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Pierre Mansat et les Alternatives

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La refonte de la poste du Louvre, jolie vitrine de la fracture territoriale Par Sibylle Vincendon, dans Libération

RÉCIT
La refonte de la poste du Louvre, jolie vitrine de la fracture territoriale
Par Sibylle Vincendon, 10 janvier 2019
L’immeuble de 30 000 m2 qui accueille le célèbre bureau parisien ouvert presque 24 h/24 est en rénovation jusqu’en 2020. Un vaste chantier qui contraste avec le repli du service public en France.
Quel Parisien n’a pas fait la queue une fois dans sa vie à 23 h 55 à la poste de la rue du Louvre pour envoyer sa déclaration d’impôts ric-rac dans les délais ? Le seul bureau de France qui ne ferme qu’une heure et demie par jour, entre 6 heures et 7 h 30 pour la maintenance informatique, ne doit sa notoriété qu’à ces horaires hors normes. Car les 30 000 mètres carrés de cet énorme bâtiment du XIXe siècle, somptueux vu de dehors, étaient une boîte noire pour le passant. Le tri postal n’est pas une activité qui se visite.
Trésor. En travaux depuis 2015, le lieu rouvrira en 2020 avec bien davantage qu’un bureau de poste. On y trouvera un hôtel cinq étoiles, des logements HLM, une halte-garderie, un commissariat, un espace de travail pour les étudiants, des bureaux, des commerces, une terrasse plantée, avec la possibilité de traverser l’ensemble.
Mieux, on y découvrira des éléments de patrimoine qui avaient disparu sous les aménagements successifs. A tel point d’ailleurs que la construction de Julien Guadet, érigée en 1886 et dont seule la façade n’avait pas bougé, n’a jamais été classée ou inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Dominique Perrault, l’architecte du projet, revendique de ne pas en avoir profité pour faire n’importe quoi, au contraire. «Au fur et à mesure de l’avancée du projet, on a montré tout ce que l’on conservait de Guadet, y compris des éléments qui n’avaient pas été identifiés parce qu’on ne les avait pas encore mis au jour», a-t-il expliqué mercredi lors d’une visite du chantier. L’architecture métallique qui avait disparu dans le rajout d’étages, les fresques que des faux plafonds dissimulaient, tout cela est de retour. Pour l’architecte, «il y a dans ce travail un raisonnement qui n’est pas intégriste de la relation au patrimoine mais qui consiste à le faire vivre avec des qualités, des performances d’aujourd’hui».
Cette façon de sembler se justifier s’explique par le procès en mauvaises intentions qui a été fait à Perrault lorsqu’il a gagné le concours en 2014. La Tribune de l’art titrait alors : «La poste du Louvre ne sera pas classée, mais elle sera cassée.» Le trésor caché de l’immeuble, «de vastes plateaux rythmés de poutres en treillis métalliques formant une véritable nef, divisée en deux vaisseaux, d’une portée de douze mètres d’un côté, de seize mètres de l’autre, séparés par une ligne de colonnes en fonte», serait voué à destruction. Avec le projet Perrault, écrivait Bénédicte Bonnet Saint-Georges dans la Tribune de l’art, «l’édifice de Guadet perdra son identité et avec elle, sa valeur patrimoniale».

La polémique s’est calmée et il faudra attendre 2020, fin du chantier, pour constater si la funeste prophétie s’est réalisée. Le programme, qui veut équilibrer la charge des équipements publics (halte-garderie, commissariat et HLM) avec la rentabilité des commerces, des bureaux et de l’hôtel, correspond à ce qui se fait partout. La ville de Paris y a fait ajouter une composante urbaine en demandant que les passants puissent enfin traverser ce mastodonte de part en part et profiter de la vue sur les terrasses.
Territoires. Pourtant, à travers cette opération qui offre quand même quelque chose à la capitale, il y a peu de chances que la Poste, via sa filiale Poste Immo, apparaisse comme une bienfaitrice au service du citoyen. Le caractère immobilier de l’opération est évident. Dès lors qu’on n’y trie plus le courrier, les milliers de mètres carrés de l’édifice situés en plein centre de Paris constituent une indéniable source de profit. Mais il est assumable : on peut admettre que dans une saine gestion de l’entreprise publique, cet actif ne soit pas laissé en sommeil. Sans compter qu’il n’est pas impossible non plus que sa transformation soit réussie.
Cela dit, rendre leur poste du Louvre aux Parisiens avec quelques aménités supplémentaires, peut se révéler assez casse-gueule en matière d’image. On comprend mieux en lisant la presse régionale de ces derniers mois. «Lot-et-Garonne : une municipalité exprime son mécontentement envers la Poste» (Sud Ouest) ; «Colombes : tous unis pour sauver les deux bureaux de poste» (le Parisien), «Billère : une action mutuelle pour rétablir le bureau de poste d’Este» (la République des Pyrénées), «Poste de Saint-Denis : le comité ne lâche rien» (la Nouvelle République) ; «A Allouagne, la poste s’installe à la mairie» (France 3). Et on pourrait continuer… Le buzz sur la Poste, c’est qu’elle abandonne les territoires.
A ce reproche, Poste Immo répond par les engagements du contrat de présence postale, qui prévoit 17 000 «points de contact» en France. Ils peuvent être dans un commerce par exemple. «Nous avons 8 414 bureaux et 8 686 "partenaires", dont 6 200 agences postales, 2 486 points relais, explique-t-on à la communication. Nous sommes au-dessus de notre obligation.» A 100 «points» près mais pas forcément là où on les attend.

Sibylle Vincendon 
 

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