8 Novembre 2009
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Dix équipes d'urbanistes et d'architectes ont par ailleurs été invitées à "rêver la métropole de l'après-Kyoto". Leurs propositions sont exposées jusqu'au 22novembre à la Cité de l'architecture. Celle de l'architecte Antoine Grumbach semble avoir éclipsé les autres: développer une "ville nature" depuis Paris jusqu'au Havre.
La revue Futuribles consacre le "Forum" de son numéro de novembre à ce dossier très conflictuel. A travers les contributions de Jean- Paul Lacaze, haut fonctionnaire spécialiste des questions d'urbanisme, et de Jean Haëntjens, directeur de l'Agence pour le développement durable de la région de Saint-Nazaire. Le premier, très critique à l'égard du projet gouvernemental, juge l'idée d'un "Paris port de mer" "totalement irréaliste". L'enjeu principal, selon lui, reste le déséquilibre régional, maintes fois commenté, "entre l'Est populaire et l'Ouest qui détient les deux tiers des emplois". Il rappelle que les vagues successives de désindustrialisation et leurs 500 000 suppressions d'emplois d'ouvriers ont rendu caduc un réseau de transport conçu à un moment où l'on pouvait changer d'employeur pour réduire son trajet.
Répondre à la nouvelle demande de déplacements de banlieue à banlieue? C'est une nécessité. Mais est-on sûr que la nouvelle rocade de métro y répondra? Quid de la question du logement, "qui ne reçoit que la réponse rituelle et dogmatique de la densification, alors que cette dernière ne pourra jamais être portée au niveau nécessaire" ? Enfin, l'injonction "d'inventer la ville" lancée aux équipes sélectionnées est, pour Jean-Paul Lacaze, "une erreur totale", la ville ne résultant pas d'un processus d'invention, "sauf à vouloir renouveler la triste expérience des grands ensembles". La voie qu'il propose a l'avantage du pragmatisme: utiliser les 35milliards d'euros que l'Etat a l'ambition de mobiliser pour expérimenter en vraie grandeur une vingtaine d'éco-quartier – dont dix en province – et renforcer les axes de transport en commun saturés. Le tout en prenant soin de rechercher l'appui des collectivités locales.
Jean Haëntjens formule les choses autrement: "Comment oublier l'urbanisme d'Etat", "s'affranchir de l'ombre d'Haussmann" et "faire travailler ensemble un pouvoir politique ayant une vision, des techniciens compétents et une population démocratiquement représentée"? Cette méthode, expérimentée avec succès à Lyon, Barcelone, Copenhague ou Bilbao, peut-elle prendre à Paris? Jean Haëntjens en doute, constatant en Ile-de-France, en plus d'un handicap d'échelle, "un dramatique déficit de gouvernance politique" avec une constellation de baronnies locales éparpillées autour de la ville capitale. Au moins, note-t-il, "la consultation des architectes a eu le grand mérite d'ouvrir des horizons".