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Pierre Mansat et les Alternatives

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"Ma vie rouge.Meurtre au grand Paris" dans Le Télégramme

"Ma vie rouge.Meurtre au grand Paris" dans Le Télégramme
Des mots et des livres. À la recherche d’un projet métropolitain pour Paris

On ne sait pas si Pierre Mansat peut être qualifié d’homme politique, au sens classique du terme. Militant, fidèle à son engagement de jeunesse au Parti Communiste, assurément. Élu loyal, sans aucun doute, tout particulièrement à l’égard de Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, qui lui a confié un poste d’adjoint. Malgré cette double caractéristiques que d’aucuns pourraient considérer comme des carcans, il n’en fut pas moins un homme libre, attaché à mener la mission que les circonstances lui avaient imputée : faire de Paris une métropole à part entière, à l’instar de ce que sont ses homologues, capitales politiques et/ou économiques, dans le monde entier.

Vingt ans après son entrée en scène, si on peut constater qu’il a échoué, on ne saurait pour autant lui reprocher d’avoir démérité. Ce qu’il nous raconte dans cet ouvrage, cosigné par Christian Lefèvre, un universitaire, suffit à nous en convaincre. Même si on y trouve, glissés dans son témoignage, quelques chapitres d’une fiction qui se veut policière et qui est surtout formellement maladroite.

Pierre Mansat a été élu au Conseil de Paris, en 2001. D’entrée, Bertrand Delanoë lui confie donc une fonction d’adjoint qui n’existait pas jusqu’alors : chargé des relations avec les collectivités de banlieue. Dans l’esprit du Maire, il s’agit d’abord, à l’évidence, de pacifier les contacts avec les collectivités tenues par des communistes. Et qui mieux qu’un communiste pour cela ? Sauf que Pierre Mansat comprend vite qu’il y a un enjeu bien plus important dont il ne tarde pas à se saisir : doter l’agglomération capitale d’une entité susceptible de traiter les problèmes à leur juste niveau. Car ce n’est pas dans l’espace étroit qu’occupe Paris, malgré les privilèges dont la ville bénéficie, notamment de la part de l’État, que peuvent être réglées efficacement les questions de logement, de transports, de développement économique, d’environnement, etc. Un sujet, dont l’enjeu dépasse d’ailleurs cette seule agglomération, si l’on veut bien considérer l’impact qu’elle a sur l’ensemble du pays.

 
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Malheureusement, ce que l’on retient du témoignage de Pierre Mansat, c’est surtout l’inertie de chacune des collectivités concernées (communes, départements, région), et de leurs représentants, essentiellement soucieux de préserver leurs précarrés respectifs et se complaisant dans leurs querelles politiciennes. Une situation qu’aucun gouvernement n’a pris le risque de bousculer. François Hollande s’est contenté de créer une structure de Grand Paris, composée d’élus délégués par leurs collectivités et dépourvue du moindre pouvoir. Finalement, la seule décision marquante fut, sous Nicolas Sarkozy, la création d’un réseau de métro, effectivement à l’échelle de la métropole et de nature à appuyer son développement. Un réseau, certes ambitieux, mais surtout financé par emprunts et sans que cela s’inscrive dans une démarche institutionnelle et urbanistique vraiment cohérente.

Bien qu’ayant toujours privilégié le dialogue et bien qu’ayant trouvé l’appui de techniciens et d’universitaires, Pierre Mansat n’a finalement gagné dans l’aventure, interrompue en 2019, pour ce qui le concerne, que son exclusion du Parti Communiste. Son récit n’en est que plus révélateur. On se demande tout de même ce que vient faire là la pseudo-fiction, sauf à nous laisser supposer qu’il y a, derrière tout cela, des complots ourdis par quelques intrigantes officines. Ce qui n’est pas, à l’évidence, le sens du propos de Pierre Mansat. L’inertie et l’impuissance politique qu’il décrit sont suffisamment dommageables pour qu’on n’en ajoute pas en extrapolations.

« Ma vie Rouge. Meurtre au Grand Paris ». De Pierre Mansat et Christian Lefèvre. Presses Universitaires de Grenoble. 19 €.

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