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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

Roger Martelli "Des sondages et de l'avenir de la NUPES"

Des sondages et de l’avenir de la Nupes
30 octobre 2023 | Roger Martelli
Quel serait le vote des Français s’ils devaient rejouer aujourd’hui la présidentielle de 2022 ? Roger Martelli analyse le sondage Cluster 17. Spoiler : l’extrême droite se porte bien.
Selon ce sondage, le trio de tête serait le même que le 10 avril 2022, mais pas le classement et les scores atteints. Marine Le Pen surclasserait cette fois ses concurrents avec 29,5% des suffrages exprimés (contre 23,2% en 2022), Emmanuel Macron tomberait sans surprise à 24,5% (27,9% en 2022) et Jean-Luc Mélenchon passerait de 22% à 17,5%. Si l’on regroupe les votes, on obtiendrait ainsi une gauche à 30,5% (31,9% en 2022), une droite traditionnelle à 31% (35,8% en 2022) et une extrême droite à 39%. La gauche se tasserait légèrement, ne profitant pas de la droitisation et de l’usure du macronisme, la droite reculerait sensiblement et l’extrême droite poursuivrait sa progression : 22,4% en 2017, 32,3% en 2022, 39% en 2023.
 Quels enseignements tirer de cet ensemble ?
1. Pour l’instant, la seule évolution sensible se trouve dans la consolidation du vote en faveur de Marine Le Pen et de l’extrême droite, ainsi que dans le tassement sensible du reste de la droite. Pour ce qui est de la gauche, la situation est plus incertaine. Globalement, les sondages la placent à un niveau proche de celui de 2022, avec une amplitude des estimations qui va de 29% à 35%. Elle resterait ainsi dans ses très basses eaux historiques.
À l’intérieur de la gauche, l’avantage resterait à une gauche bien ancrée à gauche, malgré le tassement du vote présidentiel en faveur de Mélenchon. Mais, le total de la gauche est toujours très minoritaire et, dans l’ensemble de cette gauche, le poids de la France insoumise est moindre que précédemment. Ajoutons un autre constat : quand l’hypothèse d’une candidature unique au sein de la Nupes est testée, le total de la gauche recueille moins de suffrages que lorsque ses composantes se présentent en ordre dispersé. C’est le signe que, en l’état, la Nupes ne recueille pas les suffrages de toute la gauche potentielle.
2. La France insoumise met une fois de plus l’accent sur la nécessité pour la gauche de parvenir au second tour. À ses yeux, le corps électoral restant divisé en trois « blocs », un second tour entre une candidature à gauche et une candidature à droite reste parfaitement ouvert. L’hypothèse se défend mathématiquement et, de fait, elle a failli s’imposer en 2017 et en 2022. Elle se heurte toutefois à une triple incertitude. D’une part, les « blocs » sont des mythes : la gauche montre ses divisions et la droite se délite ; à la limite, si la métaphore du bloc a quelque peu de sens, c’est du côté de l’extrême droite. En deuxième lieu, la tripartition ne peut dissimuler un déséquilibre qui oppose un conglomérat de gauche et deux regroupements à droite. Enfin, pour l’instant, s’il y a depuis 2017 de la porosité entre les trois ensembles, elle est beaucoup plus évidente entre la droite et l’extrême droite qu’entre la droite macronienne et la gauche.
On peut donc avancer l’idée qu’une gauche rassemblée dès le premier tour a certes plus de chance de parvenir au second tour qu’une gauche divisée. Mais, pour convertir l’acquis du premier tour en majorité au second, il lui faut gagner plus de vingt points quand une dizaine pourrait suffire à l’extrême droite. Dans ce cas, il ne suffirait pas à la gauche d’être présente au tour « décisif » : encore faudrait-il qu’elle ne soit pas représentée par une figure qui apparaîtrait trop clivante. Marine Le Pen a réussi à limiter son image inquiétante et répulsive ; il serait dommageable qu’elle trouve face-à-elle une candidature dont la force de répulsion l’emporterait sur la capacité d’attraction. Que cela apparaisse ou non comme une injustice, c’est aujourd’hui le cas d’une personnalité comme celle de Jean-Luc Mélenchon.
3. Contrairement à ce qui se dit parfois, ce n’est pas une question de « radicalité ». Depuis le début de ce siècle, la gauche française a été longtemps dominée par une variante sociale-libérale de ses projets possibles. Cette domination a été rompue en 2017 et il serait infiniment dommageable que la gauche revienne en-deçà de cette rupture. Mais la radicalité nécessaire (agir à la racine des maux qui pénalisent majoritairement le corps social) ne se mesure pas à l’intransigeance des refus ou à la virulence des discours, mais à la capacité à faire de l’alternative démocratique, écologique et sociale un mouvement majoritaire.
La question centrale ne peut donc pas être seulement de savoir si la gauche doit être unie ou divisée. Aucune majorité n’est possible pour une gauche qui se vivrait comme irrémédiablement séparée par des murs isolant deux ou plusieurs gauches présumées irréconciliables. Mais le problème central aujourd’hui est que, unie ou divisée, la gauche est ultra-minoritaire parmi l’ensemble des individus qui votent, comme de ceux qui ne votent pas. Pour que la gauche se replace dans un dynamique majoritaire, encore faut-il qu’elle se retrouve rassemblée, non pas autour d’un catalogue de mesures, mais autour d’un projet, d’un récit simple qu’elle puisse opposer au récit simple d’un « ordo-libéralisme » relooké ou d’un repli protectionniste, antidémocratique et excluant.
Ajoutons que ce projet ne peut procéder du ralliement à celui d’une composante de la gauche, comme cela a été le cas en 2022, dans le temps ramassé qui a séparé la présidentielle et les législatives. Le projet pleinement partagé doit être le résultat d’un travail, d’échanges soutenus. Et ceux-là ne devraient pas mobiliser les seuls états-majors de partis, mais associer l’ensemble du champ de la gauche, partisane, syndicale, associative et culturelle, dans le respect de l’autonomie et de la légitimité de chacun.
Pour qu’un tel rassemblement soit durable et acceptable pour le plus grand nombre de composantes de la gauche, il doit écarter toute hégémonie et s’appuyer sur une culture véritable de l’union. Or cette culture n’a de pérennité possible que si elle inclut trois convictions majeures. Tout d’abord, la gauche est plurielle et comprend des manières différentes de se situer sur un axe qui va du désir de rupture avec l’ordre existant jusqu’à l’obsession d’un réalisme supposant de s’accommoder à ses normes. En deuxième lieu, pour convaincre majoritairement et pour ne pas décevoir par la suite, mieux vaut que la gauche soit bien à gauche, fermement ancrée sur ses valeurs fondatrices d’égalité, de citoyenneté et de solidarité. Mais en tout état de cause, que l’on se situe très à gauche ou non, on ne doit jamais oublier que seule une gauche respectueuse de toutes ses composantes peut accéder à la majorité. La radicalité qui clive ne vaut pas mieux que le consensus qui noie…
4. En 2017, Jean-Luc Mélenchon a su incarner une gauche à la fois bien à gauche et crédible. Il a ainsi relégué loin derrière lui tous ses concurrents et installé une France insoumise assumant une part des fonctions qui furent celles du communisme à son apogée. Mais cette installation n’a répondu qu’à une partie des attentes à gauche. On peut, encore une fois, se réjouir de ce que le curseur à gauche ait été ramené franchement à gauche. La France insoumise et son leader auraient tort toutefois de s’installer dans la quiétude d’une hégémonie qui semble aller désormais de soi mais qui risque de s’engluer dans la minorité. Si l’objectif n’est pas de s’adresser à une seule sensibilité ou à une fraction du « peuple » sociologique, et si elle est de créer les conditions d’une potentielle majorité transformatrice, alors le ton, les discours et les actes doivent être pensés pour réaliser cette convergence. Rassembler à gauche et ne pas cultiver le clivage ; dessiner les contours d’une rupture et rassurer sur les bienfaits qu’elle peut entraîner…
Pour l’instant, celui qui fut la figure de proue de la gauche bénéficie de ce qu’il n’a pas de concurrence suffisamment reconnue et mobilisatrice, ce qui continue à court terme de faire de lui un recours, pour une gauche toujours mal en point. Mais si lui-même et l’organisation qui le soutient s’obstinent à cultiver leur originalité dans la différence, s’ils persistent à attiser les colères plus qu’à rassembler autour d’un projet partagé, le risque est grand que la radicalité ne finisse par être confondue avec l’intransigeance et que cela produise l’éloignement, la rétraction et, un jour ou l’autre, le déclin.
Le PCF d’hier, campé sur son « identité », s’est peu à peu enfermé dans sa différence hautement revendiquée. Il avait pris l’habitude d’user de la formule selon laquelle « seul le parti communiste… » À son corps défendant, elle est devenue réalité et le PC s’est retrouvé bien seul. Du coup, c’est un socialisme de plus en plus tiré vers sa droite qui l’a emporté. Il ne faudrait pas que les Insoumis s’installent de même dans une satisfaction de soi. L’excès de clivage finirait alors par nourrir en retour la réémergence d’une gauche confondant la modération et la capitulation devant les règles du libéralisme et de la gouvernance technocratique et autoritaire.
La nature politique a horreur du vide. Bien fol qui l’oublierait, dans un moment où l’extrême droite prospère. La radicalisation des colères n’est pas en elle-même un vecteur d’esprit de révolution et d’alternative progressiste. Si la gauche veut s’unir pour parvenir à des majorités, elle a besoin d’apaisement entre ses composantes et pas de gauches incompatibles entre elles. Mais, dans ce processus pacificateur, ce sont celles et ceux qui comptent le plus qui ont le plus de responsabilité.
En bien comme en mal…

 

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