Le Forum métropolitain du Grand Paris, ex-Paris métropole, syndicat mixte d’études et « parlement du Grand Paris » qui joua un rôle central dans la construction métropolitaine, va être liquidé. Jean-Philippe Gautrais, son président, vient d’écrire aux élus des collectivités membres pour leur annoncer.
Quelques années après l’Atelier international du Grand Paris (AIGP), c’est le Forum métropolitain du Grand Paris (FMGG) qui est appelé à disparaître. Son président, le maire (FDG) de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) Jean-Philippe Gautrais, a inscrit cette dissolution à l’ordre du jour du prochain conseil syndical, qui se tiendra mardi 23 novembre. Alors qu’il y a un an, le syndicat mixte avait survécu à une précédente tentative d’extinction, Paris et la Région ayant fait part de leur volonté de réduire sensiblement leur contribution financière, il semble que cette fois l’issue soit inéluctable. « Aujourd’hui, le Forum ne fonctionne plus », résume le 1er adjoint à la maire de Paris Emmanuel Grégoire, traduisant un sentiment largement répandu chez les élus franciliens.
Ces derniers mois, des Départements, à l’image des Yvelines, ou des grands syndicats, comme le Syctom, avaient décidé de quitter le navire. D’une équipe d’une dizaine de personnes, le Forum ne compte plus aujourd’hui que quatre temps pleins.
Casus belli
« Créé en 2009 après des années de dialogue entre les collectivités territoriales de tous bords et de toutes strates d’Ile-de-France, notre syndicat mixte, qui s’appelait Paris métropole, concrétisait alors la volonté de tous les élus de travailler ensemble », rappelle Jean-Philippe Gautrais, le président du Forum, dans une lettre aux élus membres du syndicat mixte (voir ci-dessous). « Je pensais, lors de la création de la métropole du Grand Paris, que cette structure pourrait garder son utilité, en permettant un dialogue entre élus de différentes strates. Mais la mobilisation des élus pour participer aux travaux provoqués par la création des Territoires et de la métropole du Grand Paris ne l’a pas permis », estime Daniel Guiraud (PS, Les Lilas), qui présida l’instance.
Pour certains élus, le Forum métropolitain du Grand Paris fait aussi les frais de la rivalité entre Paris et la région Ile-de-France, que la campagne en vue de l’élection présidentielle exacerbe. D’autres rappellent que la candidature du maire (LR) de L’Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, précédent président du Forum métropolitain du Grand Paris, à la présidence de la métropole du Grand Paris avait constitué un casus belli pour la maire de Paris et le président, alors sortant, de la Métropole.
« Le Forum est aujourd’hui la seule instance neutre en capacité de travailler sur ces enjeux pour lesquels chaque strate territoriale et l’Etat possèdent une partie de compétence, estime le président du Forum métropolitain du Grand Paris Jean-Phiippe Gautrais, dans une lettre envoyée aux exécutifs des collectivités membres. Malheureusement aujourd’hui, et malgré la volonté de nombreux élus de maintenir l’existence de notre espace de dialogue opérationnel, neutre et performant, l’abandon progressif des instances du Forum depuis deux ans est l’illustration d’un repli sur soi de plus en plus prégnant. Face à cette réalité, j’ai donc mené une concertation méthodique sur le devenir de notre syndicat mixte, d’abord entre ses principaux financeurs et acteurs politiques, ensuite entre les membres de son bureau. Si je note la détermination de certains d’entre nous d’aboutir sur un projet collectif et ambitieux, l’absence répétée de certaines collectivités lors de ces réunions traduit bien une volonté de finir cette aventure commune qui dépassait les intérêts individuels. Cette absence de solidarité entre les territoires ne permet pas de répondre aux enjeux qui se posent à nous. Il faudra tirer les conséquences politiques de cet acte qui révèle également une querelle des légitimités. »
« Le Forum a été un formidable outil prolongeant l’histoire visionnaire des précurseurs de la Métropole, estime Emmanuel Grégoire, 1er adjoint de la maire de Paris. Une nouvelle relation entre les villes, plus de coopération, moins de concurrence, le sentiment d’appartenance et un destin commun pour la Métropole. Je pense au rôle fondamental des précurseurs : Pierre Mansat, Jean-Yves Le Bouillonnec, Daniel Guiraud, Philippe Laurent, Patrick Braouezec, évidemment Bertrand Delanoë… Mais aujourd’hui, en dépit de tentatives multiples, le Forum ne fonctionne plus. La MGP a pris le relai et les maires ne peuvent pas multiplier les lieux d’implication. C’était une très belle histoire, l’avenir s’écrit maintenant autrement et grâce à lui ».