5 Octobre 2022
"Je m'engage au coté de mon ami Lazhari Labter pour que cette restitution intervienne avant le déplacement du président de la république en Algérie. Je m'adresse à E. Macron, aux ministres des Armées et de la Culture, à l'ambassadeur de France en Algérie" Pierre Mansat
LETTRE OUVERTE À M. EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE POUR LA RESTITUTION DE LA CLÉ ET DES ÉTENDARDS DE LA RÉSISTANCE DE LAGHOUAT
Monsieur le Président,
Le 4 décembre 2022, les habitants de Laghouat commémoreront le 170e anniversaire de la résistance contre la prise violente de leur ville, après un siège qui avait duré plusieurs semaines, une ville dévastée qu’Eugène Fromentin qualifie dans son ouvrage « Un été dans le Sahara » de « ville assassinée ».
Cette héroïque résistance de quelque 1000 hommes munis d’armes de fortune face à une armada de 6000 soldats de l’élite de l’armée française, aguerris et surarmés, conduits par les généraux Pélissier, Bouscaren et Yusuf de sinistre mémoire, coûta très cher aux valeureux Laghouatis : près de 3000 morts sur 4000 habitants selon les estimations d’acteurs directs.
Cette année funeste est restée gravée à ce jour dans les mémoires des habitants de la ville sous le nom de « Am el-Khalia », l’année de l’anéantissement.
Monsieur le Président,
Au nom des habitants de la ville de Laghouat, en particulier, et des Algériennes et Algériens, en général, jaloux de la préservation de leur patrimoine historique et engagés pour sa récupération, nous, personnalités et associations de la société civile signataires de cette lettre ouverte, vous demandons d’user de votre bon droit auprès des institutions et des autorités concernées pour leur demander, dans le cadre des accords, lois et conventions internationales, la restitution de la clé d’une des portes de Laghouat qui se trouve au Musée de l’Empéri à Salon-de-Provence, ainsi que les cinq étendards de la résistance qui se trouvent au musée des Invalides à Paris.
Cette clé avait été enlevée par un spahi sur la serrure de l’une des portes de la ville, qui l’a remise par la suite au général Pélissier après s’être aperçu qu’elle n’était pas en or comme il l’avait cru.
La place de ces « trophées » est au Musée de Laghouat.
Monsieur le président,
Les signataires de cette lettre ouverte ne manqueront pas d’apprécier à sa juste mesure l’effort que vous ferez, sur la lancée de ce que vous avez déjà entrepris dans le sens de la reconnaissance des crimes contre l'humanité commis par l'armée française de l'époque et de votre engagement à poursuivre cette démarche afin que soit révélée la vérité, restée trop longtemps occultée.
LES SIGNATAIRES
Lazhari Labter, écrivain
Mohamed Chettih, universitaire, écrivain
Bachir Benchohra, chercheur en histoire
Mohamed Bentireche, artiste photographe
Bachir Bediar, universitaire, linguiste, écrivain
Haroun El Kilani, artiste
Tayeb El Aidi, artiste peintre
Aissa Moulay, artiste
Miloudi Taouti, poète, chanteur
Bachir Bouzidi, pharmacien, ancien directeur de la santé
Mohamed Slimani, notaire
Mohamed Biter, professeur à l'université de Laghouat
Kamal Benarfa, professeur à l'université de Laghouat
Mebarek Benadjila, médecin gynécologue
Sihem Ammari, juriste
Abdelhamid Badis Bentireche, animateur culturel
Omar Bouameur, artiste
Aicha-Zohra Merad, médecin chirurgie infantile
Safia Reche, artiste plasticienne
Meriem Djeridane, architecte
Abdelkader Hadj Aissa
Bachir Blidi, commerçant
Noureddine Khemili, président de l'association du 4 décembre 1852
Madani Benadjila, ingénieur agronome, président de l’association du 1er novembre 54
Fréha Mechattah, présidente du bureau de Laghouat de la Fondation pour la préservation de la mémoire
Hadj Tayeb Hadj Aissa, cadre Sonatrach à la retraite, président de l'Association des retraités de Laghouat
Djamel Abdennasser Lamri, président du groupe musical « Taslim »
Habib Mahçar, artiste, commissaire du festival international du chant spirituel soufi