9 Mars 2009
« Une ambition juste et légitime»
Contesté à droite par les défenseurs des départements, prudemment retardé par le résident de la
république, attaqué par le PS comme une « manipulation électorale» (Fabius) et un instrument
de « revanche» de l'UMP, le projet de la commission Balladur de réforme des territoires vient de
trou ver un défenseur: Manuel Valls, allié de Ségolène Royal, a déjà été en porte-à-faux
avec son parti en revendiquant un discours de vérité, contre le « conservatisme» de ses amis.
Cette nouvelle sortie ajoutera à sa réputation de franc-tireur, ou soulignera les divisions actuelles
des socialistes.
Le président de la République veut prendre son temps pour refondre les institutions locales. On
peut saluer cette sagesse inédite, mais on peut aussi redouter, pour le coup, la tentation de
l'enterrement. Car il y a urgence à agir pour moderniser notre organisation territoriale.
Les conclusions du comité Balladur sont assez proches du rapport rendu par Pierre Mauroy à
Lionel Jospin en 2001. Elles visent à renforcer la région et l'intercommunalité qui sont
aujourd'hui les deux niveaux d'administration locale à l'échelle européenne. Je partage cette
ambition. Elle est juste et légitime. Il est temps de reconnaître l'importance du fait urbain en
France.
Oui, il faut achever la carte de l'intercommunalité. L'émergence d'agglomérations fortes, avec
des représentants élus directement au suffrage universel, sera un moyen efficace de conduire
un développement cohérent de ces territoires.
C'est encore plus vrai en Ilede-France. L'organisation actuelle n'est pas à la hauteur des
enjeux de la Ville-monde. Reconstituer simplement le département de la Seine en fusionnant
Paris et la petite couronne me paraît insuffisant. Cette proposition d'Edouard Balladur ouvre
cependant le débat. Elle a le mérite d'imposer aux Hauts-de-Seine et à Paris une solidarité
financière avec les territoires moins favorisés. Mais le Grand Paris doit intégrer les villes
nouvelles, les zones aéroportuaires ou le plateau de Saclay.
Je suis favorable, à terme, à la constitution d'une communauté urbaine autour de Paris, large
et puissante. Dans cette aire de 7 à 8 millions d'habitants, il sera cohérent de faire disparaître
les départements. Cela doit être l'étape suivante lorsque le syndicat mixte d'études et de
programmation de Paris Métropole, présidé par Bertrand Delanoë, aura produit ses premiers
résultats.
Je crois également plus que nécessaire d'engager une fusion de la RATP et de la SNCF en
Ilede-France pour gagner en efficacité et mettre un terme aux dysfonctionnements actuels que
ne supportent plus nos concitoyens.
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Dossier: POLITIQUE
Source: LE JOURNAL DU DIMANCHE Date de parution: 08.03.2009
D'une manière générale, il faut avancer sur une fiscalité locale juste et dynamique assurant un
bon équilibre entre l'usager, les contribuables et les besoins de financement des collectivités.
Je plaide pour une refonte des bases locatives et l'intégration d'une part des revenus dans le
calcul des impôts locaux prélevés sur les ménages. Je suis aussi persuadé qu'il faut ne fait pas
supprimer la taxe professionnelle, mais la moderniser en la fusionnant avec l'impôt sur les
sociétés.
Enfin, je suis favorable à la disparition des cantons et à un scrutin de liste qui rénoverait la vie
locale en profondeur, grâce à la parité et la diversité de notre pays. Pour la gauche, c'est un
formidable défi que d'aider à jeter les bases d'une refonte de la démocratie territoriale. Ne
perdons pas de temps, évitons les postures simplistes et les oppositions de forme, soyons
courageux, constructifs et réformateurs, nos concitoyens nous en serons reconnaissants.
*Député et maire socialiste d'Evry
Par Manuel Valls *