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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

La politique, les Français en redemandent ! Gilli & Sablic

Tribune 

La politique, les Français en redemandent !

Publié le

Ces derniers mois, l’agence Grand Public, mandatée par le Parti socialiste, est allée partout dans le pays pour rencontrer et écouter des centaines de Français. Voici quelques résultats de cette démarche appelée « Notre France : parlons-en ! ».

Ces derniers mois, l’agence Grand Public, mandatée par le Parti socialiste, est allée partout dans le pays pour rencontrer et écouter des centaines de Français. Voici quelques résultats de cette démarche appelée « Notre France : parlons-en ! ».

Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.

Ces derniers mois, nous avons arpenté la France, des usines de la vallée de la Fensch en Lorraine aux remparts de Carcassonne, en passant par les villages de la périphérie de Guéret ou les dalles d’Argenteuil. « Notre France : parlons-en ! » : sept étapes construites à la demande du Parti socialiste, qui souhaitait entendre les habitants sans tabou.

Alors que s’exprime le « dégoût d’une classe politique déconnectée des réalités des Français », propos souvent entendus pendant ces rencontres, la démarche pouvait ressembler à un pari. Il aura fallu des milliers de discussions au bord des terrains de sport, aux portes des immeubles, au pied des tracteurs, dans les missions locales et les banques alimentaires, comme à la sortie des usines, des bureaux, des écoles et des supermarchés pour convaincre les Français d’accepter l’invitation à venir débattre : mais, au final, ils étaient au rendez-vous. Même ceux qui ne votent plus ont pris une soirée pour partager espoirs et défiance devant des élus. C’est le premier enseignement de cette démarche : sans invalider la dernière enquête du Cevipof (74 % des Français n’ont pas confiance dans la politique), elle invite à nuancer l’analyse. Si défiance il y a, c’est envers le « spectacle offert par la classe politique ». La politique, les Français en redemandent !

Le passage au crible statistique des dizaines d’heures de verbatim offre un verdict sans appel : invitées à réfléchir sur les priorités pour le pays, les personnes ciblent en priorité la « politique » et le « pouvoir », devant les questions du travail ou de l’école. Si l’on approfondit ce qu’elles voudraient dire aux dirigeants politiques, leurs réponses tournent autour de deux impératifs qui disent leurs attentes (« écoutez ») et leur exaspération (« arrêtez ») !

Une fois posé ce préalable, le malaise social s’est massivement invité dans les débats. Beaucoup expliquent ne plus vivre de leur travail et déplorent devoir se lever pour payer des factures, pour « survivre ». Ils veulent que le travail paie plus, que les métiers de terrain soient plus reconnus et que l’accès aux aides sociales soit sécurisé… sans pour autant fragiliser les entreprises, ni aggraver le sentiment d’injustice tenace d’une classe moyenne « en galère ». L’idée qu’il y a « trop de social » a souvent été exprimée, y compris par des personnes elles-mêmes en situation difficile et ne parvenant pas à « boucler les fins de mois malgré deux salaires ».

Bureaucratie aveugle

Au fil des réunions, le débat sur le modèle social a ainsi débordé l’opposition classique entre « prélever plus les riches » ou « réduire l’assistanat » : les Français sont attachés au système social mais ils n’en voient plus le sens. « On ne sait pas où va l’argent », « la France distribue peut-être trop mais mal » : au-delà des aides, un système bureaucratique aveugle a été unanimement dénoncé. Des chefs d’entreprise mais aussi des ouvriers de PME ou des aides-soignantes ont demandé moins de charges tout en constatant que « c’est plus un problème de fonctionnement global que d’argent ». Santé, emploi, environnement, école : la complexité administrative est évoquée dans plus de 50 % des interventions ! Des agents administratifs ont dit ne rien comprendre aux formalités qu’ils doivent remplir dans leur vie de citoyens, des personnes en situation de handicap ont décrit les situations ubuesques traversées pour accéder à leurs droits… Tous disent que c’est à la fois un sujet d’efficacité pour le pays et un enjeu de dignité.

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Autre sujet majeur que les débats ont à, la fois affirmé et reformulé, la jeunesse, l’école. Face au constat unanime d’un système qui reproduit les inégalités et génère un stress et une concurrence intolérables, la question ne peut se résumer à celle des moyens. C’est tout un fonctionnement qu’il faut revoir. Plus largement, entre ratés de l’école et de l’université, insertion professionnelle compliquée et difficultés sociales accrues, l’avenir des jeunes préoccupe tout le monde. Canada, Dubaï : faut-il partir pour réussir ses projets de vie ? A l’heure où le débat public se concentre sur la fermeture de nos frontières, les Français s’inquiètent plutôt d’un pays qui laisse fuir ses talents.

Tous ces éléments résonnent avec le débat sur l’identité nationale. Là encore, le sujet s’est invité d’une façon inverse à celle des plateaux de télévision. Des dizaines de personnes se sont levées, enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants d’immigrés, pour demander « combien de générations encore avant d’être considérés comme Français » et « que l’on arrête d’exiger qu’ils prouvent leur valeur en tant que Français ».

Immense vitalité

Loin de l’inconséquence qu’on leur prête à longueur d’émissions, ce sont des citoyens responsables qui se sont exprimés, rappelant à leurs élus l’importance des enjeux et du moment. Face à l’excitation du débat public, les participants cherchent l’apaisement et invitent les dirigeants à travailler ensemble aux problèmes des Français, sans rajouter de tensions inutiles.

Le sentiment d’urgence est accru par rapport aux travaux similaires que nous avons menés ces dernières années (comme pour la CNDP en amont du grand débat national). Jusque-là, les Français faisaient systématiquement référence aux valeurs de la République, Liberté-Egalité-Fraternité, et à son modèle social. Ils y voyaient des socles solides donnant un avantage à la France et aux Français dans un monde instable et complexe. Pour la première fois, ils en parlent avec inquiétude, se demandant comment les sauver.

Loin des bisbilles d’appareil et des plateaux de CNews dont ils sont écœurés, les habitants incitent leurs dirigeants à se remettre en question : ne plus rabâcher les mêmes solutions mais reformuler les problèmes en partant du terrain ; prendre enfin au sérieux leurs concitoyens et leurs salariés, les écouter et travailler en s’appuyant sur cette intelligence démocratique. Ces rencontres disent que les Français sont loin d’être résignés. Ils expriment une immense vitalité, celle qui fait qu’un pays reste debout.

◗ NB : L’agence Grand Public s’est spécialisée dans l’accompagnement du changement. Elle travaille sur l’opinion interne et externe, au moyen d’enquêtes filmées
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