27 Avril 2009
Ambition et pragmatisme pour Paris Métropole.
A l’heure de « l’après Kyoto », la civilisation urbaine est confrontée à un questionnement sur le sens même de la ville de demain. Penser l’avenir de l’agglomération parisienne, c’est répondre à l’un des grands défis de l’époque et inventer une alchimie inédite entre progrès économique et « bien vivre » des habitants. Car la ville du futur sera celle de la diversité des fonctions urbaines, de la mixité sociale, de l’excellence environnementale, du foisonnement culturel, mais aussi de la performance de l’offre de services.
« Faire métropole » comme on fait société consiste donc d’abord à lutter pied à pied contre les inégalités sociales, territoriales, écologiques et culturelles qui minent aujourd’hui notre territoire. La tâche est immense. Mais nous ne partons pas de rien. Dans la consultation internationale sur « le Grand Pari(s) de l’Agglomération Parisienne », dont notre ville est partie prenante, les dix équipes d’architectes et urbanistes ne disent pas autre chose. Pour donner un visage à la « ville-monde » du XXIème siècle, évitons le péché d’orgueil de la « table rase », exploitons plutôt les atouts de notre métropole en répondant aux enjeux décisifs que désignent nos concitoyens : les transports, l’aménagement urbain et le logement, mais aussi l’emploi.
En matière de déplacements, l’urgence a conduit Jean-Paul HUCHON, Président du Conseil Régional et du STIF, à proposer un plan de mobilisation ambitieux (18,6 milliards d’euros) qui devrait engager chaque acteur, y compris l’Etat dont la participation est sollicitée depuis un an. Sa mise en œuvre doit s’engager sans délai. Mais nous devons nous projeter au-delà et, comme nous y invite le projet de SDRIF*, imaginer les conditions de la mobilité dans les vingt prochaines années : un véritable réseau métropolitain, y compris de surface ; des modes de transports complémentaires et écologiques ; des services en partage, comme Vélib’ ou Autoblib’ ; et une « carte de mobilité » unique, garantissant à l’usager un accès à chaque mode de déplacements. Sur tous ces points, les dix équipes d’architectes font des propositions. Je suggère donc qu’avec leur concours et l’appui des agences d’urbanisme, du STIF et des grandes entreprises, un « atelier des déplacements métropolitains » soit mis en place, doté d’un comité de pilotage politique. Ainsi, dans un délai d’un an, le projet du XXIème siècle indispensable à notre métropole pourrait être élaboré, de façon concertée.
Dans le domaine du logement, les élus métropolitains ont la volonté de se doter des outils nécessaires pour mieux coordonner leurs politiques d’habitat. L’enjeu : servir une ambition urbaine autour d’impératifs comme la diversité sociale, la qualité de vie, les performances environnementales du bâti et même la valeur esthétique de chaque aménagement. Seul un effort quantitatif et qualitatif dans la construction de logements permettra de répondre aux besoins et de dépasser la terrible crise actuelle. Libérer l’énergie que recèlent nos territoires déjà construits, signifie deux choses : densification et mixité des usages. L’espace urbain compartimenté a vécu, de même que certains tabous. Faudra-t-il assumer une réflexion sur l’assouplissement des règles de construction ? Pourquoi pas ? C’est dans ce cadre que devrait s’ouvrir le débat sur les hauteurs. C’est vrai de Paris ; c’est vrai de la première Couronne ; c’est vrai aussi des villes nouvelles au potentiel trop souvent sous-estimé.
L’emploi enfin. Si certains exploitent à dessein le thème inépuisable du « déclin » de Paris et de sa métropole, les faits leur donnent tort, rappelant chaque année que celle-ci fait jeu égal avec le Grand Londres. La compétition mondiale nous commande néanmoins de renforcer sans cesse notre attractivité, de développer les instruments de la connaissance, de la recherche, de l’innovation et d’investir massivement dans quelques territoires ciblés de petite et de grande couronne. Un tel rééquilibrage implique la mise en place de dispositifs puissants de solidarité financière et fiscale. Mais créer plus de valeur ne peut se résumer à déplacer un centre de recherche ou une université d’un site vers un autre. Notre force économique et intellectuelle naîtra au contraire d’une meilleure imbrication entre Paris et le reste de la métropole. Imaginer que la dynamique de l’agglomération puisse résulter d’un affaiblissement de son cœur serait d’ailleurs un non sens : à l’inverse, partir de ses atouts en les intensifiant, c’est créer les conditions d’une onde positive pour l’ensemble de notre territoire.
Au cœur de cette synergie, « Paris Métropole » rassemble des élus de toutes sensibilités politiques. Cet instrument stratégique développe une démarche efficace et originale, visant à traiter chaque projet (urbanisme, habitat…) de manière souple, à l’échelle des territoires concernés. Avec l’ambition créative que mérite le destin de notre agglomération, il s’agit aujourd’hui d’abolir des frontières territoriales mais aussi intellectuelles devenues obsolètes. La tâche est passionnante, impliquant hauteur et imagination. C’est aussi pour cela que « Paris Métropole » dessine à la fois une réponse et un chemin.