10 Juillet 2008
Pour une métropole parisienne plus solidaire
Maire de Sevran, commune parmi les plus pauvres de la métropole, et adjoint au Maire de Paris, capitale riche et attractive, ensemble nous prenons position : la métropole est la bonne échelle pour résoudre les inégalités entre nos villes. Nos réalités sont distinctes, notre avenir est commun.
Le statu quo serait à coup sûr source d'étouffement. Il faut inventer un cadre démocratique, une gouvernance pour ce territoire.
La métropole parisienne est un lieu de vie, d'échange. Les villes, les départements qui la composent sont étroitement interdépendant les uns des autres. La métropole a besoin de penser les politiques publiques en phase avec cette communauté de destin. A défaut, les écarts pourraient se creuser entre les territoires trop souvent oubliés et les autres. Les anciens schémas de pensée, « centre/périphérie » ont fait leur temps, très loin d'une relation de domination entre Paris et la « banlieue» sur laquelle s'est construite l'histoire de l'agglomération, il faut maintenant passer à la culture de coopération et de solidarité.
C'est fondamentalement le sens du débat qui s'est ouvert depuis plusieurs années avec le retour de la « zone dense » dans le débat sur le SDRIF et la Conférence Métropolitaine.
Les inégalités sont éthiquement inacceptables, socialement inopérantes. Nous ne croyons pas à l'illusion de territoires dorés côtoyant les zones de grandes pauvretés. Une ville, un département ne peut se développer au détriment de ses voisins. Pour les grands projets - transports, logements, écologie, emplois.... - les décisions doivent être cohérentes, les ressources comme les bénéfices doivent être partagés.
Prenons les transports. Aujourd'hui tout le monde est d'accord : il faut réaliser le « Métrophérique ». Nous n'acceptons pas que ce projet mette 30 ans, alors qu'il est urgent de permettre aux habitants de banlieues de pouvoir se déplacer sans passer par le centre, alors qu'il est urgent de désengorger les lignes de métro intra muros, alors que les dysfonctionnements du RER deviennent objet de discriminations à l'embauche, alors que les transports sont une des clés du développement. Il faut le « métrophérique » très vite. Il faut griller les étapes. Il faut que tous les partenaires de la métropole en prennent la décision ensemble; et en donnent les moyens au Syndicat des transorts( STIF).
Autre enjeu, le logement. Pour sortir de la crise , il faut construire 60 000 logements par an, dont beaucoup de logements sociaux. Cela dans un contexte de raréfaction des terrains et de flambée des prix du foncier en petite couronne. Nous ne relèverons pas ce défi chacun dans notre coin. Il faut mutualiser les moyens, chercher de nouveaux financements, inventer de nouveaux règlements. Il faut créer un nouvel équilibre entre l'Est et l'Ouest.
A la croisée de ces deux sujets, une meilleure répartition territoriale des pôles de développement est nécessaire, autant pour l'équilibre de la métropole que pour le rapprochement des bassins d'emploi et d'habitat. Les collectivités concernées doivent travailler ensemble pour apporter des réponses à ces questions d'intérêt général sans a priori concernant les formes de gouvernance et loin des débats d'égos. Une réforme de la fiscalité locale fondée sur la péréquation financière doit permettre la mutualisation des moyens.
Une nouvelle culture doit éclore. Le travail en commun, la transversalité, le respect autour de projets cohérents et crédibles à l'échelle métropolitaine en sont la base. Et puis, il faut des actes pour contribuer à l'émergence d'une identité commune. Par exemple, des lieux culturels communs.
La Conférence métropolitaine réunira en juin des Assises de la métropole parisienne, pour porter le débat devant la population.
Nous y serons porteurs de cette nouvelle vision de notre avenir. Avec l'ambition de contribuer avec les représentants de toutes les collectivités de la métropole, toutes sensibilités confondues à construire ensemble une métropole attractive et solidaire.
Stéphane Gatignon conseiller général, maire de Sevran
Pierre Mansat Adjoint au maire de Paris
Une remarque: Le titre de la tribune "Le Grand Paris est une évidence" a été décidé par le journal, sans notre accord.........