23 Juin 2009
PARIS (AFP) — Deux mois après le discours de Nicolas Sarkozy annonçant 35 milliards d'euros d'investissements pour "réinventer" le système de transport en Ile-de-France dans le cadre du Grand Paris, de nombreuses questions se posent toujours sur le financement et le calendrier.
"Je souhaite que les travaux démarrent avant 2012, il faut 10 ans en allant vite pour construire les infrastructures", avait déclaré le chef de l'Etat le 29 avril.
Chargé d'étudier les pistes de financement, le député UMP Gilles Carrez doit remettre un premier rapport d'étape d'ici fin juillet et un rapport final début septembre, afin d'intégrer les premières mesures dans le budget 2010 et élaborer un projet de loi spécifique.
M. Carrez, qui a réuni une première fois un groupe technique avec les services des ministères et de la région, doit réunir d'ici à la fin du mois un groupe de 14 parlementaires de droite et de gauche, dont deux élus de province spécialistes des transports.
Le 29 avril, Nicolas Sarkozy avait expliqué que son objectif était de "créer à l'échelle de la métropole un système de transport aussi performant et commode que celui de Paris intra-muros", pour en finir avec "le véritable enfer" vécu par "des millions de Franciliens".
Il avait alors validé à la fois le plan de mobilisation des transports du président PS du conseil régional, Jean-Paul Huchon (PS), de plus de 18 milliards d'euros et du secrétaire d'Etat Christian Blanc, d'un côut, selon l'Elysée, de 21 milliards d'euros.
Ce "grand huit" ou "double boucle" doit relier une dizaine de pôles économiques censés contribuer à la création d'"un million d'emplois en 20 ans".
Après trois réunions du comité de pilotage Blanc-Huchon, qui doit aboutir à un texte de compromis sur le schéma directeur régional, M. Huchon dit avoir "enfin compris d'où venait le chiffre de 35 milliards d'euros" annoncé par le chef de l'Etat.
"Mais, ajoute-t-il, je ne vois toujours pas, et Gilles Carrez non plus, où trouver cet argent". Vendredi, le conseil régional a adopté, l'UMP s'abstenant, un protocole de financement sur son plan de mobilisation, qui atteint presque aujourd'hui 19 milliards.
La région, les huit départements franciliens et le syndicat des transports d'Ile-de-France doivent apporter 12,4 milliards d'euros.
L'Etat est sollicité à hauteur de 3,15 milliards d'euros et la région table sur 3,4 milliards de ressources nouvelles (fonds d'aménagement de la région Ile-de-France, "versement transport" des entreprises).
Comment faire? Roger Karoutchi (UMP) estime que la valorisation du foncier (aménagement des zones desservies, valorisation commerciale des gares...) peut permettre d'obtenir "beaucoup, beaucoup d'argent".
Parmi les autres pistes figurent les "partenariats public-privé", le "versement transport", les tarifs, le zonage de tarification, les subventions publiques.
En outre conformément au souhait du Premier ministre François Fillon, l'effort de financement doit être "partagé de manière équitable".
Autre difficulté: par où commencer, notamment pour Arc Express? L'Elysée avait parlé de deux phases, la partie la plus proche de Paris devant être faite en premier.
Et dans quel sens? La région entend prolonger Eole (RER E) à l'ouest (Saint-Lazare vers La Défense) tandis que M. Blanc parle "dans un premier temps" de brancher la ligne ferroviaire de Mantes sur le secteur de Nanterre.
> Le Monde
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"Nous allons faire la révolution des transports", a lancé samedi 20 juin Valérie Pécresse. Devant 350 militants et sympathisants UMP réunis pour le lancement de la "consultation des Franciliens" qu'elle organise dans le cadre de sa campagne, la candidate UMP à la Région a promis un "avenir radieux" des transports en commun. Elle a plaidé pour une augmentation de la vitesse sur tout le réseau pour permettre aux usagers de gagner "10 à 20 minutes" sur leur temps de trajet, souhaité plus de ponctualité, de sécurité. La ministre de la recherche a surtout mis l'accent sur le développement urgent et impératif des liaisons inter-banlieues pour que les Franciliens de la grande couronne aient un autre "choix" que de passer par Paris pour aller d'un point à un autre de la région. "Aucun projet ne mérite qu'on lui sacrifie tous les autres", a-t-elle affirmé. Mme Pécresse a toutefois reconnu que "la question financière" devait être résolue. "C'est celle que nous posera la gauche et tous les Franciliens", a-t-elle insisté.
Jeudi 18 juin, Jean-Paul Huchon, le président PS de la Région a fait adopter un "plan de mobilisation" de 18,95 milliards d'euros sur dix ans pour les transports. Il prévoit la réalisation et l'accélération de projets en cours tels que la désaturation de la ligne 13 du métro par le prolongement de la ligne 14, la modernisation du RER A et la réalisation d'un premier tronçon du futur métro en rocade autour de Paris, celui situé dans le Val-de-Marne. La gauche, les Verts et le MoDem ont voté pour ce plan élaboré depuis un an avec les services de l'Etat. Les élus UMP de la Région dont Mme Pécresse se sont, en revanche, abstenus estimant que le plan de M. Huchon venait à la fois "trop tard" selon la ministre après des années, "d'immobilisme""trop tôt" puisque M. Huchon ne sait pas encore comment boucler l'enveloppe financière. de la région et
Le patron PS de l'exécutif réclame 3 milliards d'euros à l'Etat. La Région et les 8 départements franciliens se sont déjà engagés à consacrer 12,4 milliards au plan Huchon. Il reste à trouver 3, 4 milliards sous forme de ressources nouvelles.
Pour résoudre l'équation financière de ce plan mais aussi trouver les 21 milliards d'euros que coûterait la rocade de métro automatique autour de Paris, M. Sarkozy a chargé Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale de rendre, fin juillet, un pré-rapport et des propositions définitives de financement en septembre. "Il faudra sûrement augmenter la contribution des entreprises et des usagers" au financement des transports, confie au Monde M. Carrez, élu (UMP) du Val-de-Marne, conscient qu'alourdir les taxes sur les transports et le prix du ticket de métro sont des réformes délicates pour la majorité.
Mme Pécresse s'est montrée défavorable, samedi, à l'instauration d'un tarif unique pour les usagers sur l'ensemble du réseau. Cette réforme supposerait de compenser par d'autres ressources le manque à gagner dans les recettes du Syndicat des transports d'Ile-de-France. En revanche, l'UMP et M. Sarkozy envisagent de revoir les exonérations et la gratuité des transports pour les titulaires de certains minima sociaux, une réforme mise en oeuvre par la gauche à la Région.
Reste une autre piste de financement sur laquelle le chef de l'Etat fonde beaucoup d'espoirs : les recettes fiscales liées à la valorisation des terrains le long des nouvelles infrastructures. Pour pouvoir en estimer le montant, M. Carrez attend de connaître le tracé exact et le déroulé des travaux du futur métro en rocade. Or les arbitrages sont loin d'être rendus entre la Région et l'Etat et des divergences subsistent au sein du gouvernement. Les travaux sont censés démarrer en 2012.