8 Avril 2009
publié le 08 avril 2009
Le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale a déclaré vouloir chercher la "convergence" avec la région devant les maires franciliens réunis en congrès du 7 au 9 avril à Vincennes. Mais, restant discret sur son projet, il s'en est à nouveau pris au Sdrif.
Fidèle à sa discrétion, le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale Christian Blanc est resté flou sur ses intentions, mardi 7 avril, lors des 13es assises de l'Association des maires d'Ile-de-France (Amif), à Vincennes. Critiquant une nouvelle fois le manque d'ambition du schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) en matière de développement économique et de transports, il a surtout renvoyé les élus franciliens au 29 avril, date à laquelle le président de la République présentera le projet de développement pour l'Ile-de-France, à l'occasion de l'inauguration de la grande exposition de la Cité de l'Architecture. L'objectif : faire du Grand Paris la locomotive de l'économie française. Le secrétaire d'Etat a indiqué que "avec 30% du PIB français, la région capitale est le moteur de l'économie mais elle marque un certain tassement par rapport à d'autres villes-monde depuis quelques années". Seul problème : le projet entre en concurrence avec le Sdrif. Christian Blanc a assuré ne pas être "dans un esprit de polémique" et vouloir chercher la "convergence" avec la région. "Nous sommes prêts à nous rapprocher de la région pour intégrer les modifications substantielles, c'est dans l'intérêt général que nous convergions", a-t-il déclaré. Pourtant la polémique a vite repris le dessus. Le Sdrif, document préparé depuis quatre ans et qui doit dessiner les grandes lignes du développement de la région pour les vingt ou trente prochaines années, est l'objet d'une querelle juridique depuis plusieurs mois entre les deux parties. Approuvé par la région en septembre dernier, le gouvernement se refuse à le transmettre au Conseil d'Etat. Selon Christian Blanc, qui veut amender le document "aucun acte juridique n'existe, nous sommes toujours en phase d'élaboration". "Là où il y a une erreur de jugement, c'est que l'essentiel des travaux a été mené par un autre président de la République, nous avons quelque peu regardé la question", a déclaré l'ancien préfet de la Seine-et-Marne à l'attention de la région. La réaction ne s'est pas fait attendre. "Je n'ai pas besoin de consulter mes juristes pour savoir que nous sommes, avec l'article 1 de la Constitution, dans le cadre d'une République décentralisée, dans un jeu républicain qui prévoit une continuité de l'Etat", a répondu Mireille Ferri, la vice-présidente verte du conseil régional d'Ile-de-France. Une réponse qualifiée de "propos de campagne électorale", par l'intéressé.
"Un retour en arrière de quarante ans"
Manifestement irrité par le climat de la salle, Christian Blanc n'a pas attendu l'intervention de Jean-Claude Boucherat, le président de la "deuxième assemblée régionale", le conseil économique et social régional, qui a regretté cette "espèce d'affrontement" : "Nous ne pouvons pas imaginer que tout notre travail mené depuis quatre ans puisse être pris dans la nasse des élections de demain. Il est encore temps de rapprocher l'ensemble des parties sur les points essentiels." La perspective du blocage de 1994 (aucune collectivité n'avait approuvé le schéma élaboré alors par l'Etat) n'est pas exclue. La question de la gouvernance de la région capitale pourrait, de son côté, être reportée sine die, au moins après les élections régionales de 2010. Il y a quelques semaines, la commission Balladur remettait ses propositions, reprenant peu ou prou l'idée de Grand Paris du sénateur UMP Philippe Dallier, à savoir la création d'une métropole de 6 millions d'habitants, regroupant Paris et les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). Or, cette proposition ne suscite pas l'enthousiasme des élus. "Un retour en arrière de quarante ans", a lancé Claude Pernès, le président de l'Amif. D'ailleurs 42,6% des maires d'Ile-de-France y sont hostiles (plus de 60% dans les grosses et moyennes villes), 39,8% n'ont pas d'opinion et 17,6% seulement y sont favorables, selon un sondage du Journal du dimanche réalisé en partenariat avec l'Amif. "Je me méfie de plus en plus de ces commissions Théodule qui affaiblissent le Parlement : on y met des gens qui sont aux collectivités locales ce que la merguez frites est à la grande cuisine", a tancé Claude Bartolone, le président du conseil général de Seine-Saint Denis. L'idée du comité Balladur est également rejetée par la ville de Paris qui porte son propre projet de "Paris Métropole", à travers la création d'un syndicat mixte d'études ouvert arrêtée lors des Assises de la métropole du 25 juin 2008. Selon Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris chargé de Paris Métropole, "il s'agit de créer une instance de coordination de collectivités autour de projets communs". Le syndicat devrait voir le jour dans les prochaines semaines mais son périmètre n'est pas fixé. Nombre d'élus de droite hésitent encore à s'associer. En attendant, de nouveaux acteurs s'invitent dans le débat : les maires des communes périphériques de la région, craignant d'être mis à l'écart des grands projets en cours d'élaboration. L'Association des villes du grand bassin parisien avait d'ailleurs été créée dans le but de contrer le Sdrif de 1994 qui excluait le grand bassin parisien.
Michel Tendil