Cher Pierre,
En réaction, un peu tardive, à ton propos dans le Nouvel Obs, je serai bref. Tu sais que je partage l’essentiel de ta perception du problème du cœur de l’agglomération et je ne te contredirai pas dans ta mise en perspective des propos de Davezies. En revanche, je crois que l’image mentale qu’ont les parisiens de ce cœur d’agglo est tributaire d’un mode de pratique de ces territoires dont on ne tiens pas suffisamment compte. En effet, les chiffres nous montrent que les Parisiens sont nombreux à se rendre en banlieue pour toutes sortes de raisons (travail, loisirs, amitiés, famille, etc.). Pour autant, cette pratique de l’espace n’est pas intégrative des territoires dans leur continuité. Elle correspond plutôt à une forme de collage discontinu, disparate, désordonné, qui ne fait généralement pas sens géographiquement, mais plutôt affectivement. Dès lors, les Parisiens sont souvent ignorant des formes d’occupation des territoires hors Périf qui bordent leur propre arrondissement, car ils n’en ont pas de réelle pratique ordinaire : aller à l’école ou à la crèche (possibilité de rencontres), fréquenter le square, faire du sport, voire faire ses courses ailleurs que dans la grande surface d’une porte de Paris. Une modification des représentations, de l’image mentale de ces territoires, pourrait passer par des ententes croisées d’accès aux services et aux équipements publics de part et d’autre de la limite de Paris. C’est, je crois, une des seules et durables manière de construire ces partages de territoires que plusieurs appellent de leur vœux ?