4 Juin 2007
11 avril 2005 . Inauguration de la Place Joseph Epstein – Paris 20e
Pierre Mansat Adjoint au maire de Paris Elu du 20e arrondissement
Au nom des Elus communistes de Paris
Mesdames, Messieurs, Chers Amis et camarades Cher Georges, Gilles, Boris et toute la famille Comme toujours dans ces circonstances, c’est avec humilité et sous votre contrôle que je prononcerai ces quelques mots au nom des élus communistes de Paris. Permettez-moi un souvenir personnel. Il y a quelques années, alors qu’il inaugurait au Père Lachaise le monument aux FTP-MOI, Henri ROL TANGUY a rendu un hommage appuyé au colonel GILLES, à Joseph EPSTEIN. Il soulignait l’injustice que constituait l’insuffisance de la reconnaissance publique du rôle joué par Joseph EPSTEIN dans la résistance à l’occupant nazi. Quelques années après, Paris honore un homme exceptionnel. Le journal l’Humanité évoquant la vie de Joseph EPSTEIN parle de lui comme une légende. Il est une figure lumineuse. Nous honorons aujourd’hui le résistant, le communiste, juif polonais, qui inscrit sa vie dans la lutte pour la liberté, jusqu’au sacrifice suprême, en France, pour la France. Il est né à Zamosc, ville de Pologne, ville natale de Rosa Luxemburg et du grand poète yiddish Itshak PERETZ, dans une famille aisée, de grande culture. Adhérant très jeune au Parti Communiste polonais, militant contre la dictature de PILSUDSKI, arrêté, il doit quitter la Pologne et s’installer en France, à Tours. Il y poursuit son action parmi les ouvriers immigrés, menacé il doit partir à Bordeaux, avec sa compagne Paula. Il étudie le droit, obtient son diplôme d’avocat, milite au Quartier Latin contre le fascisme au coté de Lucie Aubrac, devient responsable des jeunesses communistes et du Parti Communiste Lorsqu’éclate le coup d’état franquiste. Joseph EPSTEIN est l’un des premiers antifascistes étrangers à partir combattre aux côtés des républicains espagnols, avant même la création des Brigades Internationales. Blessé, convalescent en France, il partage les activités de France Navigation, la compagnie maritime créé par les communistes pour approvisionner l’Espagne républicaine en armes. De retour en Espagne, il souhaite être affecté à une unité combattante et il s’illustre dans la bataille de l’Èbre. A la dissolution des Brigades Internationales, il est emprisonné en France au camp de Gurs. A la déclaration de guerre, Joseph EPSTEIN s’engage dans l’armée, Affecté à un régime polonais, il ne supporte pas l’antisémitisme des officiers et organise, avec 200 autres soldats juifs, leur départ pour la légion étrangère. A cette étape de sa vie , on mesure l’exceptionnel engagement de cet homme. Fait prisonnier en Allemagne, il s’évade du stalag, réussit à pénétrer en Suisse et à revenir en France. En 1942, il est le responsable de groupes de sabotage et de destruction de l’union des syndicats clandestins dirigée par André TOLLET, qui deviendra le Président du Comité Parisien de la Libération. Puis Joseph EPSTEIN deviendra le responsable régional de FTP de la région parisienne. Dans ces responsabilités, comme au cours de toute sa vie, il sera porteur de conceptions rassembleuses , ouvrant par exemple les rangs des FTP à des résistants d’autres sensibilités. Il sera l’initiateur de méthodes de guérilla qui seront généralisées dans la Résistance, particulièrement à Paris, et qui joueront un grand rôle dans la préparation de la Libération de Paris. Arrêté par la Police française, atrocement torturé pendant des mois, Joseph EPSTEIN, sera fusillé, sans avoir parlé, sans même avoir livré son vrai nom. Il livre dans sa lettre à son fils Georges le sens de son combat, avec des mots simples, des mots d’amour : “ Je tomberai courageusement, mon petit microbe chéri, pour ton bonheur et celui de tous les enfants et de toutes les mamans ”. Une légende ? Une figure exceptionnelle de la lutte contre le fascisme, l’antisémitisme, de la lutte pour la liberté. Joseph EPSTEIN, juif polonais, communiste, est une référence. Toute sa vie est un engagement pour des valeurs fondamentales, des valeurs qui sont celles qui nous animent, qui nous guident aujourd’hui, des valeurs de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité dont le monde d’aujourd’hui a bien besoin. C’est donc un très grand honneur, pour le 20e arrondissement, qu’une place porte son nom. Le geste est d’autant plus fort que nous sommes ici au cœur d’un quartier populaire qui a accueilli et accueille toujours des générations d’étrangers, qui a donné tant de combattants à la lutte anti-nazi, a la lutte contre l’antisémitisme, aux combats pour la liberté et l’égalité.