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Pierre Mansat et les Alternatives

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Paul Chemetov" Ne détruisons pas le périphérique, transformons le

Paul Chemetov" Ne détruisons pas le périphérique, transformons le

Périphérique, une tribune de Paul Chemetov :
« Le “Yaka dézinguer le périf !” n’est qu’une brève de comptoir. La démolition ne porte en elle-même aucun projet. Elle est une table rase. » 

Grand Paris
Paris : « Ne détruisons pas le périphérique, transformons-le »
Par Paul Chemetov (Architecte)
Le 19 décembre 2018 

Ne croyons pas qu’il suffit de se débarrasser de cette rocade pour changer la vie des Parisiens. Il est préférable de la moderniser afin qu’elle serve au mieux les habitants du Grand Paris, explique l’architecte Paul Chemetov dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Toute métropole ne se définit pas par sa limite, mais par l’intensité des relations qui la nourrissent et la construisent. Si, dans les métropoles régionales, la vie quotidienne se déroule dans un espace que l’on parcourt en une demi-heure de transport, ce n’est pas le cas de la région parisienne. Le centre, qui bénéficie d’un réseau de transport ancien et complet, est aujourd’hui entouré d’une périphérie mal desservie, mal équipée, devenue la partie la plus vivace et la plus peuplée de la métropole. Le périphérique les sépare.

Paris concentre le cinquième de la population métropolitaine sur 1 % du territoire métropolitain. En même temps, quatre millions de personnes vivent dans la première couronne sur un territoire six fois plus grand et avec une densité trois fois et demi moindre ; dans la grande couronne, la moitié restante de la population régionale occupe les neuf dixièmes du territoire de l’Ile-de-France.

 Lire aussi : A Paris, coup d’envoi d’une expérimentation sur la ville du futur
Dans la compétition mondiale, c’est la singularité de Paris qui fait son identité. Quelle est-elle ? Une grande densité d’habitants, des fonctions centrales, une concentration de pôles universitaires et de formation, le maintien – déclinant et c’est préoccupant – d’une production matérielle, un patrimoine paysager et bâti, une offre culturelle, des plaisirs de vie qui expliquent son attraction touristique.

Pas de table rase
Sauf que ces caractéristiques de la zone centrale ne se sont pas reproduites dans la ville distendue que nous héritons de l’âge automobile. Il nous faut les affirmer dans les pôles qui structurent l’actuelle périphérie.

Dans Le Monde du 16 octobre, sous le titre « Détruisons le périphérique ! », Gaspard Gantzer retrouve quelques accents guerriers. Il n’est plus question de « détruire Carthage », ni de constater que là où passe Attila l’herbe ne repousse plus, mais son « Yaka dézinguer le périf ! » n’est qu’une brève de comptoir. La démolition ne porte en elle-même aucun projet. Elle est une table rase.

 Lire aussi : L’architecte Roland Castro dessine le Grand Paris en « poète urbain »
Paris, dans ses mutations et ses convulsions, ne vaut que par ses deux mille ans d’histoire et d’accumulations. Si Paris a grandi par cercles périphériques, la destruction du mur des Fermiers généraux a permis la couronne des boulevards et celle de l’enceinte de Thiers – qui devait être transformée en une ceinture verte – a laissé place au boulevard des Maréchaux, aux briques des HLM, à quelques espaces verts parsemés d’équipements. Le périphérique sur sa frange fut son dernier avatar.

Densité quasi asiatique
Demain, le Grand Paris Express n’assumera en rien un maillage comparable à celui du métro, et les mouvements pendulaires de l’Est habité à l’Ouest des emplois ne pourront se résoudre que par l’addition de tous les modes de mobilité : aux transports en commun, il faut ajouter les automobiles hybrides ou électriques et les vélos pour y répondre.

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On ne peut à la fois supprimer les voies sur berge et le périphérique en espérant le report du trafic (un million de véhicules par jour !) sur le boulevard des Maréchaux, aujourd’hui transformé par le passage du tramway. Enfin, l’[autoroute] A86 comme la Francilienne ne sont pas des anneaux complets et ne peuvent donc pas jouer leur rôle de rocades.

On ne peut avancer des coûts d’aménagement qui ne tiennent pas compte de la destruction du périphérique, ni écrire que cette destruction ne va rien coûter et même rapporter de l’argent ! Ni même promettre deux cents hectares à bâtir, car où seront les équipements, les espaces verts et la voirie de ces six millions de mètres carrés bâtis qui vont aggraver tous les problèmes de la densité parisienne, quasi asiatique dans le monde occidental ?

Transformer le périphérique
En revanche, changeons la nature du périphérique, réduisons la vitesse des véhicules, décourageons les poids lourds, généralisons les revêtements peu bruyants, rétablissons les franchissements qui furent coupés par sa percée et qui reliaient Paris aux communes limitrophes, lançons des équipements communs aux arrondissements de la capitale et aux communes contiguës, prolongeons le traitement des avenues parisiennes au-delà du périphérique, vers Pantin, Villejuif, Choisy-le-Roi ou Sèvres, comme cela fut fait vers Saint-Denis, unifiant ainsi le centre et la périphérie.

Il faut certainement transformer le périphérique. Ceci est un projet, et, comme tout projet urbain, par définition, il consiste à transformer une circonstance. Transformons donc le périphérique en anneau central de l’agglomération parisienne. Voilà un beau projet que devraient porter les municipalités : celle de Paris, mais aussi celles des communes riveraines.

Paul Chemetov (Architecte)
Le 19 décembre 2018

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