7 Mai 2014
Banlieue Is Beautiful se tiendra au Palais de Tokyo à Paris le 16-17-18 mai 2014. En 3 jours, 36 heures, ce festival dédié à la culture en banlieue a pour ambition d’établir un pont entre cette banlieue méconnue, stigmatisée, source de fantasmes et le monde de l’art contemporain. Banlieue Is Beautiful est une œuvre participative de l’artiste américain Monte Laster, installé au Moulin Fayvon à La Courneuve depuis 20 ans. Entre réflexion et action, l’œuvre de Monte Laster se déploit sur 3 axes : art, identité et rénovation urbaine. Son engagement social et éducatif entre en écho avec les travaux récents de l’artiste Theaster Gates dans ses Dorchester Projects à Chicago ou de Thomas Hirschhorn,« Monument to Gramsci », dans le Bronx.
Banlieue Is Beautiful, le festival, propose pour tous les publics performances, vidéos, musiques, slam, rap, art oratoire, danse, débats, échanges, dans un décloisonnement des pratiques artistiques et de leur perception. À l’heure du Grand Paris, le Palais de Tokyo, fort de sa mission de centre d’art du XXIème siècle, prend le pari de s’affranchir de la hiérarchie des arts, de ses formats convenus et propose à son public d’accéder, au propre comme au figuré, à la vie, à la vie artistique au-delà du Périph.
Monte Laster, habitant et fin connaisseur de la vie et de la culture en banlieue invite le Palais de Tokyo et son public habituel à questionner son rapport à l’art, à ses acteurs, à ses usages. Explorant la dichotomie de l’émancipation et de l’intégration du regardeur, la proposition de Monte Laster s’inscrit dans le champ de la sculpture sociale incarnée par la figure mythique de Joseph Beuys influencé par l’anthroposophie de Rudolf Steiner, de John Cage et des recherches du groupe Fluxus qui, entre autres, ont fait de l’intention de l’artiste le cœur de l’œuvre. Monte Laster reconfigure les pratiques de l’art en y intégrant pleinement la participation, l’échange, les relations humaines et leur contexte social. Ici, l’engagement social est utilisé, au-delà de la notion d’esthétique, en tant que médium artistique à l’instar de la peinture ou de la photo.
Cet art des pratiques sociales, dont Claire Bishop a dressé le génôme dans son livre paru en 2012 : « Artificial Hells: Participatory Art and the Politics of Spectatorship » s’inscrit dans la lignée de l’Esthétique Relationnelle théorisée par Nicolas Bourriaud dans les années 90. Ainsi, bousculant le monde de l’art et transgressant ses codes, Banlieue Is Beautiful fera date en Europe par sa capacité à mélanger, faire dialoguer et enrichir des publics qui ne se connaissent pas, en produisant cette forme artistique novatrice qu’est l’art participatif.
Joseph Beuys disait : "Penser est déjà sculpter."