2 Juillet 2009
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"Même pour une information aussi simple que la population, les chiffres sont très discutés, constate Jean-Jacques Helluin, expert du secteur urbain à la Banque mondiale. Les bases de données disponibles sont souvent des listes approximatives compilées par de simples particuliers, pourtant ce sont ces chiffres qui sont utilisés en boucle par beaucoup d'institutions internationales !"
Une des difficultés vient de la définition de la ville. "Faut-il retenir les limites administratives de la municipalité - dont la définition varie d'un pays à l'autre - ou les limites fonctionnelles de l'agglomération, du bassin d'emploi ?" interroge M. Helluin.
C'est pour combler ce vide que la Banque mondiale a mis en oeuvre, à l'automne 2008, un "programme global d'indicateurs des villes", présenté à Paris mercredi 24 juin, à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
UN MODÈLE ROBUSTE
Pour alimenter cette base de données sur Internet, la Banque a défini un total de 63 indicateurs liés aux services publics urbains et à la qualité de vie, à partir desquels elle a construit 10 indices synthétiques. "Ce sont les villes elles-mêmes qui décident d'adhérer ou non au programme et de compiler ces données, explique Perinaz Bhada, l'une de ses responsables. Nous avons défini des indicateurs simples, flexibles, pas trop chers à collecter." Chacun peut ensuite, sur le site, consulter la fiche de chaque ville ou effectuer des comparaisons par régions ou par thèmes. Comparaison pour l'instant limitée : une quarantaine de villes seulement ont adhéré à ce jour au programme.
La simplicité des indicateurs et la volonté de créer un modèle robuste - applicable dans les métropoles les plus riches comme dans les villes les plus pauvres - ne permettent pas de dessiner un panorama très fin de leur société, de leur économie et de leur environnement. En outre, les statistiques ne tiennent compte ni de l'économie informelle, souvent essentielle dans les pays en développement, ni des populations "fantômes" de travailleurs migrants, qui peuvent, comme en Chine, représenter une part significative de la démographie des villes.
Pour l'heure, la base de données la plus complète sur les villes reste celle mise en ligne par la Commission européenne en septembre 2008. L'Urban Audit recense plus de 400 000 statistiques de 321 villes d'Europe, soumettant à une surprenante revue de détail les performances économiques comme les inégalités sociales, l'environnement comme la culture, le niveau d'éducation ou la qualité de vie.
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