3 Juillet 2018
Mes chers collègues,
Depuis 2001 Paris a contribué de manière déterminante à inscrire le Grand Paris à l’agenda politique. Je suis convaincue que sans cette volonté forte cette question ne serait sans doute pas d’actualité aujourd’hui.
La rédaction d’un Schéma de Cohérence Métropolitain découle du travail mené au cours de ces dernières années.
La contribution de notre Ville s’inscrit dans cette histoire. Elle est un acte de confiance dans la Métropole, quel que soit son devenir institutionnel. Elle est aussi une nouveauté car elle nous permet pour la première fois de dire quelle Métropole nous voulons non pas sur la forme, mais sur le fond.
Et elle nous rappelle qu’il ne faut pas se méprendre sur la temporalité politique :
Aujourd'hui, la Métropole est là, elle existe – et ce même s'il est toujours possible, et même souhaitable, de l'ajuster. Elle fonctionne avec un modèle inédit de gouvernance partagée : une intercommunalité de 131 communes dont la capitale.
C'est à nous de lui donner les contours d’un véritable projet politique qui dépasse les frontières administratives.
C’est l’objet du futur Schéma de Cohérence Territoriale dont il faut bien mesurer la portée car il sera la matrice de tous les documents d’urbanisme locaux. Nous estimons en effet qu’il a vocation à être prescriptif et à influer concrètement sur la mise en œuvre des politiques locales.
Demain notre PLU devra être compatible avec le SCOT de la Métropole. Or, nous savons à Paris à quel point le PLU est un acte réglementaire majeur, qui cadre nos politiques publiques et nous oblige dans la durée.
Nous ne partons donc pas d’une page blanche et je le dis avec force : il n’est pas besoin d’attendre un grand soir institutionnel pour agir concrètement et améliorer la qualité de vie des habitants.
Car le temps presse dans de nombreux domaines qui déterminent le quotidien des citoyens. Je pense à la qualité de l’air, à l'habitat, à l'hébergement, aux déplacements, à l'emploi, au commerce ou encore aux équipements culturels et sportifs.
Si notre métropole est reconnue pour ses nombreux atouts, force est de constater qu'il est nécessaire d'améliorer encore la qualité de vie de ses habitants, de corriger certains déséquilibres, de réduire les inégalités – sociales, territoriales, scolaires.
Notre responsabilité collective est donc d’agir sur tous ces sujets, sans attendre une transcendance, fût-elle républicaine, ou un énième redécoupage de compétences ou de frontières.
Les habitants veulent un cap et des projets.
Ces projets nous les portons déjà : les Jeux Olympiques et Paralympiques bien sûr, le Grand Paris Express, les 51 projets d’Inventons la Métropole et demain une Zone Basse Émission. Ce sont ces projets qui vont apporter des progrès concrets dans la vie des gens et permettront l’appropriation du territoire par ses 7 millions d’habitants.
Il faut rappeler également que notre métropole n'a jamais été aussi attractive, comme l'ont montré l'attribution des Jeux ou l'installation de l'autorité bancaire européenne et comme le rappellent régulièrement les différents classements internationaux.
Cependant, cette attractivité est freinée par le déficit de qualité de vie qui touche encore trop d’habitants et par des inégalités persistantes – dans le domaine de l’école, du logement, des transports ou de l’emploi.
C’est pourquoi nous devons tout faire pour conforter et amplifier la dynamique d’attractivité, et afin qu’elle profite à tous. Mais nous ne pouvons pas faire comme si elle n'existait pas.
Alors je le dis clairement : cette dynamique trouve sa source dans le rassemblement de 131 maires au sein d’une maison commune – des maires de toutes sensibilités politiques qui ont décidé de donner corps ensemble à la métropole.
C’est un point essentiel car quand on a voulu faire trop vite ou sans les maires, ça n’a pas marché.
Rappelons que pour un territoire comme Lyon, 47 années se sont écoulées entre la création de la Communauté urbaine en 1968 et celle de la Métropole en 2015.
Nous irons plus vite, nous allons plus vite !
Mais nous devons garder à l'esprit qu'un collectif ne se construit pas par le haut, ni par l’imposition par une seule partie prenante de son identité ou de ses objectifs aux autres.
Nous pouvons et devons être plus efficaces – mais sans nous tromper d’époque ou d’état d’esprit.
La Métropole du Grand Paris ne grandira pas avec le fantasme anachronique d’un nouveau Delouvrier, et encore moins avec la vision dépassée d’un Paris hégémonique.
Pour que la métropole grandisse, à l’heure de la République décentralisée, des maires bâtisseurs, de la planification locale, de l’initiative citoyenne et de la mondialisation, il faut qu'elle soit polycentrique, forte de la diversité de ses territoires, de leurs histoires et de leurs singularités.
Ainsi, construire le Grand Paris c’est d’abord amener des élus et des habitants à se rencontrer pour se connaître et se reconnaître - et ce, afin de construire ensemble.
Chacun doit apprendre à se décentrer pour mieux se positionner.
D'une part, nos voisins doivent prendre pleinement conscience que Paris est une ville de contrastes, et pas seulement la « Ville lumière ».
D'autre part, notre Ville doit réaliser et accepter que le patrimoine, la beauté, l’innovation, la création prospèrent partout autour d’elle et donc avec elle. Les territoires de la métropole regorgent de talents, de savoirs faire, de compétences.
Le Schéma de Cohérence Territoriale est l’outil qui nous donne cette connaissance et un programme d’action.
C’est donc un acte politique essentiel.
Il est le souffle qui va donner vie à l’institution que nous avons créée le 1erjanvier 2016, la feuille de route qui fera de la Métropole un acteur politique et la véritable garante de l’intérêt général métropolitain – et non un simple agrégateur.
Cette contribution incarne aussi la conscience aigüe que nous avons des défis à relever pour que la Métropole soit, pour tous ses habitants, un territoire agréable à vivre.
Parmi les nombreux sujets, certains exigent une action particulièrement volontariste et sont donc au cœur de notre contribution : l’inclusion et la lutte contre toute les formes de ségrégation d'une part, l’accélération de la transition énergétique d'autre part.
Dans les deux cas, la bonne échelle d’action est celle du cœur métropolitain.
En deux ans, la Métropole du Grand Paris a adopté un Plan Climat Air Énergie Métropolitain ambitieux et travaille à une zone à basses émissions métropolitaine.
De plus, la première version d'un Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement vient d’être adoptée par le Conseil métropolitain. Et l’idée d’un Samu social métropolitain progresse - ce qui était impensable, il y a même un an.
Mes chers collègues,
Vous le savez : Paris prend toute sa part dans ces efforts. L’exécutif et les 62 conseillers parisiens métropolitains contribuent activement aux travaux de la Métropole du Grand Paris.
Je veux remercier tout spécialement Pierre Mansat et la Mission Metropole du Grand Paris.
En bâtissant des projets structurants pour les territoires et concrets pour les habitants, il s'agit par cette contribution de donner corps à un modèle résilient, durable et inclusif et qui permette à chaque habitant du Grand Paris de bénéficier des fruits de l'attractivité et de la solidarité métropolitaines.