Les masques vont jouer un rôle important dans le déconfinement, qui a débuté le 11 mai en France. A partir de cette date, ne pas en porter dans les transports en commun sera passible d’une amende de 135 euros. Les personnels enseignants des écoles maternelles et primaires devront également en porter pour accueillir leurs élèves.
Il existe deux grands types de masques médicaux qui répondent à des normes spécifiques :
- les masques antiprojections, dits « chirurgicaux », qui sont conçus pour éviter que ceux qui les portent ne rejettent des sécrétions et contaminent les autres ;
- les masques de protection respiratoire individuelle (comme les fameux FFP2), qui sont équipés d’un système filtrant l'air inspiré destiné à protéger le porteur des risques d’inhalation d’agents infectieux. Ces masques ne peuvent pas être portés très longtemps en raison de la résistance respiratoire qu'ils impliquent.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait savoir, dans un avis, que deux types de masques en tissu sont disponibles, selon les publics :
- les masques de « catégorie 1 », à destination des « professionnels en contact avec le public », comme les caissiers ou les forces de l’ordre.
- Les masques de « catégorie 2 », dits « de protection à visée collective », seront, eux, en vente libre à destination du reste de la population, et seraient un peu moins filtrants.
Les masques chirurgicaux et les masques en tissu sont conçus pour cela, en offrant une protection essentiellement pour les autres. Encore faut-il les utiliser correctement et respecter en parallèle les gestes barrières, notamment en se lavant les mains, qui sont un vecteur majeur de transmission. Et s'assurer que ces protections soient réalisées, pour le cas des masques en tissu, selon les normes officielles (normes Afnor).
Les masques médicaux de protection respiratoire individuelle (type FFP2) sont conçus pour protéger le porteur, mais leur rareté et la résistance respiratoire qu'ils impliquent font que les autorités de santé recommandent de les réserver aux soignants qui pratiquent des gestes invasifs sur des patients intubés. Les autres types de masques, y compris les masques chirurgicaux, servent eux à protéger l'entourage extérieur de la projection de goutelettes par le porteur. Concrètement, cela évite de projeter le virus sur des surfaces où il pourrait ensuite contaminer ceux qui les touchent. Cela pourrait aussi limiter la contagion par voie aérienne s'il était prouvé que le coronavirus se propage ainsi également.
Dans tous les cas, les masques ne protègent en rien d'une contamination par les mains, par exemple en mettant celles-ci à la bouche après avoir touché un objet ou une surface contaminée. Ils ne remplacent donc pas les fameux gestes barrières et les mesures de distanciation physique.
Selon l’Association française de normalisation (Afnor), qui édicte les règles pour réaliser des masques alternatifs, le masque en tissu homologué serait en mesure d’arrêter la majorité des grosses gouttelettes expulsées par un porteur de masque. Il peut donc être utile pour les personnes asymptomatiques en cas d'impossibilité de respect des gestes barrières (distance d'un mètre et lavage des mains). Il peut aussi apporter « une certaine protection », « limitée », à une personne saine qui le porterait face à une personne contaminée, note l’Afnor, mais ce niveau de protection reste inconnu. Attention, il est trompeur de se sentir protégé (ou de croire protéger les autres) du virus avec un simple tissu ne répondant pas aux normes, surtout s'il ne couvre pas de façon étanche la zone allant du nez au menton.
De nombreuses publications sur les réseaux sociaux mettent en avant des pourcentages de « probabilité de contagion » par le SARS-CoV-2, avec ou sans masque. Problème, de tels schémas s’appuient sur des données invérifiables. En effet, au-delà du niveau de filtration indicatif de chaque type de masque (FFP2, chirurgical, grand public…), le risque de contamination entre deux personnes dépend de la durée d’interaction, des facteurs environnants qui peuvent jouer sur la charge virale, de l’infectiosité de la personne atteinte du Covid-19… mais aussi, comme le rappelle le Haut Conseil de la santé publique dans un avis rendu le 8 avril, de l’adaptation au visage, du port de la barbe ou de la fréquence ventilatoire. On peut donc affirmer que deux personnes qui portent un masque ont moins de risque de se contaminer l'une l'autre (par rapport à la situation où elles n'en porteraient pas). En revanche il est impossible de quantifier ce moindre risque.
Oui, le gouvernement a changé de braquet sur le port des masques par le grand public : alors qu'au début de la crise, il était déconseillé pour les personnes non malades (ou du moins, ne présentant pas de symptome et n'en ayant pas de suspicion), il est désormais recommandé à tous d'en porter dans les lieux ne permettant pas de garantir une distanciation sociale. Outre l'évolution des connaissances sur le coronavirus et le manque de certitudes sur les masques, l'une des raisons à la frilosité des autorités sur le port du masque pour le grand public était le manque de stocks, a reconnu le premier ministre, Edouard Philippe. Toutefois, la priorité donnée aux gestes barrières (distance d'au moins un mètre, en particulier) n'a pas changé dans le discours des autorités.
Avant de mettre un masque, il faut se laver les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique, appliquer le masque de façon à recouvrir le nez, la bouche et le menton et l’ajuster au mieux sur le visage (on ne doit pas sentir de jet d’air vers les yeux lors d’une expiration forte). Lorsque l’on porte un masque, éviter de le toucher et de le déplacer ; chaque fois que l’on touche un masque usagé, se laver les mains à l’eau et au savon ou à l’aide d’une solution hydroalcoolique.Si l'on veut boire ou manger, il faut changer de masque.Le masque doit être porté quatre heures au maximum. Pour retirer le masque, il faut l’enlever par derrière (ne pas toucher le devant du masque), et se relaver les mains. Le masque doit être jeté s'il est à usage unique, ou isolé pour être lavé (dans un sac plastique à jeter ou dans un sac réutilisable à laver en même temps que le masque).
Le masque et son sac peuvent être lavés ensemble et dans ce cas, sortir le masque du sac. Procéder à un lavage en machine avec une lessive classique adaptée au tissu avec un cycle long à 60 °C sans adoucissant, puis à un séchage sans délai (pour éviter le développement d'autres bactéries dans le linge humide) et un repassage à la température indiquée sur la notice du masque. Mettre enfin le masque lavé dans un sac plastique ou tissu propre. Des procédures plus sommaires comme un lavage à la main permettent d’inactiver le coronavirus sur les masques, mais pas nécessairement de se débarrasser d’autres germes présents dans les mailles du tissu, surtout s’ils trouvent un terrain de reproduction favorable dans des résidus de sécrétion ou de mucus piégés dans le tissu. Il faut donc opter pour une eau assez chaude et savonneuse, mais ne pas la faire bouillir ni ajouter de désinfectant, ce qui pourrait altérer la qualité des textiles et ses propriétés de filtration. En revanche, passer son masque au four, au congélateur ou à la vapeur ne le nettoiera pas.
Face à la pénurie d’équipements de protection, plusieurs centaines de milliers de visières, certaines imprimées en 3D, ont été distribuées en « circuit court » ces dernières semaines. Selon l'Institut national de recherche et de sécurité, si elles peuvent protéger les porteurs des grosses gouttelettes émises immédiatement après une toux par une personne à proximité et face à l’écran, ces visières ne permettent pas de protéger des particules restant en suspension. Elles doivent donc être utilisées en complément d'une protection respiratoire.
A partir du 11 mai, date du début du déconfinement progressif, le port du masque est recommandé dans certaines situations, a annoncé le premier ministre, Edouard Philippe ; les masques sont obligatoires dans les transports en commun (métro, bus, trains, avions, taxis ne disposant pas de séparation en plexiglas…).En entreprise, le port d’un masque devient obligatoire dans les situations où un espace d’au moins un mètre entre deux individus n’est pas possible.Concernant les écoles, des masques seront fournis au personnel de l’éducation nationale et aux collégiens. Pour ces derniers, le masque sera obligatoire quand les règles de distanciation sociale risquent de ne pas être respectées. Pour les élèves des classes élémentaires, le port du masque n’est pas recommandé. Il est même proscrit pour les enfants de maternelle.
En partie : le prix maximal de vente aux consommateurs des masques à usage unique (de type chirurgical) a été fixé à 95 centimes toutes taxes comprises, l’unité, soit 47,50 euros la boîte de 50. Les prix des masques grand public seront simplement « suivis », indique le ministère de l'économie, au travers de relevés de prix, effectués dans les différents circuits de distribution, y compris en ligne. Des signalements de consommateurs pourront être faits sur la plateforme SignalConso. Si les relevés de prix mettaient en évidence des abus manifestes, des actions complémentaires seront décidées, affirme Bercy. L'objectif fixé est de l’ordre de 2 à 3 euros, soit un coût à l’usage de 10 à 30 centimes selon le nombre de lavages et de réutilisations possibles.
Les masques à usage unique (de type chirurgical) sont fabriqués de façon standardisée, ce qui facilite leur contrôle, explique le ministère de l'économie. La mise sur le marché de masques « grand public » ne fait pas l’objet d’une autorisation, ni d’une homologation. Des tests ne sont nécessaires que pour revendiquer l’appellation de « masque à usage non sanitaire » et être autorisé à utiliser les logos du ministère de l'économie. Cela n’empêche pas de mettre sur le marché des produits avec de moindres performances, mais ils ne pourront pas prétendre à l’appellation de masque grand public (catégories 1 ou 2). Concernant ces derniers, des enquêtes seront menées chez les fabricants et importateurs, ainsi que dans la distribution. Il s'agira, affirme Bercy, de vérifier que ces produits ont satisfait les tests de filtration et qu’ils sont accompagnés d'un logo précisant le nombre de lavages possibles et d'une notice d’utilisation. « S’agissant des logos, une période de tolérance sera toutefois appliquée au mois de mai 2020 pour tenir compte des délais de fabrication des emballages et pour ne pas retarder la mise sur le marché des produits. Les fabricants ou importateurs doivent dès à présent fournir une notice avec leur produit », explique la Direction générale des entreprises.
Non. « Le respect de la norme Afnor Spec S76-001 n’est pas obligatoire mais est un moyen privilégié pour produire des masques conformes », explique le ministère de l'économie. Quelle que soit la solution choisie par le fabricant qui voudrait bénéficier de l'appellation de masque grand public (catégories 1 et 2), elle doit être soumise à des tests de filtration et de perméabilité conduits par un « tiers compétent ». Ces tiers compétents sont des laboratoires indépendants parmi lesquels figurent la Direction générale de l’armement, le Laboratoire national de métrologie et d’essais ou encore l’Institut français du textile et de l’habillement, précise le ministère.
Il s’agit essentiellement de produits en textile, mais certaines entreprises proposent aussi d’utiliser d’autres matériaux, comme des fibres naturelles ou des matériaux habituellement utilisés pour les filtres des climatisations automobiles, indique la Direction générale de l'armement (DGA), qui mène avec une équipe de trente personnes des tests sur les masques qui lui sont proposés. Depuis début avril, les masques en tissu sont soumis de préférence à l'expertise de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH).
Dans son avis du 14 mars, la Société française d’hygiène hospitalière indique qu’il faut « éviter d’utiliser d’autres types d’écrans à la place des masques chirurgicaux (masques en tissu, masques en papier, chiffons noués derrière la tête) du fait de données scientifiques concernant leur efficacité (étanchéité) très rares ». Quant aux matières recommandées pour la fabrication de masques alternatifs, ce sont essentiellement des textiles, l'Afnor déconseillant les filtres à café ou aspirateur en raison des substances nocives, pour le porteur du masque, qui pourraient en émaner.
Plusieurs centaines d’entreprises ont proposé des solutions alternatives aux masques médicaux. Mais toutes ces propositions n'ont pas été jugées satisfaisantes par les autorités chargées de les expertiser. Début avril, 76 entreprises ont vu leurs prototypes de masques alternatifs être qualifiés pour leur propriétés filtrantes. L'ensemble des tests est disponible, et actualisé, sur le site de la Direction générale des entreprises. Concernant l'interdiction faite à des couturiers et couturières bénévoles de continuer à produire, une telle interdiction n'existe pas formellement, mais il est interdit en revanche de les commercialiser avec un logo sans avoir réalisé de tests par des tiers compétents.
Les masques de « catégorie 2 », dits « de protection à visée collective », sont en vente libre. Il est possible de s'en procurer sur les plateformes Stopcovid19 ou Savoirfaireensemble, ainsi que dans les pharmacies qui en disposent, les grands surfaces, chez les buralistes, dans les bureaux de la Poste…
Plusieurs villes et collectivités françaises se sont organisées pour distribuer des masques gratuits, afin de faire face à la demande massive liée au déconfinement du 11 mai. Les modalités de distribution dépendront de votre lieu de résidence ; il vous sera probablement demandé un justificatif de domicile. Dans certaines communes, les masques sont déposés dans les boîtes aux lettres, ou à retirer dans des salles communales. A Paris, ils pourront être retirés en pharmacie, après avoir rempli un formulaire sur Internet.
Des publications sur les réseaux sociaux dénoncent la différence de tarifs des masques grand public avec nos voisins européens. Mais elles comparent des protections qui ne sont pas toujours équivalentes (jetable ou réutilisable, normé ou non…). Si vous souhaitez vous en procurer à l'étranger, ne négligez pas les risques d'escroquerie et de contrefaçon. Les douanes ont réalisé un tableau d'équivalences des normes sur les masques pour s'y retrouver, mais elles ne valent que pour les dispositifs médicaux qui ne sont donc pas destinés au grand public.
Il faut plutôt parler de stocks réservés que de stocks cachés dans la mesure où la grande distribution devait protéger ses nombreux employés, en première ligne pendant le confinement. Ensuite, il ne faut pas confondre stocks réels et commandes en cours ; les chiffres communiqués début mai concernaient ces dernières. A ce moment-là, les équipes commerciales, qui disposent de réseaux d'achat à l'étranger bien plus importants que les pharmacies, avaient élargi leurs recherches à la demande des autorités pour« équiper la population française et les opérateurs économiques », a ainsi expliqué Intermarché dans un communiqué. Le groupement a aussi rappelé que toutes les importations de masques font l’objet d’une déclaration auprès du ministère de la santé, qui peut les réquisitionner. Michel-Edouard Leclerc, patron de la marque du même nom, a lui affirmé que les masques seront vendus à prix coûtant, sans faire de marge.