7 Janvier 2008
Entre Noël et le jour de l'an un appel d'offre a été publié dans le Moniteur.Voici le texte introductif. Les commentaires dans les jours à venir.
1.1 Présentation de la consultation
A l’occasion de l’inauguration de la Cité de l’architecture et du patrimoine, le 17 septembre 2007, le président de la République française a affirmé toute l’importance qu’il convient d’accorder à la qualité architecturale, urbaine et paysagère du cadre de vie des Français. A cette occasion, il a exprimé le souhait qu’un “ nouveau projet d’aménagement
global du grand Paris ” puisse faire l’objet d’une consultation internationale et mobiliser ainsi prochainement les compétences professionnelles d’une dizaine d’agences d’architecture et d’urbanisme. Ont ainsi été précisées les orientations esquissées lors de l’inauguration du
Satellite n° 3 de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, le 26 juin 2007.
Cette consultation internationale est l’objet du présent document d’appel d’offres publié à l’attention des équipes de professionnels désireuses de se porter candidates. C’est une
consultation de Recherche et Développement (R&D) « pour l’avenir du Paris métropolitain » au sens où elle se donne pour ambition de réunir les éléments de connaissances et les propositions stratégiques d’aménagement conduisant effectivement à l’élaboration collective d’un “ diagnostic prospectif, urbanistique et paysager, sur le grand Paris à l’horizon de vingt, trente voire quarante ans ”.
Engagée par l’Etat, cette consultation internationale s’inscrit donc dans une démarche de réflexion prospective et stratégique résolument située en amont des dynamiques de concertation, des démarches de projets et des processus de décision. Elle est une phase indispensable de mobilisation des compétences susceptibles de procurer la matière de cette « intelligence spatiale du territoire » sans laquelle il n’y a pas de développement raisonné de
la métropole contemporaine. Elle est une étape d’expertise fondamentale qui permet au « diagnostic prospectif » d’être au carrefour de la recherche et de l’action, du scientifique et du politique. En somme, c’est un moment clé qui doit permettre de réunir les savoirs et savoir-faire autour d’une ambition commune qui, à ce stade préliminaire, doit être largement
partagée. C’est pourquoi il s’agit d’une démarche conduite par l’Etat qui s’effectuera en concertation avec l’ensemble des collectivités concernées.
1.2 Contexte de la consultation
L’organisation de cette consultation internationale de R&D sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » s’inscrit dans le cadre d’une politique scientifique existante, au sein du Programme interdisciplinaire de recherche sur “ L’architecture de la grande échelle ” (AGE) conçu et mis en oeuvre depuis 2006 par le ministère de la Culture et de la Communication (MCC) en partenariat avec le ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD). Ce programme permet aujourd’hui de financer les
travaux de recherche scientifique de huit équipes par an pendant quatre ans. Il a pour caractéristique principale de réunir, autour d’une même ambition de production de connaissances sur les territoires, les compétences triangulaires des acteurs de la recherche, de l’enseignement et de la pratique professionnelle.
C’est dans le contexte de cette politique scientifique incitative mise en oeuvre à l’échelle nationale qu’est organisée la présente consultation internationale de R&D sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne ».
Il convient par ailleurs de souligner qu’une telle démarche doit être située dans le contexte immédiat des politiques gouvernementales en faveur du développement durable
(Perspectives d’action issues du Grenelle de l’Environnement) et de la recherche scientifique
(Programme « Villes durables » de l’Agence nationale de la recherche ; Programme
interdisciplinaire de recherche Ville et Environnement du CNRS). Il convient enfin de préciser que cette consultation est le premier volet d’un plan d’actions consacré à l’aménagement et à la gouvernance de l’agglomération parisienne. C’est ainsi qu’il faut comprendre que le chantier prioritaire du « diagnostic prospectif » d’aménagement de l’espace vient côtoyer le chantier de la « Gouvernance de l’Ile-de-France », celui des « Grandes opérations d’urbanisme » et celui des « Infrastructures de transports ».
1.3 Objectifs de la consultation
La consultation internationale sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » est donc identifiée, non pas comme un processus traditionnel de mise en concurrence de professionnels de la maîtrise d’oeuvre pour l’obtention d’un marché, mais comme le dispositif d’une recherche collective, mobilisatrice d’une dizaine de démarches pluridisciplinaires. Plus qu’un concours d’idées, il s’agit donc d’un appel à projets de recherche et développement (R&D) dont les productions seront de nature à éclairer la décision.
Les objectifs de cette consultation affichent clairement la nécessité d’obtenir à l’issue d’une période de six mois de travail un ensemble cohérent de productions à la fois théoriques et pratiques, à la fois conceptuelles et opérationnelles. Il s’agit donc bien d’organiser le dispositif efficace d’une dynamique collective permettant aux dix équipes sélectionnées de produire, au sein d’ateliers de recherche, le corpus d’une « pensée territoriale » consacrée à l’avenir de la métropole du XXIe siècle en général, et à l’avenir de l’agglomération parisienne en particulier.
Parmi les ambitions de cette action incitative, il y a donc la volonté de susciter l’émergence d’une réflexion originale visant à situer le cas de l’agglomération parisienne dans le contexte du développement rapide des métropoles à l’échelle mondiale. C’est un contexte spatial car Paris est une des capitales mondiales qui ne peut pas entièrement revendiquer le
statut, l’identité et la cohérence d’une métropole. Mais c’est aussi un contexte temporel car le débat sur l’avenir dudit « Grand Paris » est déjà ancien et a déjà produit de multiples réflexions et propositions. Ainsi faut-il considérer que les objectifs de cette consultation visent à fournir des orientations théoriques et des propositions pratiques capables de nourrir les réflexions relatives au processus de croissance métropolitaine de l’agglomération
parisienne.
1.4. Problématique générale de la consultation
La consultation internationale de recherche et développement sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » fait le choix de solliciter les compétences de dix équipes pluridisciplinaires pour que la situation spécifique de l’agglomération parisienne puisse être étudiée dans le contexte d’évolution des grandes métropoles mondiales. C’est ainsi que la problématique générale de cette consultation identifie deux chantiers de recherche consacrés au développement des spatialités de l’aire métropolitaine. Le premier relève plus d’une recherche fondamentale focalisée sur « La métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto ». Le second relève davantage d’une recherche appliquée sur « Le diagnostic prospectif de l’agglomération parisienne ». Mais tous les deux sont précisément focalisés sur les dimensions spatiales de la ville contemporaine. Tous les deux sont destinés à produire les connaissances nécessaires à l’émergence d’une « pensée territoriale » qui place la question
urbaine au centre des priorités du développement durable. Tous les deux sont consacrés à l’élaboration de stratégies d’aménagement de l’espace sur le long terme du territoire métropolitain. Tous les deux, enfin, sont susceptibles de nourrir les étapes successives de négociation, de concertation et de décision qui fondent de manière démocratique la gouvernance et le gouvernement des villes.
Les équipes pluridisciplinaires sélectionnées par le présent appel d’offres auront à assumer la cohérence de ces deux chantiers complémentaires qui auront en commun une thématique de recherche. Ainsi, telle équipe pourra par exemple choisir de concentrer son effort de recherche sur la question des infrastructures de transports ; telle autre équipe pourra de son côté choisir d’étudier plus particulièrement les problématiques du logement ; une
troisième pourra quant à elle focaliser son énergie sur l’urbanisme universitaire. Mais en dehors de cette orientation thématique qui tend à mettre l’accent sur une des dimensions programmatiques de la ville contemporaine, toutes les équipes auront à structurer une analyse prospective appliquée à la métropole du XXIe siècle d’une part, et à l’agglomération parisienne d’autre part.
1.4.1 « La métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto »
Ouvert à ratification il y a 10 ans, le protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique mobilise les pays signataires jusqu’en 2012. Il est connu comme étant le premier calendrier chiffré qui engage de la communauté internationale en faveur de l’environnement. Mais depuis 10 ans, de nouvelles connaissances et de nouvelles prises de conscience conduisent à souligner le rôle majeur du développement des métropoles dans l’équilibreenvironnemental de la planète.
Historiquement, les métropoles apparaissent au XIXe siècle à travers la figure spatiale des villes confrontées aux enjeux politiques de l’industrialisation. Au cours du XXe siècle, elles assument plus ou moins le rôle de régulateur social et démocratique ; leur métamorphose progressive s’exprime dans le passage d’une ville de la production à une ville de la consommation. Depuis, elles subissent une pression économique et démographique sans précédent qui remet en question cette échelle, cette cohérence, cette identité politique et
culturelle héritée de la modernité. Aujourd’hui, la métropole du XXIe siècle se profile donc comme une « présence territoriale » dont les caractéristiques vivantes font l’objet de toutes les spéculations. Certaines sont évidemment socioéconomiques et politiques. D’autres sont plus spatiales et culturelles, nourries depuis plus d’un siècle par les sciences de la ville et l’art
urbain. Elles interrogent notamment les disciplines de l’aménagement de l’espace sur la pertinence des échelles de perception, de conception et de transformation des territoires métropolitains. Elles interrogent aussi les acteurs professionnels de cette évolution permanente au sujet des temporalités qui qualifient le « temps long » des paysages urbains, suburbains et ruraux.
Mais face aux mutations de plus en plus rapides et incontrôlées de la ville territoriale, comment faut-il repenser la fonction du modèle spatial dans les procédures de négociation entre ces multiples acteurs ? Quelles stratégies faut-il imaginer pour pouvoir maîtriser le développement de qu’on pourrait appeler une « métropole négociée » ? Comment un monde abstrait façonné par les flux, les énergies et les informations peut-il participer aux
collectives d’une métropole humaine à l’échelle territoriale ? Et puis, faut-il
raisonner en termes de stratégie programmatique, d’armature territoriale, delogique énergétique ou d’équilibre écologique ?
Tel est le type de questions qui se posent lorsqu’on tente d’appréhender et d’analyser la réalité mondialisée du maillage des métropoles contemporaines. Tel est l’esprit de ce premier chantier de la consultation qui exige, non seulement de construire un objet de recherche pertinent par rapport à la problématique générale, mais aussi d’adopter une méthode efficace et des modes de représentation originaux, souvent expérimentaux, correspondant au
positionnement théorique de chaque équipe pluridisciplinaire. Car c’est à partir de cette méthode (atlas, scénarios, fictions, récits…) que la vertu didactique des productions de recherche sera garantie. Pour cette analyse prospective de « La métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto », il convient donc de comprendre les enjeux d’une correcte adéquation entre les approches conceptuelles et leurs représentations matérielles en assumant, le cas échéant, que les représentations soient elles-mêmes l’objet du travail de recherche.
1.4.2 « Le diagnostic prospectif de l’agglomération parisienne »
Le débat public s’est récemment emparé de cette question dite « du Grand Paris » qui se pose en réalité depuis près d’un siècle, et qui semble jusqu’à présent n’avoir pas su trouver une réponse satisfaisante. Dans la compétition des villes de rang mondial, Paris occupe une place respectable qui souffre néanmoins d’un déficit chronique lié à son périmètre et à sa gouvernance. Sur cetteinterrogation fondamentale comme sur tant d’autres sous-jacentes, il existe une littérature déjà abondante qui doit nourrir la réflexion de chacun. Mais il convient aussi que ce débat public puisse être alimenté par le résultat des travaux de recherche en cours ou à venir. A la lumière des réflexions et productions élaborées dans le cadre du chantier sur « La métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto », il s’agit ici d’appréhender le cas de l’agglomération parisienne.
Il est sans doute vrai que, dans le contexte de la concurrence internationale des métropoles, l’échelle de la « région urbaine » paraît être la plus appropriée pour une approche globale des problématiques urbaines de Paris. A l’instar de certaines métropoles européennes telles que Berlin (« le Grand Berlin »), Londres (« le Grand Londres ») ou Madrid, l’identité
de la « région capitale » de la France doit être en de nombreux points réévaluée. Quels sont donc les critères opératoires de comparaison permettant de situer Paris dans le paysage des « villes mondiales » ? Comment faut-il penser l’évolution spatiale du territoire occupé et du paysage habité de la région Ile-de-France ? Comment négocier l’écart des deux millions de Parisiens dans les 105 km2 de leur ville avec les neuf autres millions de Franciliens dans les 12 000 km2 de leur région ? Quel périmètre réinventer ?
Le projet spatial du « Paris métropolitain » est de nature géographique. Il pose la question du type de gouvernance qui serait capable de porter à son plus haut d’efficacité la gestion et l’anticipation des problèmes sociaux, économiques et environnementaux à venir.
Quelle est ainsi l’adéquation entre le modèle spatial et le modèle de gouvernance dont l’échelle dépasse et intègre les limites actuelles de toutes sortes (économiques, politiques, sociales...) ? Comment concevoir les dispositifs spatiaux susceptibles d’intégrer les contraintes de flux, de mobilité et de peuplement ? Comment aborder les problèmes urgents de la pollution et des énergies qui affectent l’agglomération parisienne comme toutes les autres agglomérations urbaines ?
Le second chantier de cette consultation suggère que les équipes pluridisciplinaires puissent approfondir certaines des investigations théoriques déjà engagées en les adaptant au cas de l’agglomération parisienne. Il est prévu notamment que la dominante thématique appréhendée dans l’étude sur « La métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto » par chaque équipe puisse trouver résonance dans les propositions stratégiques d’aménagement de l’espace pour l’agglomération parisienne. On prendra soin notamment de quantifier, de qualifier, de situer et de représenter les orientations du « diagnostic prospectif ». Eu égard aux qualités particulières de Paris qui associent l’ambition des projets économiques avec une forte
valeur patrimoniale, les propositions devront également souligner tout ce qui fait que ce territoire en devenir ne peut pas être confondu avec un autre, que cette métropole à venir ne peut pas être assimilée à une autre, et que les qualités de nature et de culture qui sont ici exprimées ne le sont peut-être pas ailleurs.
1.5 Méthode de la consultation
L’opération sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » prévoit le financement de dix équipes pluridisciplinaires (voir § 3) composées et structurées spécialement pour répondre aux exigences de l’appel d’offres. Elles travailleront dans le cadre d’un dispositif précis de
suivi, de concertation et de coordination.
A la grande différence d’un concours d’idées ou d’un marché de définition, la consultation sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » relève donc d’une réflexion prospective et
mobilise pendant près de six mois dix équipes de recherche placées chacune sous la responsabilité d’un architecte-urbaniste.
1.6 Moyens de la consultation
L’opération sur « Le grand pari de l’agglomération parisienne » est dotée des moyens nécessaires à la consultation elle-même (c’est à dire à la rémunération des équipes pluridisciplinaires sélectionnées), mais aussi à la publication, à l’exposition et à la diffusion des travaux de recherche élaborés. Sont également prévues et financées les étapes de concertation qui, à l’occasion des séminaires de coordination scientifique, permettront de solliciter à plusieurs reprises les représentants des organismes partenaires et collectivités
locales concernées. L’essentiel des enveloppes budgétaires consacrées par l’Etat à cette opération relève des crédits du ministère de la Culture et de la Communication.
Pour garantir la qualité des travaux de recherche, sont mobilisés les moyens logistiques et opérationnels des partenaires de la consultation. Les équipes pluridisciplinaires pourront ainsi disposer des sources et matériaux les plus récents et les plus précis pour mener à bien leurs
investigations.
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/01---reglement-de-consultation---grand-pari.pdf
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/05---ccap---grand-pari.pdf