22 Février 2024
Faites vous une opinion..
(...) Entrent aujourd’hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j’ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France. Oui, la France de 2024 se devait
d’honorer ceux qui furent vingt-quatre fois la France. Les honorer dans nos cœurs, dans notre recueillement, dans l’esprit des jeunes Français venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée
avant elle, étrangère, juive, communiste, résistante, jeunesse de France, gardienne d’une part de la noblesse du monde.
Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat, avec vos camarades, ceux de l’Affiche, du MontValérien, avec Golda, avec Joseph et avec tous vos frères d’armes morts pour la France. Vous
rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon. L’ordre de la nuit est désormais complet.
Missak Manouchian, vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l’Arménie délivrée du chagrin, l’Europe fraternelle, l’idéal communiste, la justice, la dignité, l’humanité, rêves français, rêves
universels.
Missak Manouchian, vous entrez ici avec Mélinée. En poète qui dit l’amour heureux. Amour de la Liberté malgré les prisons, la torture et la mort ; amour de la France, malgré les refus, les trahisons ;
amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître.....(...)
Le texte du discours
Un commentaire d'Antoine Perraud sur
Mediapart
Extrait" Emmanuel Macron arbore le masque de l’émotion. Son
regard se voudrait à la fois lointain et intérieur. Il nous vend son labeur désincarné pour de l’inspiration tripale.
Il met du cœur là où il n’y en a pas. Il joue l’empathie, toujours chez lui absente. Il simule l’émotion, feint les affects, prend ses vessies rhétoriques pour des lanternes oratoires et fait passer son indécrottable boursouflure pour simplicité bienveillante.
Cabotin odéonien qui ne dupe plus personne, il n’habite pas son texte. Sous les yeux las et l’ouïe rebutée d’un
public déçu d’avance, il semble conjuguer sans fin le verbe récupérer. Je récupère, tu récupères, il récupère, nous récupérons…
« Insolents, tranquilles, libres », dit-il, comme pour dépolitiser ces militants si politiques. Puis il s’adresse à
la dépouille : « Vous entrez ici toujours ivre de vos rêves. » Non, non et non : Manouchian n’était pas ivre de ses
rêves, mais soucieux de ses combats.