) est l'un des territoires les plus pauvres, mais les plus prometteurs d'Ile-de-France. Mais aussi parce que, vingt ans après avoir construit le Stade de France qui a changé le destin du sud de la Seine-Saint-Denis, l'Etat prévoit d'y intervenir à nouveau massivement. Le CDT ne prévoit pas moins de sept nouvelles gares dont celle de Pleyel, la plus importante du futur réseau Grand Paris. Sur cette zone appelée à devenir le coeur battant du futur « territoire de la création » où voisinent aujourd'hui start-up et friches industrielles, l'Etat et les élus ont convenu d'édifier un vaste quartier d'affaires et de logements. La Cité du cinéma de Luc Besson, où sera signé l'accord, en sera l'un des fers de lance : elle ouvrira ses portes dès mai, prolongeant la tradition du quartier, fief historique des studios de tournage. Autre blockbuster, SFR, qui s'installera en 2015, donnant une coloration très « télécoms » au quartier (12.500 salariés), qui accueille déjà Orange et T-Systems. « Nous serons au coeur du cluster de la création avec à la clef des synergies possibles », se réjouit Vianney Helzière, directeur immobilier de SFR. Plaine Commune deviendra alors le troisième bassin d'emploi de la métropole, avec 400 entreprises dans le secteur de la création et 175.000 emplois au total. Un dynamisme lié à la proximité de Paris et aux faibles loyers, qui ne laisse pas l'Etat indifférent. « Ce n'est pas un hasard si nous signons les premiers. Cela fait longtemps que nous, élus, avons un projet de développement. Et que les entreprises suivent », affirme Patrick Braouezec, président de Plaine Commune. Un CDT était il nécessaire ? « C'est un second souffle. Et l'appui de l'Etat peut être utile en temps de crise », note Didier Paillard, le maire de Saint-Denis.
4.200 logements par an
Mieux desservie par les transports, Plaine Commune devra payer son tribut à l'effort de construction de logements voulu par le Grand Paris : le CDT en prévoit 4.200 de plus par an. Les élus sont parvenus à obtenir de l'Etat la promesse d'un équilibre : 1,60 mètre carré de logement pour 1 mètre carré de bureau. L'Etat s'engage aussi à modifier la loi pour soutenir financièrement les maires bâtisseurs qui craignent de ne pas pouvoir payer de nouveaux stades, crèches et écoles. Un grand équipement culturel et sportif type Arena verra aussi le jour. Dernier volet et non des moindres, l'emploi. « Ce dynamisme économique doit mieux profiter aux habitants », martèle Patrick Braouezec. Le CDT prévoit un soutien accru à la formation et suggère aux entreprises de privilégier l'emploi local. Le texte va désormais être soumis à enquête publique. Les chantiers pourraient démarrer dans la foulée, à condition que les financements soient au rendez-vous. Ce qui reste la grande inconnue pour nombre d'élus qui vont signer les accords-cadres sans n'avoir rien réglé du volet financier. « Nous nous demandons encore jusqu'ou l'Etat pourra s'engager », souligne Patrick Braouezec
« Quatre autres accords seront signés d'ici à un mois » sur lesechos.fr/ile-de-france
Laurence Albert, Les Echos