20 Novembre 2015
Grand Paris: l’UDI ne participera pas à la primaire de Sarkozy
Mardi, Les Républicains avaient décidé d’organiser une élection interne pour désigner le candidat de la droite et du centre destiné à présider la métropole
Ludovic Vigogne , Journaliste
C’est non ! L’UDI refuse la primaire voulue par Nicolas Sarkozy pour désigner le candidat de la droite et du centre à la présidence du Grand Paris. « Il n’est pas question que nous y participions, dit Jean-Christophe Lagarde à l’Opinion. Nous ne considérons pas l’intercommunalité qu’est la Métropole comme un lieu d’affrontement entre la droite et la gauche. Or, organiser une primaire signifie par définition qu’il existe un affrontement entre la droite et la gauche. »
Il poursuit : « Tous les élus de cette collectivité ont le droit de choisir celui qui doit la présider. Celle-ci ne pourra pas fonctionner si on y reproduit l’affrontement légitime du Conseil de Paris. » Etonnament, le président de l’UDI n’a pas été consulté en amont par Nicolas Sarkozy sur l’organisation d’une telle primaire. Sur le sujet, il est pourtant incontournable : député-maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), c’est un poids lourd francilien.
Comme l’a révélé l’Opinion, c’est mardi, lors du bureau politique bimensuel des Républicains, que l’ex-chef de l’Etat a dégainé par surprise cette initiative (le point ne figurait pas à l’ordre du jour). Après une très brève discussion, elle a été adoptée à l’unanimité moins trois voix (celles de Rachida Dati, Patrick Ollier et Michèle Alliot-Marie).
Coup de pouce. Plusieurs candidats LR sont sur les rangs pour présider le Grand Paris qui entrera en fonction au début de l’année prochaine : Patrick Ollier, Gilles Carrez et surtout Nathalie Kosciusko-Morizet. Mardi, à l’issue du bureau politique, beaucoup ont considéré qu’en faisant acter une telle primaire, Nicolas Sarkozy apportait un coup de pouce à sa numéro 2. La candidature de chef de file de la droite parisienne est en effet contestée.
C’est pourquoi, au sein du groupe centriste de l’Hôtel de Ville de Paris, on s’étonne aussi de n’avoir pas été interrogé en amont sur l’opportunité d’une telle primaire par Nathalie Kosciusko-Morizet. « Depuis vendredi, j’ai pourtant vu Nathalie tous les jours », raconte Eric Azière, président du groupe UDI-MoDem. Comme Jean-Christophe Lagarde, l’élu du XIVe arrondissement (le même que NKM !) est opposé à toute primaire : « Comme toutes les métropoles de France, le Grand Paris ne sera pas une enceinte d’affrontement politique mais un lieu où l’intérêt général prédominera. Ce n’est donc pas dans un camp ou dans un autre que se définira le point d’équilibre. Celui-ci se trouvera sur l’ensemble du conseil. »
Coup de billard. A l’UDI, on estime d’ailleurs disposer du candidat idéal pour présider le Grand Paris et atteindre un tel objectif : André Santini. Discrètement, le maire d’Issy-les-Moulineaux qui préside depuis 1983 le puissant Sedif (Syndicat des eaux d’Ile-de-France) s’est mis en campagne ces dernières semaines. « André Santini n’a pas besoin d’être en campagne, rectifie Eric Azière. C’est sa force. Il réunit en effet tous les atouts : il est président du conseil de surveillance de la société du Grand Paris. C’est un maire qui a fait ses preuves à la tête d’une des communes franciliennes les plus importantes. Il a un positionnement central qui lui permet d’être le point de convergence de tous ceux qui sont préoccupés d’abord de l’intérêt général. »
Cette fin de non-recevoir du partenaire centriste condamne-t-elle l’initiative de Nicolas Sarkozy ? Ce n’est pas impossible. « Au sein des Républicains, il y a beaucoup de billard à trois bandes autour de la présidence du Grand Paris, décrypte Eric Azière. Il y a beaucoup de faux sentiments et de double discours…»