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Pierre Mansat et les Alternatives

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Grand Paris, soyons efficaces, soyons simples ! une tribune de Guy Burgel

Grand Paris, soyons efficaces, soyons simples !
par Guy Burgel,
professeur de géographie urbaine à l’Université Paris Nanterre


Chacun connaît depuis Banlieues 89 l’imagination créatrice et l’éloquence lyrique de l’architecte Roland Castro. Mais le scénario du Grand Paris a surtout besoin aujourd’hui d’efficacité et de clarté dans la définition de ses objectifs et de ses moyens. Les termes en sont reconnus de longue date : quel périmètre pour la métropole ? quelles compétences lui accorder ? quelle institution pour la gouverner ?

La question du périmètre est assez simple. Ou le législateur se résout à reconnaître la réalité de l’« agglomération », de l’« unité urbaine » de l’Insee, en gros de ville nouvelle à ville nouvelle (environ 2 000 km2,, 500 communes, 10 millions d’habitants, 5 millions d’emplois). Cette solution a ma préférence de géographe, parce qu’elle a le mérite de rassembler sur une zone continue et relativement intense l’essentiel de la vie quotidienne des habitants de la capitale : la gestion et l’amélioration des transports, l’accès équitable au logement, l’offre d’une activité abondante et compétitive, la sauvegarde d’un environnement sensible et menacé. Mais je comprendrais qu’on se rallie au territoire de la Région Ile-de-France : il a l’avantage de ne pas bouleverser la carte institutionnelle, comme on l’a fait pour le Grand Lyon, s’il a le défaut d’accoler une étendue urbaine dense et des espaces essentiellement agricoles et forestiers, malgré les diffluences de l’agglomération parisienne. Mais on s’est fait à cette fluidité des frontières de la nouvelle géographie urbaine.

Les compétences ne devraient pas plus poser de problèmes. Elles doivent être pleines et entières. En collaboration avec les services de l’Etat, qui ne peut se désintéresser de l’avenir de sa capitale, il est nécessaire qu’elles couvrent l’ensemble du spectre du gouvernement de la ville : la vision stratégique de ses finalités économiques, sociales et politiques, l’administration de ses moyens d’action déjà reconnus (la mobilité, l’habitat, le travail, le développement durable), l’organisation de la participation citoyenne, sans laquelle aujourd’hui toute décision, même juste, est inefficace. Cette articulation des échelles de temps, d’espaces et d’acteurs, est possible, si l’on sait clairement définir les objectifs, et reconnaître la révolution copernicienne de l’aménagement du territoire : on ne fait plus un « schéma directeur » dans un espace administratif prédéterminé, mais c’est l’objectif choisi qui délimite sa zone d’action dans un « territoire institutionnel de projet ».

Cette institution de la métropole est la question la plus difficile, moins par nature que par l’ampleur des rivalités qu’elle déchaîne entre les collectivités en place et les différents échelons du puzzle francilien. Elle doit être unitaire, avec une assemblée et un exécutif élus au suffrage universel direct pour affirmer l’identité citoyenne de la région capitale, et définir clairement une stratégie métropolitaine globale, qui ne peut être l’addition, encore moins la concurrence, de projets de « communautés d’agglomération » ou de « territoires », qui jouent chacun leur partition. Evidemment, cette reconcentration démocratique de la décision stratégique ne doit exclure, ni l’initiative locale dans l’innovation économique ou urbanistique, ni l’administration et l’édilité banales, ni la participation du citoyen dans son espace de vie quotidien. On peut même imaginer qu’un second échelon institutionnel – commune ou regroupement de communes, arrondissement pour Paris – encadrerait cette démocratie de la base. Ce dispositif allégerait singulièrement l’emboîtement actuel des pouvoirs en Ile-de-France, en le réduisant à deux niveaux (métropole, collectivité locale), contre au moins quatre actuellement (Région, départements, intercommunalités, municipalités).

Les injonctions catégoriques qui viennent d’être rappelées sont à l’opposé des principes qui ont inspiré l’élaboration de la loi du 1er janvier 2016 sur la Métropole du Grand Paris(territoire artificiel, compétences morcelées, pouvoirs éloignés du citoyen). C’est dans ce redressement des logiques qu’on attend avant tout les décisions du Président Macron pour une métropole parisienne, plus équitable, plus efficace, et plus conviviale. La méthode n’exclut pas le recours aux mythes, aux images, même à la « rêverie organisée » de Roland Castro. Si l’on veut faire de Paris l’exemple pour le monde d’une « altermétropolisation » réussie, plus inclusive et plus humaine, il faut ici, comme ailleurs, ne pas se tromper de priorités.

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