29 Octobre 2007
A quelques exceptions près - la tour Dexia, dans le quartier du Front de Seine (15e), qui date de 1990 - Paris ne construit plus guère de gratte-ciel depuis près de trente ans. En arrivant au sommet de l'Etat, Valéry Giscard d'Estaing a mis indirectement fin à la folie des hauteurs des années 1960 et 1970. Alors que Georges Pompidou milite encore en 1972, dans un entretien au Monde, pour de "belles" tours dans la capitale, VGE, à peine élu président, "demande symboliquement l'arrêt de la tour Apogée" dans le secteur de la porte d'Italie (13e). La tour Montparnasse (1973) est jugée ratée, et les erreurs de l'urbanisme sur dalle des années 1970 ont suscité un rejet des tours parmi les Parisiens. Dès 1972, raconte Rémi Rouyer, architecte, auteur d'une étude sur les "hauteurs à Paris" (APUR, 2007), l'Etat réfléchit à une limitation des hauteurs dans le nouveau plan d'occupation des sols (POS) de la ville. En 1977, le Conseil de Paris entérine l'interdiction de construire au-dessus de 37 mètres prévue dans le projet de POS de l'Etat. "Ne vaudrait-il pas mieux accepter des immeubles un peu plus hauts, demande Bertrand Delanoë, dans une interview à Libération, en avril 2003, pour réaliser un grand parc en surface, et, dans le parc, une crèche ?" Le nouveau maire estime que "la question des hauteurs doit être posée". Mais, la même année, une consultation organisée par la Ville montre que 63 % des Parisiens sont hostiles aux tours. Les Verts, dans la majorité municipale, sont contre, vent debout. La Mairie ne donne donc pas suite à des études de tours dans le 13e et dans le 18e. Le plan local d'urbanisme voté en 2006 maintient le plafond des 37 mètres. Depuis 2006, le maire de Paris est reparti à la charge : création d'un groupe de réflexion sur les hauteurs composé d'élus et d'urbanistes, et appel à douze cabinets d'architectes pour réfléchir à des ébauches.
Pour démontrer que l'opinion peut évoluer, Pierre Mansat, adjoint (PCF) au maire chargé des relations avec les collectivités territoriales, a créé, vendredi 26 octobre, "une conférence citoyenne" composée de Parisiens et de banlieusards, qui recevront une formation sur les "nouvelles formes urbaines".
Béatrice Jérôme Article paru dans l'édition du 30.10.07