17 Novembre 2010
> l'AFP
Transports en IdF: le maire de Sevran "écoeuré" par le projet de Huchon BOBIGNY, 16 nov 2010 (AFP) - Le maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) Stéphane Gatignon s'est dit "écoeuré" mardi par la proposition du président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, sur les transports en Ile-de-France. "Je suis hors de moi. C'est une non vision de ce que doit être demain la métropole parisienne, c'est une vision dépassée", a déclaré à l'AFP Stéphane Gatignon (Europe Ecologie-Lés Verts), dont la ville ne serait pas desservie par le nouveau projet. Jean-Paul Huchon a proposé lundi au Premier ministre François Fillon un rapprochement des deux projets de transports concurrents, celui de la région Arc Express, et celui du gouvernement "le grand Huit". Les deux projets font l'objet de débats publics jusqu'à la fin de l'année. Stéphane Gatignon a dénoncé dans ce troisième projet "un problème de maillage du territoire" à cause d'un manque de connexions entre les transports ainsi que "le retour de CDG Express", ligne devant desservir l'aéroport de Roissy. "Avec CDG Express, qui a une tarification spéciale extrêmement chère, on fait une ligne pour les riches", a-t-il déploré. "Je suis écoeuré que ce soit une région de gauche qui ramène ce projet", a poursuivi Stéphane Gatignon. "II n'est plus prévu de doubler le tunnel entre Châtelet et gare du Nord, donc il ne pourra pas y avoir plus de trains alors qu'ils sont déjà surchargés", a-t-il encore dénoncé. Par ailleurs, cinq villes de Seine-Saint-Denis -- Sevran, Aulnay-sous-Bois, Livry-Gargan, Clichy-sous-Bois et Montfermeil-- ont décidé de se regrouper afin de mieux défendre leurs intérêts aussi bien pour les transports que pour la vision du territoire engendrée par le Grand Paris.
> L'intégrale de la déclaration de Gatignon
Déclaration de Stéphane GATIGNON,
Maire de Sevran, Conseiller Régional
La métropole parisienne va mal. La crise économique et sociale fait rage. Les tensions s'accroissent, les inégalités de territoires sont en train de structurer l'espace métropolitain. La ghettoisation s'installe.
Cette situation appelle des changements radicaux. Les équipes d'architectes mobilisées par le gouvernement, le Projet Blanc d'un réseau de transport du Grand Paris, le Projet Régional Arc Express et enfin le débat public actuellement engagé, nous laissaient espérer une prise en compte de l'urgence de la situation : la hausse des couts de l'énergie et la lutte contre la saturation du trafic routier nous imposent de développer une politique de transport collectif ambitieuse.
Hélas, c'est l'inquiétude qui apparaît et les récentes déclarations et propositions du Président de la Région ne sont pas faites pour rassurer.
En 2009, les équipes d'architectes furent unanimes pour affirmer que la mobilité était la question centrale et stratégique pour sortir de la situation actuelle. Il nous fallait avoir une « vision métropolitaine incontournable » pour amorcer le désenclavement des territoires, raccourcir les distances, développer une identité métropolitaine, créer un maillage efficace, désenclaver nos villes et lier le centre à la périphérie.
Oui, combattre la ségrégation spatiale passe nécessairement par des transports collectifs nombreux et un maillage sur l'ensemble du territoire. Les interconnexions entre les lignes existantes, un travail sur les micro-mobilités, doit s'effectuer. La rénovation des rames RER et notamment du B, leur fréquence, la création de nouvelles circulations - y compris fluviales - tout cela doit voir le jour pour répondre aux exigences citoyennes, environnementales et économiques. Nous voyons au contraire apparaître un projet daté, très loin des besoins des usagers.
« Cerise sur le gâteau », le retour annoncé de la ligne des businessmen « CDG Express » est de ce point de vue insupportable . Les populations de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne se sont mobilisées contre en 2003. Aujourd'hui le RER B est une ligne sinistrée. Cette nouvelle ligne qui utiliserait les voies du RER sans s'arrêter acterait la ségrégation spatiale. Cet apartheid social est inacceptable. Pour rappel, le 6 décembre 2003 un référendum populaire à Sevran avait massivement rejeté ce projet de CDG Express. Ce moment démocratique a profondément marqué notre histoire locale.
De plus, les spécialistes et les syndicalistes avaient, à l'époque, démontré lors de l'enquête publique, la saturation du réseau nord et l'incapacité technique de faire passer plus de trains dans le tunnel de la gare du Nord à Chatelet. C'est là le noeud gordien des transports parisiens : le doublement du tunnel reliant gare du Nord-Chatelet.
D'autres questions apparaissent. Quid des gares prévues sur la ligne Chelles/Le Bourget du Grand Paris ? Quid du tracé Saint-Denis/Bobigny/Villiers-sur-Marne en zone dense, pourtant nécessaire ? Quel avenir pour la gare multimodale Pleyel ? Quel lien entre Roissy et La Défense ? Quel financement pour la ligne Arc Grand Est ainsi que pour CDG Express ? Quelle tarification puisque CDG Express est annoncé en Zone 5. Quid de la tarification unique ? A toutes ces questions, le flou est de rigueur.
L'enjeu métropolitain peut être un point d'appui important dans cette période de crise. Il est à coup sûr l'outil nécessaire au vivre ensemble. Il nous faut rompre avec nos anciennes habitudes. La transparence des débats et des décisions sont indispensables. L'intérêt général doit primer sur les intérêts particuliers;
Sevran, le 16 novembre 2010