13 Avril 2008
Vous organisez une réunion de travail sur le Grand Paris demain
soir. Qu'en attendez-vous ?
J'ai voulu réunir les élus [de droite] du coeur de l'agglomération : maires, conseillers généraux,
régionaux, parlementaires de Paris et des trois départements
de la petite couronne. J'ai aussi invité les parlementaires de la
grande couronne. Parce qu'on n'a aucune chance d'avancer sur le
Grand Paris si la Seine-et-Marne, les Yvelines, le Val-d'Oise et l'Essonne se sentent marginalisés. Je
suis obsédé par la nécessité de ne pas faire exploser la région Ile-de-
France. Avant de parler de gouvernance - de quoi nous entraîner dans une guerre picrocholine
qui durerait des années -, nous devons définir, ensemble, les projets
prioritaires que nous voulons confier au futur Grand Paris : attractivité économique, gestes architecturaux, création d'un grand campus universitaire, d'un grand pôle d'af faires à l'est de la région...
Les Franciliens se fichent éperdument des structures. Ils
veulent des transports de qualité et moins chers, des logements moins coûteux, un cadre de vie
dif férent, moins de délocalisations, plus d'emplois...
Le rapport que le sénateur Philippe Dallier (UMP) a renducette semaine préconise de
fusionner les quatre départements centraux (75, 92, 93 et 94) pour plus d'efficacité...
L'idée de mon ami Philippe Dallier est séduisante a priori... mais elle apporterait plus de problèmes
que de solutions. Un département unique au coeur de l'agglo concentrerait 6 millions d'habitants
et 75 % du PIB d'Ile-de- France. Une domination qui signerait la mort de la région [11,5 millions d'âmes]. Il ne s'agit pas de regrouper les puissants et les riches au centre et d'exclure les autres. D'ailleurs, les quatre départements en question ne veulent pas entendre parler de fusion.
La volonté de mettre en commun les richesses de l'agglomération
parisienne ne se heurte- t-elle pas à la frilosité des
Hauts-de-Seine, plus riche département de France et fief de Nicolas Sarkozy?
Et la frilosité de Paris ? Bertrand
elanoë est assez flou quand il parle de mutualiser les ressources fiscales : il cite la taxe professionnelle, oubliant habilement les droits de mutation sur les ventes d'appartements. En 2007, Paris a récupéré 900 millions d'euros de droits de mutation ! Personnellement, je ne prône pas une fiscalité unique. Je préfère imaginer un financement des opérations - transports,
logements, grands gestes architecturaux... - à proportion de la richesse de chacun.
La nomination de Christian Blanc (NC) comme secrétaire d'Etat chargé du Développement de la région capitale n'a pas toujours été bien accueillie, notamment par Jean-Paul Huchon...
Bertrand Delanoë ou Claude Bartolone [président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis] ont
dit qu'ils étaient immédiatement disponibles pour discuter avec lui. Ceux qui ont protesté font preuve de repli sur soi. Je dis à Jean-Pau Huchon : arrêtez de vous arc-bouter sur l'institution régionale parce que vous en êtes le président ! Reconnaissez que des choses ne fonctionnent pas ! Et je dis à Bertrand Delanoë : ne croyez pas que vous allez créer un Grand Parisqui ne soit qu'un moyen pour la ville de régler ses problèmes d'intendance, d'évacuer la question des logements sociaux, des tours, des déchetteries ou des centres de retraitement des eaux
usées. Le Grand Paris ne doit pas être l'imperium parisien mais une structure à l'équilibre respectant tout le monde.
Pourquoi vous impliquez-vous tant, personnellement, sur le dossier du Grand Paris ?
Chacun sait que je serai candidat aux élections régionales de 2010. Et j'affirme qu'on vit moins bien en Ile-de-France qu'il y a vingt ans. Notre région capitale est de moins en moins capitale et de plus en plus région de province, par rapport à Londres, Francfort ou Barcelone.
Si on ne fait rien, on va encore avoir un débat régional surréaliste, déconnecté des réalités
et des gens. L'af faire du Grand Paris ne fera gagner personne aux élections régionales,
pas plus moi qu'un autre. Parce que ça dépasse les clivages, ça divise à gauche comme à droite.
Les vrais débats pour les gens concernent les transports, le logement, l'emploi, la sécurité...
Je ferai des propositions concrètes pour tous.
Que pensez-vous de la volonté de Nicolas Sarkozy d'organiser des primaires pour désigner les chefs de file dans les régions ?
Je suis membre de la commission nationale d'investiture de l'UMP. Je pourrais participer
à m'auto-attribuer l'investiture avec le concours de mes amis. Pour t a n t , j e s u i s t r è s
demandeur d'un vote des 90.000 adhérents franciliens de l'UMP. Cela valorisera le candidat,
mobilisera les adhérents et donnera une identité à cette campagne. Ces primaires pourraient
avoir lieu début 2009, soit un peu plus d'un an avant les élections.
Interview Bertrand Gréco