17 Avril 2008
Voici le texte de quelques intervenants; dans les prochains jours nous aurons tous les textes, dont celui de l'introduction de Jean Paul Planchou.
Intervention de Christine Revault d’Allonnes
Un rapport pour quoi faire ? Notre conviction est qu’il existe dans ce que nous appelons la zone dense, (la petite couronne, le cœur de la région…), des problèmes spécifiques qui nécessitent d’être traités spécifiquement et efficacement.
La qualité première de ce rapport est qu’il part des questions objectives pour démontrer que le renforcement du cœur est essentiel pour la Région et que l’approfondissement de la Région est nécessaire au cœur. Un rapport qui pense les complémentarités entre les territoires, entre le cœur et la Région, voilà ce qui est essentiel dans un contexte où les débats se focalisent sur la structure au lieu de réfléchir à l’amélioration des services rendus aux Franciliens.
Rappeler ce postulat nous conforte dans l’idée qu’il faut procéder avec méthode. Il serait insensé de proposer, clé en main, de rajouter un étage supplémentaire dans le millefeuille des collectivités, une nouvelle structure qui se superposerait aux structures existantes sans avoir défini les objectifs.
C’est la raison pour laquelle ce rapport s’appuie d’abord et avant tout sur la recherche d’un projet partagé au niveau de la métropole, qu’il avance sur les outils qui permettraient de rendre le processus de décision plus fluide avec la finalité évidente de simplifier la vie des usagers, de tous les usagers.
Il n’y a pas, il ne peut y avoir d’opposition, de confrontation des franciliens selon le territoire dans lequel ils vivent.
1/ Un rapport qui prend en compte les dynamiques en cours
Les propositions de ce rapport reposent sur des dynamiques en cours, ce qui permet de valider leur opérationnalité:
C’est dans cet état d’esprit que le rapport s’appuie naturellement et fortement sur la conférence métropolitaine, initiée par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë qui avait posé les bases de ce projet collectif et rassembleur, dès son élection en 2001. Avec, à l’esprit la nécessité de consolider les coopérations dans ce cœur métropolitain par un processus d’institutionnalisation de cette conférence, pour le doter d’un projet répondant à ses spécificités territoriales ( densité, accès au foncier…)
Ce rapport, souligne, comme cela était déjà fortement inscrit dans le projet de SDRIF le rôle moteur des intercommunalités, confirmation de la validité du polycentrisme, où qu’elles soient sur le territoire francilien. Le rapport préconise que celles-ci auront à jouer un rôle accru, dans la mise en place de cette nouvelle gouvernance. Ce qui suppose, d’aller jusqu’au bout de leur légitimité institutionnelle en élisant les conseillers communautaires au SUD.
On le voit bien, il n’y a pas, il ne peut y avoir d’opposition entre le cœur et la Région : lorsque le rapport souligne la nécessité de mettre en place de nouveaux outils à l’échelle régionale ou de renforcer les outils existants, c’est pour renforcer à la fois le cœur et l’ensemble du territoire régional.
2èr apport : Une complémentarité des territoires nécessaire à la justice sociale
L’idée fixe du groupe socialiste : récurrente et on la retrouve bien évidemment dans toutes les questions d’aménagement du territoire est celle de la réduction des inégalités.
L’attractivité de la métropole a forcément, pour corollaire la lutte contre les inégalités.
C’est la raison pour laquelle le débat sur la gouvernance de la métropole ne doit pas seulement se focaliser sur le rayonnement économique du cœur.
Pour nous socialistes, si la gouvernance doit évoluer, c’est pour répondre à l’urgence de la réduction des inégalités sociales et territoriales. Cette réduction des disparités est nécessaire et elle ne fera que renforcer le rayonnement de la métropole.
Car l’un ne va pas sans l’autre.
Oui, le territoire francilien a beaucoup de disparités qu’on ne peut ignorer, à toutes les échelles. L’inégalité financière est la plus frappante.
Comme il n’est évidemment pas envisageable de créer des citoyens riches du coeur et des citoyens de seconde zone, les solutions proposées pour résoudre ce déséquilibre financier ne peuvent se traduire qu’à l’échelle de la région toute entière, par le biais d’une péréquation renforcée à l’échelle régionale.
Je suis profondément attachée au volet 3 des propositions qui relance cette idée. La solidarité ne peut se faire derrière de nouveaux murs d’octroi.
Aujourd’hui le FSRIF qui représente le seul véritable outil de péréquation : il prélève des ressources aux communes les plus riches pour les redistribuer vers les communes les plus pauvres, ne répond plus à cette exigence car son approvisionnement est insuffisant puisque les communes regroupées en intercommunalité à taxe professionnelle uniques en sont exemptées.
Nous proposons donc de faire évoluer ce FSRIF avec l’intégration des intercommunalités qui seront élargies à l’échelle des bassins de vie.
Il s’agit à présent d’engager une vraie discussion sur ce volet financier : comme l’a demandé JP Planchou, souhait que la commission puisse approfondir cette question du FSRIF et qui devra nécessairement avoir une traduction législative.
3/ Des réponses pertinentes à l’échelle régionale
Outre l’outil de péréquation financière, la réalité des inégalités se pose aussi avec une grande acuité en matière de logements et de transports.
Toutes les personnes que nous avons auditionnées confirment la nécessité de réorganiser le processus de décision principalement dans ces deux secteurs et de lui conférer une dimension régionale.
Je m’arrêterai un peu plus longtemps sur celui du logement.
La question du logement est un défi majeur en Ile-de-France Elle a en effet été citée comme l’exemple le plus probant de l’inefficacité des politiques publiques en Ile-de-France et les mesures gouvernementales ne résolvent en rien la situation. Le territoire francilien se caractérise par une crise du logement sans précédent et plus pointue qu’ailleurs. Nous sommes donc très attachés aux objectifs fixés par le projet de SDRIF (30% logements sociaux, mixité sociale, rééquilibrage des territoires). Le projet de SDRIF est ambitieux et il nécessite une organisation cohérente du jeu d’acteurs pour que les mesures soient mises en œuvre, le plus rapidement possible.
Comme pour les transports, avec la création du STIF, autorité organisatrice régionale dont la pertinence est reconnue et qu’il conviendrait d’étendre à un SDIF, il est nécessaire de procéder à un renouvellement de la gouvernance dans le domaine du logement. Il me semble tout à fait pertinent de construire collectivement cette politique régionale dans le cadre d’un Syndicat du logement d’Île-de-France comme le propose le rapport.
4/ Conclusion Interpeller l’Etat
Les propositions de ce rapport sont pragmatiques, souples et ouvertes, concentrées sur les complémentarités entre les territoires, cohérentes avec le projet de SDRIF. On ne peut que se féliciter de la démarche pragmatique de la commission, qui a travaillé sereinement et procéder à de nombreuses auditions
Les propositions démontrent clairement que la Région ne souhaite pas le statu-quo. Au contraire, nous sommes prêts à approfondir nos propositions, qu’elles concernent le cœur ou l’ensemble du territoire régional.
Il est dommage, en revanche, que les positions de l’Etat dans ce débat ne soient pas aussi claires et qu’il se dispense de la concertation avec les collectivités.
Pourtant il faudra que L’Etat prenne ses responsabilités et qu’il ne se décharge sur les collectivités locales au nom de la décentralisation. (par exemple dans le domaine du logement).
Que l’Etat soit présent dans la Région capitale est tout à fait normal, mais encore faut-il qu’il précise le rôle qu’il veut y jouer, qu’il retrouve son rôle de partenaire indispensable des grandes politiques publiques.
Certaines lois sont nécessaires (intercommunalités, loi de finances, élection au SU direct des présidents d’interco)…
La commission du Conseil Régional a contribué à ce débat et souhaite le poursuivre: nous attendons maintenant que l’Etat donne les moyens aux collectivités pour avancer
Scenarii pour la métropole Paris - Ile de France demain Intervention de Jean Paul Huchon Quelques mots en conclusion de vos interventions. Mais quelques mots par lesquels je me garderai de clore aujourd'hui le sujet. Pourquoi ? Parce qu'il est très complexe, voire à multiples bandes sur terrain miné. Parce qu'il ne pourra résulter que d'un choix collectif. Parce qu'il est éminemment décisif.
Il engage le devenir de la région francilienne, ou parisienne peu importe les dénominations, pour les années à venir. Le quotidien des Franciliens du coeur de l'agglomération. Mais aussi celui de l'ensemble des habitants de l'Ile de France. Puisque le coeur parisien, où des millions de Franciliens travaillent, passent, vivent, est également le bien commun de tous.
Le très grand mérite du travail de la commission -pour lequel je remercie solennellement Jean-Paul Planchou et à travers lui les commissaires qui se sont fortement investis- est justement d'en avoir dénoué les fils et d'en avoir sérié les enjeux. Pour proposer un ensemble de propositions cohérentes et réalistes, ouvrant un processus.
La commission régionale, « Scenarii pour la métropole : Paris lie de France demain », est là seule à avoir travaillé de façon ouverte, pluraliste, sans thèse a priori. En procédant par auditions sans aucune exclusive. Car tous, présidents de conseils généraux, maires, présidents d'intercommunalité, acteurs socioprofessionnels détiennent une partie des clefs.
En explorant les exemples étrangers. Puisque l'lle de France appartient effectivement à un réseau très sélect, très compétitif. Celui des plus grandes métropoles internationales. Avec une exigence d'expertise -grâce à l'appui de l'IAURIF, des services de la mission SDRIF mais aussi de tout le réseau de chercheurs dont bénéficie le Conseil régional. Pour objectiver un débat parfois cantonné à quelques slogans.
Des slogans, des solutions incertaines, tombées du ciel et ballotées, virevoltantes même, au gré des mois. Ou encore des fusions à la hussarde, affichées comme révolutionnaires, mais qui ne font que nous ramener à des réalités du passé, d'un très lointain passé. C'est d'ailleurs le propre d'une révolution -de type copernicien- que de nous ramener...au même ! Des slogans et des déclarations déclinistes. Là aussi c'est un vieux discours..., où l'incantation le dispute à la mauvaise foi.
On nous a martelé que l’ile de France souffrait d'un déficit d'attractivité faute d'un Grand Paris ! Mais l'attractivité francilienne se porte vraiment bien, si j'en crois les données de l'AFII publiées il y a un mois, les résultats de l'étude Ernst and Young sur les métropoles européennes rendus publics avant hier. Ce n'est pas moi qui le dis. Ce sont les investisseurs internationaux. Et comment ne pas rappeler le dynamisme francilien interne : un trend record en matière de création d'entreprises et de création d'emploi. Ou encore un taux de chômage à son plus bas niveau depuis 2001.
Et puis, tant qu'on en est à rappeler certaines évidences : la majorité régionale n'a pas attendu pour découvrir qu'il fallait développer de nouveaux pôles économiques à l'est, réaliser Arc Express en complément des autres tangentielles, investir massivement sur les réseaux de recherche et les pôles de compétitivité. C'est même le coeur du projet de SDRIF.
Non ! Ce dont souffre l'lle de France, comme d'autres régions urbaines françaises, c'est surtout d'un déficit de décentralisation. Une décentralisation laissée en plan et malmenée au nom d'une impécuniosité pratiquée par celui-là même qui prétend nous donner des leçons : le Gouvernement. Lequel croit avoir trouvé une martingale en créant un secrétariat d'Etat. Encore un retour au passé ? Nous verrons. Car il nous faut aller de l'avant.
Nous permettre d'avancer, c'est justement la force des propositions du rapport Planchou. Un rapport au plus juste des réalités de la métropole. Un coeur dense mais fragmenté. Soumis à de très fortes pressions. Je pense notamment à la question de l'urbanisme et de l'habitat. Un coeur en pleine recomposition intercommunale. Et nul besoin devant l'assemblée régionale, qui adoptera dans quelques mois, définitivement, le SDRIF, de revenir sur les mutations incontournables que nous devons accompagner dans le coeur d'agglomération Une agglomération fonctionnelle beaucoup plus vaste, où les (ex)villes nouvelles, le pôle de Roissy, ou encore le plateau de Saclay, et au-delà les grands espaces ruraux, certains ont aussi -à juste titre- évoqué les pôles du Bassin parisien... tous ces territoires font système avec le coeur dense. Accueillent les populations les plus jeunes. Connaissent également des changements économiques porteurs d'avenir. Un système régional qui doit relever le défi du changement énergétique : cette révolution urbaine qui sera au coeur de l'attractivité et du bien vivre des grandes métropoles internationales. Un rapport centré sur les enjeux majeurs auxquels nous devons répondre. Qu'attendent les élus locaux, nos collègues maires et élus d'intercommunalité notamment, et je pense plus encore à tous ceux nouvellement élus lors des dernières élections. Qu'attendent les élus et bien entendu les Franciliens. Et sur ces enjeux, le rapport démontre sans conteste ceux qui doivent être pilotés à l'échelle régionale : transports bien entendu, développement économique et modernisation universitaire tout particulièrement.
Un rapport où les questions fiscales et financières sont véritablement abordées. Parce que certains, pourtant très diserts, font allègrement l'impasse sur ce sujet. Comme une sorte de secret de famille. Mais il faut absolument le mettre à jour ce secret. Et je salue le maire de Paris pour s'être engagé très clairement à ce propos. Car le coeur de l'agglomération, c'est certes le champ clos des inégalités. C'est aussi l'espace le plus riche de la Région. Je vous recommande à ce sujet la dernière note rapide de l'IAURIF. Consacrée aux enjeux de solidarité financière et fiscale, elle détaille ces écarts de richesse. Certains sont le produit d'un héritage que les dotations de l'Etat tendent à ... conforter ! Et, oui. D'autres disparités sont plus récentes. S'accroissent. Notamment entre le coeur et le reste de la région. Or, n'oublions pas que la métropole de demain se développera aussi au-delà du coeur dense, notamment dans les bassins de vie des (ex)villes nouvelles.
De ce rapport très riche, je retiens personnellement, en attendant que l'assemblée régionale se prononce, selon un calendrier à déterminer :
- tout d'abord, la condition sine qua non d'un véritable changement : un véritable système de péréquation fiscale et de mutualisation financière. S'il y a un seul point qui n'est pas négociable –disons un des seuls points dans ces propositions, c'est bien cette question. Différentes hypothèses sont présentées, en posant à juste titre le principe d'une péréquation refondue localement mais conçue à l'échelle régionale ;
- ensuite, le fait que toutes les autres propositions -enfin presque, je ne reviendrai pas sur la question du STIF...- sont elles tout à fait négociables. La plupart sont réclamées par nombre d'acteurs. Mais certaines exigent aussi un engagement sans faille de l'Etat. Tout est négociable. C'est le principe même de ce rapport : proposer un processus de médiation, entre des intérêts qui, chacun le sait ici, peuvent être contradictoires ou en tout cas sont à risque ;
- enfin, je souhaite que ces propositions soient examinées, débattues, modifiées, contestées peut-être:.., tout particulièrement lors des assises de l'agglomération prévues fin juin. Et bien entendu dans toutes les autres instances qui souhaiteront s'en saisir.
La commission envisage de poursuivre ces travaux. C'est une excellente idée. Qui sera, je crois, très utile. Parce que c'est bien une démarche collective, négociée, efficace qu'il nous faut mener à bien pour le coeur d'agglomération et pour l'ensemble de la métropole régionale. Celle d'aujourd'hui mais aussi de demain.
Pour finir, une petite incidente personnelle à destination de nos amis journalistes : Pour un homme assiégé, je sors beaucoup ! Je vous remercie.
Rapport « Scénarii pour la métropole Paris Ile-de-France demain »
François Labroille ( CACR)
Le rapport de la commission « Scenarii pour la métropole : Paris Ile-de-France demain » vient à point nommé. Il permet en effet au conseil régional une intervention sur le fond au moment où le débat public s'accélère... mais bien trop souvent au travers de grilles de lecture politiciennes, centrées sur des enjeux étroits de pouvoir, qui faussent la présentation des vraies questions posées par le devenir de la métropole francilienne. Nous sommes de celles et ceux qui sont convaincu-e-s que nous traitons de questions très sérieuses, des questions qui ont traversé les 30 mois de travail et de concertation sur le SDRIF, des questions qui touchent à la capacité, ou non, pour les politiques publiques, de répondre aux attentes de millions de franciliennes et de franciliens en matière de logement, d’emploi, de mobilité, de qualité de vie, de lutte contre les inégalités et les discriminations à un moment névralgique. Nous avons en effet la conviction que la région, que son cœur métropolitain, que Paris traversent une phase de grandes mutations, avec de réels atouts mais aussi de grandes incertitudes. Nous sommes à l’heure de la mutation de ville monde, à l’heure de la crise écologique et climatique, à l’heure de l’économie de la connaissance, à l’heure des opportunités et des risques qu’ouvrent de pareilles évolutions, avec des possibilités de progrès mais aussi celles de mise en concurrence des territoires et des populations, de nouvelles exclusions.
Face à de tels défis, le conseil régional n’est pas un voyageur sans bagages et sans en sous-estimer certaines limites, nous pensons que l’élaboration du SDRIF, en lien avec l’ensemble des collectivités a tracé une vision d’avenir solide que ce soit avec son ambition d’1,5 million de logements d’ici 2030 et de 30 % de logement sociaux dans l’ensemble du parc, avec des investissements massifs en termes de transports collectifs (notamment la rocade Arc express ou métrophérique) ou avec un parti d’aménagement de l’espace qui associe l’intensification urbaine, la prise en compte du rôle majeur de la zone dense et la solidarité de l’ensemble des territoires.
I - Dans ce contexte, nous considérons que le rapport de la commission scenarii constitue une référence positive pour intervenir dans les débats publics à venir.
Trois raisons nous ont conduit à cette appréciation : . • La première est qu’il remplit une importante fonction didactique puisqu'il présente et clarifie les enjeux de fond à partir d’un travail exceptionnel d’auditions multiples d’élu-e-s, d’autres acteurs de la vie économique et sociale et de chercheurs. Cette investigation approfondie a été une excellente méthode parce que permettant de croiser des points de vue différents, obligeant chacun-e des participant-e-s à modifier souvent sa propre perception. La démarche du rapport consiste avant tout à traiter les grands défis auxquels la région Ile de France et son cœur métropolitain sont confrontés. Il remet les préoccupations institutionnelles à leur juste place, la seconde, sans pour autant les esquiver.
• La seconde raison de notre appréciation positive est que le rapport identifie les trois familles d’options possibles sans présentation simpliste : la fusion du cœur, l’agglomération parisienne unifiée par les grands réseaux techniques, le polycentrisme intercommunal francilien. Sans masquer que certains choix sont peut-être plus judicieux que d’autres, il en indique les avantages et les inconvénients et il montre surtout qu'aucune des trois familles ne répond en elle-même à toutes les questions posées. C’est là un enseignement sans doute extrêmement précieux de ce travail. Les améliorations en matière de gouvernance résulteront plus de processus de dialogue que d’un big bang institutionnel.
• La troisième raison est qu’il n’oppose pas les lieux institutionnels entre eux. Il fonde ses propositions sur la reconnaissance de l’importance du cœur d’agglomération dont il montre la spécificité par sa densité humaine et bâtie et par ses fonctions productives. Il intègre le rôle croissant que peut jouer la conférence métropolitaine en tant qu’organisme de pilotage pour l’aménagement et la coopération locale, dotée de moyens techniques et financiers et dont l’une des missions serait d’élaborer une charte de développement pour le cœur de l’agglomération. Simultanément il met l’accent à la fois sur le rôle des intercommunalités et sur un renforcement des capacités d’intervention de la Région, notamment en matière de transport et de en matière de logement. Il met l’accent sur la nécessité de sortir de l'archaïsme financier fiscal dont souffre notre région et donc de redistribuer les richesses entre les territoires et de dégager des ressources publiques nouvelles. Il propose une option tout à fait intéressante avec la mise en place d'une taxe professionnelle unique en Île-de-France.
Le groupe CACR se félicite donc de cette démarche qui opte pour la complémentarité des rôles entre les différents échelons institutionnels en recherchant la meilleure coopération possible entre les intercommunalités émergentes, l’affirmation de la conférence métropolitaine et le renforcement de la Région. Cela ne tranche pas en l’état toutes les questions comme celles des prérogatives ou pouvoirs de chacun de ses niveaux, celles de leur articulation. Mais cela va dans le sens d’une meilleure adéquation des institutions aux imbrications territoriales actuelles.
II - Le groupe CACR a activement participé aux travaux de la commission avec une approche que nous entendons développer plus encore dans les débats à venir.
1 - Nous fondons notre contribution sur l’idée que le projet est premier devant les questions institutionnelles et que la confrontation politique fondamentale avec la droite et le gouvernement concerne la conception de la région capitale devant ces phénomènes très complexes de métropolisation. Pour nous, il s’agit de maîtriser une altermétropolisation, c’est à dire enrayer les inégalités et les processus ségrégatifs tout en assurant le développement économique et les exigences de lutte contre les crises écologique et climatique. Cette altermétropolisation n’est pas une acrobatie rhétorique. Elle signifie que nous voulons donner un autre contenu à la ville monde, non pas exacerber les mises en compétitions mais favoriser les coopérations, redéfinir l’attractivité non sur des critères du calcul de rentabilité mais sur la qualité de vie, la formation des personnes… Cette conception signifie que l’élément déterminant du projet est toujours le primat des solidarités et de la redistribution, comme moteur même de la création de la richesse.
2 - Deux exigences majeures découlent de cette conception
A - En premier lieu, nous voulons favoriser la coopération entre toutes les Collectivités territoriales (la Région, les départements, les intercommunalités, les communes), sans les mettre en concurrence, prendre appui sur l’expérience de la conférence métropolitaine et obtenir de l’Etat aide et appui aux projets des différents territoires. Nous ne croyons pas à une solution toute faite mais à un processus qui devrait se nourrir simultanément d’une bien meilleure prise en compte • du rôle incontestable de Paris, et des dynamiques territoriales infra régionales avec la pleine participation de l’institution régionale en tant que telle • et d’un renforcement du rôle de la Région dans sa mission de mise en cohérence.
Gardons-nous de toute démarche d’hostilité entre collectivités. Nous voyons les avancées que peuvent permettre cette activation de la conférence métropolitaine et des intercommunalités et nous avons le souci de poursuivre la réflexion pour permettre à l’ensemble des territoires, et notamment ceux qui sont aujourd’hui les plus relégués, de participer aux lieux de dialogue où se construisent les mises en commun et les solidarités.
B - Deuxième exigence justement, celle du développement de la démocratie, tant dans les concertations pour élaborer et conduire les évolutions nécessaires que dans les pratiques institutionnelles.
Ne nous dissimilons pas cette dangereuse discordance entre l’effervescence politico médiatique sur le « grand Paris » et la perception de l’immense majorité de nos concitoyen-ne-s. La grille de lecture politicienne éloigne du débat et la conclusion du rapport a raison d’affirmer que « la nouvelle cohérence métropolitaine doit s’appuyer sur une exigence démocratique accrue ».
Nous proposons que le conseil régional soit audacieux en la matière. D’abord en mobilisant des outils comme la commission « scenarii » qui peut poursuivre ses travaux, consulter les acteurs de la vie économique et sociale, le mouvement syndical, le mouvement associatif ou bien la commission « démocratie » qui peut réfléchir à des initiatives plus larges. Quoi qu’il en soit, la Région a tout à gagner à être une facilitatrice du débat public sur le devenir de la métropole Paris Ile de France.
dans ce rapport d’étape. Pour sa part, il poursuivra sa contribution aux débats à venir avec l’objectif de contribuer à l’approfondissement et à la mise en œuvre d’un projet progressiste pour l’agglomération et la région franciliennes. Dans le prolongement de ses apports au SDRIF, il le fera avec la volonté de favoriser les choix les mieux à mêmes de répondre aux attentes en matière de développement durable, de logement, de transport, d’emploi, de qualité de vie pour le plus grand nombre et celle de faciliter l’intervention démocratique des citoyennes, des citoyens, et de l’ensemble des fo
Et R. Karoutchi pour l'UMP
Intervention de Karoutchi en séance du conseil régional du 17 avril
Monsieur le président
On va poursuivre les travaux demain et on aura le sentiment que le débat de ce matin sera repris puis repris. Pourquoi parce qu’en réalité le débat sur le cœur de l’agglo et le Grand Paris, il n’a pas été lancé il y a quinze jours, il y a trois mois, il y a 6 mois, il existe, et nous le savons bien, depuis 5 ans de manière publique, probablement beaucoup plus dans un certain nombre d’institutions. En réalité, il faut dire les choses comme elles sont, lorsqu’on a mis fin au département de la seine et aux districts, lorsqu’on a partagé la région Ile-de-France en huit départements : Est-ce qu’il n’y a pas eu une erreur administrative de considérer que pour aller vers la proximité on crée à ce moment-là des collectivités trop restreintes, et quand on a créé la Région Ile-de-France en se contentant de les regrouper on n’a pas vu qu’il allait y avoir naturellement une vraie difficulté ?
La vraie difficulté on la voit depuis des années. Il y a un cœur d’agglomération qui a les mêmes problèmes de densité, de transports, de pollution, de logement, de cadre de vie et puis il y a quatre départements périphériques qui ont d’autres problèmes plus dure encore, plus difficile, parce qu’eux n’ont pas de transport public ou très peu et qu’ils n’ont pas d’autres choix sur le système routier que vous continuez de condamner. Et puis on n’a pas les mêmes problèmes de foncier par définition au cœur de l’agglo où il y en a très peu de disponible et dans la périphérie. Ça veut dire quoi. Ça veut dire en réalité que dès le début et en tout cas depuis plusieurs années, la Région, si elle avait voulu gérer ça de manière équilibrée, aurait du avoir ce qu’on avait proposé en 2003, des politiques différenciées entre le cœur d’agglo et l’ensemble de la région. Au nom d’une uniformisation que je ne souhaite pas développer là, l’exécutif n’a pas voulu et nous en sommes restés à un seul bloc. Alors aujourd’hui, qu’est-ce que nous avons comme situation. Moi je ne dis pas que c’est votre exécutif, votre présidence. Le système qui est en place est un système lourd, lent, compliqué et coûteux. Il est lourd parce que les différents niveaux de décision compliquent le jeu. Il est lent parce qu’on ne fait rien sans l’accord de l’ensemble des collectivités, de l’ensemble des syndicats, de l’ensemble des structures. Ce qui fait qu’aujourd’hui les travaux de manière général sont très lents. Quand vous pensez qu’au début des années 70, on a mis quinze ans pour construire l’ensemble de notre réseau RER et qu’aujourd’hui pour faire deux stations de métro supplémentaire sur la ligne 4 on a mis 16 ans. Quand vous pensez au temps qu’il faut pour réaliser la moindre infrastructure, quand vous pensez quand on parle du grand projet métrophérique – qui serait très utile pour les liaisons interbanlieues – on en est arrivé à dire entre les études lentes, les différentes phases etc, si tout va bien il serait fini, bouclé en 2030. Sincèrement, qui peut aujourd’hui de gauche ou de droite aller dans une commune de banlieue parisienne pour dire : au fait, là ici dans 21 ans vous aurez une station de métro. Qui peut oser faire ça aujourd’hui. Il y a donc un vrai problème. Et le problème, il est ni de gauche ni de droite.
Moi je n’étais pas d’accord avec le lancement de la conférence métropolitaine par Bertrand Delanoë, parce qu’il a été de ceux qui ont dit ça ne va pas, il y a un système qui ne marche pas. Donc c’est pas la droite qui a dit ça ne marche pas. C’est la droite et la gauche qui ont dit : il y a des systèmes qui ne fonctionnent plus. Il faut donc avancer. Je n’étais pas d’accord parce que j’avais dit dès le début au Maire de Paris : écouter, mettre en place une conférence où on parle des problèmes et où on ne décide rien et où on n’a pas de pouvoir délibératif, c’est sympathique mais sincèrement ça ne fait pas avancer les choses. Donc, ce n’est pas le genre de conférence qui peut m’intéresser sauf si on va vers des décisions. Alors aujourd’hui quand on parle du Grand Paris, c’est vrai que ça été relancé par le Président de la république. Mais enfin, c’était aussi lancé par Bertrand Delanoë ; c’était aussi lancé par la droite ici dans des réunions du cœur d’agglomération ; c’est aussi débattu dans bien des instances ; j’ai entendu le nouveau président du Conseil général de Seine Saint Denis Claude Bartolone rappeler ses propositions d’y a trois ans ; j’ai entendu l’ancien premier vice-président du Conseil général de Val de Marne Manuel Vals rappeler qu’il avait fait des propositions il y a quatre ans. Je veux dire là-dessus, ça dépasse les clivages politiques. Alors aujourd’hui il faut avancer. Il faut avancer et pas se dire : on va s’arc-bouter sur l’institution régionale en disant toutes les solutions de problèmes c’est de lui donner plus d’argents de pouvoir et ça va résoudre les problèmes. Ça n’est pas vrai. Nous avons un problème de méthode et d’organisation. Et je le dis pour moi. Il y a deux excès à ne pas accepter si on veut pouvoir avancer.
- Le premier excès c’est que très naturellement si ça doit devenir l’imperium parisien, si la notion de Grand Paris c’est : Paris reste une ville privilégiée et fait de l’intendance dans les départements de la périphérie. La notion de Grand Paris vu comme ça elle est morte. Parce qu’il faut un équilibre et que ça c’est pas acceptable pour nos départements quels qu’ils soient.
- Le deuxième excès serait de dire, et là je crois que les choses sont très claires : il y a plus de région et on ne traite pas les quatre départements de la périphérie. Si on considère que les limites géographiques du Grand Paris, c’est Paris et les trois départements limitrophes de la proche couronne. Moi je suis très opposé à cette solution. Parce que je dis très clairement nous sommes une région unique, solidaire, organisée, où les quatre départements de la périphérie ne peuvent pas accepter qu’une organisation quelle qu’elle soit, soit une organisation qui les exclue, qui les marginalise, qui rende leur vie encore plus difficile.
Il faut donc trouver une évolution qui nous permette de traiter, de gérer les problèmes du quotidien du cœur de l’agglomération sans mettre en cause la région, sans mettre en cause le développement des quatre départements de la périphérie. Et c’est pour ça que nous avons dit, et je fais confiance à Christian Blanc qui parle à la gauche comme à la droite sur ces sujets. Qu’est ce que nous voulons ? Non pas créer une strate de plus ; Non pas créer une collectivité territoriale supplémentaire. Parce que si nous faisons ça c’est exactement aller à l’inverse de ce que l’on dit. On dit la multiplication dans le mille-feuille retarde et complique, alors si c’est pour en créer une de plus.
Mais en revanche, il est temps de se dire il faut de grands projets fédérateurs pour relancer la dynamique.
Nous savons bien que nous avons un vrai problème de dynamique, d’image, de volonté commune. Alors se dire, le grand projet commun ça peut être : un pôle d’affaire à l’Est. Très bien. Le grand projet commun ça peut être le plateau de Saclay avec un cluster de développement. Parfait. Le grand projet, ça peut être l’ensemble d’un réaménagement en Plaine de France. Ou ça peut être un grand campus universitaire. Ou ça peut être deux ecopolices en Ile-de-France puisque nous avons des problèmes de logement. Ça peut être aussi, est-ce qu’on définit des territoires prioritaires sur le développement économique. Mais pour réaliser ces grands projets.
Ensuite, je ne souhaite pas qu’il y ait une structure de gestion, je préférerais des structures de mission, d’organisations regroupant l’Etat, la Région, les Départements, les communes et que grand projet par grand projet on réalise et on boost le système. Il n’est pas question de créer une collectivité supplémentaire qui fasse de la gestion comme le font déjà les autres sinon nous avons rien gagné, nous avons rajouté une couche fiscale. Donc çà non. Mais pour autant ça n’a pas d’intérêt.
Nous avons envie, nous avons besoin que cette région revive, nous avons besoin d’un nouveau souffle, nous avons besoin de grands projets, nous avons besoins que les choses se réalisent pour être réellement concurrentiel. Et si je dis qu’il faut à terme une loi et je terminerai par là. Ce n’est pas seulement pour que l’Etat se réengage. Et tout le monde le sait je suis pour un réengagement de l’Etat financier et structurel. Quand je dis structurel ce n’est pas pour reprendre le pouvoir aux élus, c’est parce que je considère qu’il nous faut en région capitale avoir un système dérogatoire par rapport à certaines normes établies, si nous voulons réaliser plus vite.
Si nous voulons un métrophérique en huit ans, il ne faut pas nous mettre dans des conditions pour le faire en vingt ans. Et par conséquent oui il faut avancer sur le Grand Paris. Et oui la Région aurait tort de si opposer, parce que la Région se remettrait en cause alors qu’elle peut être parfaitement complémentaire d’un système gérant le cœur de l’agglo avec l’ensemble de la périphérie. Moi je crois en la Région, sincèrement et profondément. Et je crois que tous ceux qui à la Région s’opposeraient à une évolution de ce genre se mettraient une balle dans le pied parce qu’alors la Région n’aurait plus de sens par rapport à ce développement différencié entre le cœur d’agglo et l’ensemble. Voilà d’abord une phase de concertation avec Christian Blanc sur les grands projets, avec tous les acteurs politiques et économiques. Et ensuite une phase sur la gouvernance. N’inversons pas les priorités. Mais la gouvernance, ça n’est pas une strate supplémentaire, c’est un élément mission pour réaliser et pour réussir.