Georges Marchais le disait, "Je ne mène pas la campagne électorale avec des slogans, je considère que les Françaises et les Français ne vont pas acheter un Président comme on achète un paquet de lessive". Au même titre que leur Président, les Français ne choisissent pas non plus leur maire comme ils choisiraient un paquet de lessive. Pour les municipales aujourd'hui, la marque, le parti politique, ne comptent presque plus, selon une enquête d'OpinionWay pour Cap Collectif.
D'après cette étude réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1001 personnes constitué selon la méthode des quotas, les Français sont 68% à vouloir plus de femmes candidates qu'en 2014, plus de jeunes (67%), plus de personnes du secteur privé (61%), plus de candidats issus des minorités (50%). Mais surtout, dans la lignée des résultats de la dernière présidentielle, ils confirment cette prise de distance vis-à-vis des formations politiques. Ils sont, par exemple, 66% à plébisciter la candidature de plus de personnalités sans étiquette politique.
L'effacement des partis politiques
Quand on leur demande le critère qui déterminera leur vote aux élections municipales, ils répondent à 63% le projet du candidat, 21% pour le profil du candidat, et 14% seulement le parti politique du candidat. "Quand on pense à ce qu'a été le rôle des partis politiques, notamment au niveau local, c'était quelque chose de structurant", souligne Frédéric Micheau, directeur du département opinion et politique d'OpinionWay. "Mais ça l'est de moins en moins, même quasiment plus. On est face à un affaissement et un effacement des partis politiques, l'idée d'un parti national qui imposerait une ligne sur tous les territoires, c'est dépassé, désormais ce sont plutôt les programmes et le profil des candidats que mettent en avant les citoyens".
Quand on pense à ce qu'a été le rôle des partis politiques, notamment au niveau local, c'était quelque chose de structurant, ça l'est de moins en moins. Frédéric Micheau, OpinionWay
Dans ce profil, justement, l'expérience politique ne pèse plus grand chose, toujours selon cette enquête. Un chef est peut-être "fait pour cheffer" comme le disait Jacques Chirac, mais expérimenté ou non, peu importe manifestement pour les Français. Ils souhaitent voir des candidats conscients des enjeux locaux, territoriaux, et surtout prêts à les écouter.
"Que ce soit la visibilité médiatique, l'éloquence, la capacité à s'exprimer qui est une qualité politique depuis l'Antiquité, ce sont des éléments qui jouent aujourd'hui beaucoup moins que des qualités d'ordre relationnel : l'écoute ou la capacité à prendre en compte les propositions des habitants par exemple" explique Frédéric Micheau.