2 Avril 2009
Remarque , une IBA n'est pas une exposition , c'est avant tout une charte politique pour etudier rapidement des projets structurants .Pierre Mansat
Politique
La région Île-de-France et le syndicat mixte Paris Métropole s’installent au beau milieu de la scène du débat sur le Grand Paris. Mardi, ils ont présenté, à quelques heures d’intervalle, leurs décisions et suggestions avant le raout promis par le président de la République, le 29 avril. Le décor est constitué du rapport Balladur, de sa proposition en Île-de-France de réunir en une seule collectivité Paris et les trois départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine) et du futur rapport du secrétaire d’État Christian Blanc sur le Grand Paris, dans lequel il souhaite en particulier un métro automatique souterrain de 130 kilomètres sans lien avec les projets étudiés jusqu’alors par le syndicat des transports, la région, la RATP.
Jean-Paul Huchon, le président du conseil régional, a ouvert le ban en annonçant son intention, approuvée par six des huit présidents de conseils généraux, de lancer son plan de mobilisation de 18 milliards d’euros pour les transports en Île-de-France. « Sans l’État » qui aurait dû, si les souhaits de Nicolas Sarkozy sur l’urgence d’une modernisation des transports étaient sincères, soutenir ce plan en finançant une partie, estimée par Jean-Paul Huchon de 4 milliards à 6 milliards d’euros. Mais rien n’est venu de l’Élysée ou de Matignon depuis la présentation de ce plan en juin 2008.
L’attente du rapport de Christian Blanc et surtout l’approche de l’échéance des élections régionales en 2010 ont suspendu toute décision. Comme s’il n’y avait aucune urgence… Jean-Paul Huchon a revendiqué une hausse du versement transport des entreprises, une augmentation du fonds d’aménagement de l’Île-de-France et une taxation des plus-values immobilières pour financer en quinze ans (au lieu de dix ans si l’État avait participé) les grands projets attendus par des millions de Franciliens, le métro en rocade Arc Express, le dédoublement de la ligne 13 du métro, la modernisation des RER et le bouclage des Tangentielles, ces grandes ceintures ferroviaires. Le président de la région a annoncé son intention de demander un rendez-vous à Nicolas Sarkozy.
L’urgence, définir le temps des projets, est l’élément qui a dominé la rencontre qui a eu lieu, mardi à l’Hôtel de Ville de Paris, entre les élus de Paris Métropole et les équipes de la consultation internationale d’architectes et d’urbanistes, « Le grand pari de l’agglomération parisienne ». Au cours de cette réunion de travail, présidée par Paul Chemetov, coprésident du conseil scientifique de la consultation, élus, architectes, sociologues, économistes, géographes, etc. qui composent les équipes du « pari » se sont accordé, selon le communiqué final, « sur la nécessité d’articuler le temps long et les réponses immédiates dans une pédagogie des projets, notamment en considérant la mobilité comme partie prenante du développement urbain ». Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris chargé de Paris Métropole, a annoncé la constitution d’une « IBA à la française », une exposition laboratoire d’architecture comme il en existe dans la Ruhr, en Allemagne. Il a souligné le caractère « historique pour l’avenir de la métropole de la rencontre du 30 mars. Ce type de réunion était inimaginable il y a sept ou huit ans ». Paul Chemetov a estimé, pour sa part, que la question de la métropole commence à être partagée, y compris par l’opinion publique, une dimension essentielle de la réussite des projets. « Il faut maintenant savoir ce qu’il faut engager dans les dix ans qui viennent », a-t-il ajouté.
« Il faut aujourd’hui atterrir, faire des choix dans les territoires à partir des travaux engagés », a dit Mireille Ferri, vice-présidente de la région chargée du Schéma directeur. L’élue a constaté que l’État n’a ni l’accord des collectivités, ni les financements des éventuels projets de Christian Blanc qu’il pourrait imposer. Pour Paul Chemetov, « il y a un principe de réalité, c’est celui de l’argent et un autre principe, celui de l’extraordinaire compétitivité de la région parisienne, mais au prix d’une grande fatigue des habitants. On ne peut pas attendre trente ans, il faut desserrer la métropole sur ses pôles existants, évidents et les connecter ».
Ce n’est pas une partie de bras de fer qu’engagent les élus et les acteurs de la métropole, plutôt une course de vitesse. Oui, il y a urgence.
Jacques Moran