> Le parti des communistes par Julian Mischi
Extrait de l'introduction :
" La France est – avec l’Italie – le pays d’Europe de l’Ouest où
le mouvement communiste a été le plus puissant. Le parti
communiste a été un acteur central de la vie politique
française au xxe siècle, il a joué un rôle crucial dans la vie de
millions de femmes et d’hommes engagés dans l’espoir d’un
monde plus juste, débarrassé du capitalisme. Leur lutte a
donné lieu à des avancées sociales considérables, notamment
pendant le Front populaire et après la Libération. Ses militants
ont dû traverser des périodes de répression intense, des
moments d’euphorie collective mais aussi, pour beaucoup, de
profondes désillusions. Vecteur d’entraide dans les usines et
les quartiers, outil de lutte contre la domination patronale et
l’exclusion politique des classes populaires, l’engagement
communiste fut également synonyme de sectarisme stalinien
et de confiscation des aspirations révolutionnaires.
Avoir à l’esprit cette ambivalence permettra d’éviter une
lecture simpliste de l’action des militants français. L’ambition
de cet ouvrage est de rendre compte de leurs espoirs et
de leur dévouement sans négliger leur intégration dans des
logiques d’appareil, potentiellement conservatrices, articulées
avec la politique de la Russie soviétique. L’effondrement
de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en
1991 et le déclin continu du Parti communiste français
(PCF) dans la dernière période appellent plus que jamais
l’abandon des visions schématiques fondées sur des jugements
de valeur manichéens, au profit d’un regard attentif à
cette complexité mais aussi aux leçons politiques
que livre cette histoire séculaire."
Les significations attribuées au mot « communiste » sont plus diverses que jamais. Il renvoie à une histoire tragique pour les peuples et les communistes eux-mêmes, et est même associé, dans le cas de la Chine, à un acteur central de la mondialisation capitaliste. Mais il reste aussi, pour beaucoup de celles et ceux qui le revendiquent, lié à l’idée d’une alternative au capitalisme, visant à l’égalité sociale et à l’instauration d’un pouvoir politique effectivement exercé par le plus grand nombre, non monopolisé par les élites sociales.
Au-delà de ceux qui l’ont pensé ou dirigé et dont on a retenu les noms, le Parti communiste français est aussi le fruit de l’engagement de nombreux syndicalistes, militants associatifs, femmes se revendiquant ou non du féminisme ou encore travailleurs immigrés investis dans les luttes anticoloniales. Cette histoire, qui commence au congrès de Tours en 1920 et traverse un siècle en France, est aussi la leur. Retraçant d’immenses espoirs et de profonds découragements, Julian Mischi, sociologue et politiste, qui a notamment publié Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF (PUR, 2010) et Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 (Agone, 2014), relate ici une tentative unique de rendre justice aux classes populaires.
> Le parti rouge [ belle résonance avec le titre de mon livre a paraitre en avril "Ma vie rouge" aux PUG , titre choisi il y a plusieurs mois...] par Roger Martelli
Il y a un siècle, naissait ce qui allait devenir le Parti communiste français. Ce parti fut longtemps l’un des plus populaires du champ politique français. Pendant plus de trois décennies, il fut aussi le premier parti de gauche, avant de connaître un recul continu qui l’a porté vers les rivages de la marginalité.
Cet ouvrage, qui insère les approches thématiques dans une trame chronologique rigoureuse, cherche à comprendre ce qui fit la force du PCF et ce qui a nourri son déclin. Il s’emploie à décrire la manière dont le communisme du xxe siècle s’est enraciné, à la charnière d’un communisme mondial dominé par le PC soviétique, dans un mouvement social structuré autour du monde ouvrier et urbain et une gauche politique traversée par les souvenirs des révolutions du passé, comme par les événements traumatisants des guerres mondiales et coloniales.
Avec la fin de la guerre froide, l’ouverture des archives et la multiplication des angles de recherche, il est aujourd’hui possible d’observer le PCF de façon plus sereine et plus sûrement documentée. On prend désormais la mesure de ce que le communisme politique ne fut pas seulement un parti, voire un appareil très centralisé, mais aussi une galaxie associant du politique, du syndical, de l’associatif et du symbolique. C’est cet objet « total » qui est ici présenté, analysé et interrogé.
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